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Le dilemme des médias sociaux pour les producteurs de Minimal House

Si vous êtes comme moi, lorsque vous avez regardé le nouveau docudrame de Netflix, Derrière nos écrans de fumée (The Social Dilemma), vous avez ressenti un sentiment de dégoût. Le principal enseignement à retenir : les médias sociaux ne créent pas de dépendance par hasard, mais par conception. Les effets des médias sociaux pour les producteurs de Minimal House ne font pas exception.

Facebook, Google, Twitter et d’autres conglomérats médiatiques ont investi une quantité colossale de ressources pour s’assurer que votre cerveau réagit activement à la dopamine lorsque vous utilisez leur plateforme : la même réaction que les gens obtiennent en consommant de la drogue, de l’alcool ou en ayant des relations sexuelles.

Ils ont engagé les plus brillants neuropsychologues et spécialistes du comportement pour travailler main dans la main avec les concepteurs d’interfaces afin de vous garder captivé et de faire gagner de l’argent à leurs investisseurs. Ceci, en plus d’un algorithme qui alimente un contenu personnalisé basé sur vos interactions précédentes, a eu pour conséquence la diffusion de fausses nouvelles, de mensonges, et la polarisation au sein de nos communautés. Certes, ce n’était pas leur intention dès le départ, mais souvent la route de l’enfer est pavée de bonnes intentions.

Cependant, c’est un mal nécessaire à bien des égards. Alors que le marketing était autrefois réservé aux personnes aisées et étroitement connectées, les médias sociaux ont ouvert une sorte d’écosystème démocratique où, si vous jouez bien le jeu (les algorithmes), un producteur en herbe peut désormais atteindre une base d’admirateurs ciblée avec peu ou pas d’investissement.

Cela a permis à de nombreux jeunes producteurs d’avoir une chance de réussir en s’appuyant sur leur savoir-faire et leur talent, plutôt qu’en s’appuyant sur une série de consultants en marketing. Mais avec cela, vient la responsabilité ultime de ces artistes, qui, quelle que soit leur taille, alimentent la machine de libération de dopamine à des fins publicités, au profit des mégacorporations.

Cependant, certains artistes sont sortis de la course folle des médias sociaux et ont trouvé d’autres moyens de se mettre en réseau. Certaines de ces méthodes sont créatives, tandis que d’autres sont dangereuses. Dans cet article, j’espère exposer mon point de vue sur les avantages et les inconvénients des médias sociaux pour les producteurs de Minimal House, les moyens de se détacher de l’emprise de ces mégacorporations par le biais de canaux médiatiques alternatifs, et les techniques que vous pouvez utiliser pour atteindre un équilibre médiatique sain.

 

DANS QUELLE MESURE SOMMES-NOUS RESPONSABLE, EN TANT QU’ARTISTES ET LABELS, DE LA DÉPENDANCE DES GENS AUX MÉDIAS SOCIAUX?

En tant que « créateurs de contenu », nous sommes le carburant du tristement célèbre moteur des médias sociaux. En créant des choses avec lesquelles les gens interagissent, nous renforçons les circuits de la récompense dans le cerveau de notre public. Chaque fois que nous créons quelque chose de qualité, nous sommes responsables d’une brève libération de dopamine chez notre public. C’est ce qui incite nos admirateurs à revenir sur notre page, à écouter notre musique, à interagir avec nous. Mais en fin de compte, cela permet aux gens de rester plus longtemps sur la plateforme, ce qui permet aux annonceurs de les solliciter, et aux informations rapides de les rassasier, ce qui influence leurs opinions.

Cependant, ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose si les créateurs de contenu créent quelque chose que les gens veulent finalement voir, surtout les artistes. En diffusant une chanson, à moins qu’elle n’ait un but plus important que le simple plaisir d’écoute, nous ne créons pas de désinformation, nous ne suscitons pas la peur, ni ne favorisons la division. Cependant, en les gardant sur la plateforme, nous donnons à ces mauvais acteurs plus de possibilités d’avoir un impact sur nos admirateurs. Nous devons nous rappeler que chaque fois que quelqu’un commente notre travail et reçoit une réponse, négative ou positive, nous stimulons ce cheminement neuronal et nous le maintenons captif de la plateforme.

 

LES AVANTAGES DES MÉDIAS SOCIAUX POUR LES PRODUCTEURS DE MINIMAL HOUSE

 

1. PROMOTION 

C’est assez évident. Dans le passé, il fallait passer des jours à envoyer des démos et des communiqués de presse aux chaînes de médias pour qu’elles les diffusent. Si vous étiez plus doué pour le numérique, vous pouviez créer une liste de diffusion, mais cela prenait du temps pour que les gens s’y inscrivent lors de concerts, sur votre site ou par le biais d’un réseau général.

Si vous vouliez faire de la publicité, vous deviez acheter un article dans un magazine, un prospectus ou vous inscrire sur la liste de diffusion de quelqu’un d’autre. Les annonces dans les magazines coûtent cher et ne sont pas accompagnées d’un bouton d’appel à l’action. Les dépliants sont également coûteux et ne peuvent être suivis ou ciblés. S’inscrire sur la liste de diffusion de quelqu’un d’autre coûte aussi de l’argent, et n’est pas nécessairement ciblé non plus, car il s’agit de la base d’admirateurs de quelqu’un d’autre, pas de la vôtre.

Aujourd’hui, grâce aux médias sociaux, vous pouvez publier un message et vos plus grands admirateurs le verront en fin de compte, car ils sont importants d’un point de vue algorithmique. De plus, si vous voulez promouvoir quelque chose au-delà de vos admirateurs, vous pouvez le déposer dans les centaines de groupes Facebook ciblés qui existent, utiliser des mots-clics ou dépenser entre 1 et 3 cents par publicité ciblée. Bien sûr, il y a plus de brouhaha aujourd’hui, mais vous savez que vos publicités passent devant des gens qui s’en soucient et que vous ne tuez pas les arbres avec tout le papier que vous imprimez.

2. RÉSEAUTAGE

photo of checking social media for minimal house producers

Nathan Dumlao

Les labels, les artistes, les groupes sont tous sur les médias sociaux. Il s’agit d’un canal qui vous permet de vous faire connaître des labels avant de les solliciter. Vous pouvez aimer leurs messages, commenter leurs œuvres, leur envoyer des messages privés sur Instagram et les identifier dans vos messages Twitter. Une fois que vous aurez fait tout cela, à moins qu’il ne s’agisse d’un énorme label, ils reconnaîtront votre nom et seront donc plus enclins à examiner vos trucs lorsque vous les leur enverrez. En psychologie, on appelle cela « effet de simple exposition », c’est-à-dire que si quelqu’un connaît quelque chose, même inconsciemment, il est plus enclin à s’y intéresser. 

En tant que producteur, vous souhaitez probablement que votre musique soit jouée par des DJ et respectée par vos pairs. Ces artistes sont pour la plupart tous présents sur les médias sociaux. En faisant la même chose que pour les labels, vous pouvez, avec un peu d’effort, leur faire connaître votre nom et augmenter ainsi vos chances de leur faire écouter votre morceau. Ces artistes peuvent également constituer une passerelle précieuse vers des réseaux auxquels vous n’auriez pas accès autrement. En vous liant d’amitié avec ces artistes par le biais des médias sociaux, vous pouvez vous aussi bénéficier d’une partie de cet accès.

De plus, il ne faut jamais sous-estimer l’utilité des groupes Facebook. Par exemple, le Pheek’s Coaching Corner, celui que je dirige, a été créé pour trouver des personnes qui partagent les mêmes idées que moi. J’ai établi de nombreux liens précieux grâce à lui.

3. PAGES D’ARTISTES 

La plupart des labels attendent de vous une présence sur les médias sociaux (sauf dans de rares exceptions, que je vais aborder), car cela témoigne d’un certain professionnalisme. Cela permet également aux promoteurs et aux autres acteurs du secteur d’évaluer les possibilités de commercialisation, ce qui ouvre de nouvelles perspectives.

 

LES INCONVÉNIENTS DES MÉDIAS SOCIAUX POUR LES PRODUCTEURS DE MINIMAL HOUSE :

 

1. ILS PRIVENT LES PRODUCTEURS DE TEMPS POUR LA CRÉATION

Les médias sociaux sont distrayants pour la même raison que celle pour laquelle ils sont utiles : ils produisent de la dopamine pour vous tout autant que pour les admirateurs. En interagissant avec les médias sociaux, vous participez à cette boucle de rétroaction sans fin. Par conséquent, cette boucle de rétroaction peut distraire les producteurs de la création réelle. Comme Chris Liebing l’a récemment déclaré dans son podcast DJ’s and Beers, chaque fois qu’il répond à un commentaire sur Instagram, c’est une chose de plus qui l’empêche de faire de la musique.

Alors que les grands artistes comme Liebing peuvent être plus désensibilisés à leurs interactions sur les médias sociaux, puisqu’ils en reçoivent beaucoup, ce n’est pas toujours le cas pour un petit artiste. Un nouveau commentaire, ou un nouveau like peut être très distrayant, puisqu’il produit un high, d’une certaine manière. Chaque fois que votre téléphone vibre, ou sonne, vous êtes éloignés de ce sur quoi vous travaillez en ce moment, et cela finira par affecter vos résultats.

2. TROUBLES DE SANTÉ MENTALE

L’utilisation des médias sociaux pour les producteurs de Minimal House peut être dangereuse. 73 % des musiciens déclarent souffrir d’une maladie mentale quelconque, et sont trois fois plus susceptibles de souffrir de dépression. 

En outre, des recherches ont montré que l’utilisation des médias sociaux est à l’origine d’une augmentation de la dépression. Dans une étude publiée dans le Journal of Clinical and Social Psychology, les chercheurs ont conclu que « si vous utilisez moins les médias sociaux, vous êtes en fait moins déprimé et moins seul, ce qui signifie que la diminution de l’utilisation des médias sociaux est ce qui provoque ce changement qualitatif dans votre bien-être ».

Cette combinaison est instable et peut avoir de graves conséquences si elle n’est pas correctement gérée.

3. LA VIE PRIVÉE UTILISÉE À DES FINS COMMERCIALES PAR LES GRANDES ENTREPRISES

artistic representation of tracking social media for house music producers

Tony Liao

Une citation qui m’a frappé dans Derrière nos écrans de fumée était l’adage commercial suivant : « Si une entreprise ne vous vend rien, alors vous êtes le produit. » Chaque interaction que vous faites sur les médias sociaux est analysée par des algorithmes, conçus par des spécialistes des données et des sciences cognitives reconnus comme les meilleurs et les plus brillants au monde. Penser que ces algorithmes ignorent vos secrets et vos désirs personnels les plus profonds est une ignorance délibérée. Ils existent pour vous hypercibler et vous vendre des produits, de sorte que les annonceurs continuent à utiliser leurs services. À moins que vous n’installiez des plug-ins et des logiciels, ces algorithmes vous suivent bien au-delà de la plateforme, en examinant comment vous interagissez avec tous les sites web, et pas seulement les leurs, en utilisant des témoins et des pixels de traçage. Ils vous écoutent sur votre téléphone et traduisent ce que vous dites en texte à analyser (si vous pensez que le « talk to text » n’était qu’une commodité, détrompez-vous). La fois où vous avez cherché quelque chose qui n’existe que dans votre dossier médical? Eh bien, c’est enregistré aussi. 

 

COMMENT SE DÉTACHER DES MÉDIAS SOCIAUX POUR LES PRODUCTEURS DE MINIMAL HOUSE

Il n’est pas nécessaire d’être esclave des médias sociaux ; il y a des artistes qui s’en sortent en ne les utilisant pas du tout. Ricardo Villaobos n’a pas de présence dans les médias sociaux, et il est une étoile dans le milieu de Minimal House. Nils Frahm n’en a pas, et il est considéré comme l’un des plus grands pianistes vivants. Burial n’en a pas non plus. Aphex Twin non plus (ou du moins un qui est entretenu de manière sérieuse). Cependant, à l’exception de Frahm et de Burial, la carrière de ces artistes s’est épanouie avant l’avènement des médias sociaux.

Alors comment ces artistes peuvent-ils s’en sortir et quelles sont les alternatives aux médias sociaux pour les producteurs de Minimal House?

Dans le cas de Ricardo, il s’est fait des relations en faisant la fête de façon excessive. Des soirées tardives avec des promoteurs, des professionnels des relations publiques et de l’A & R lui ont permis de faire des promesses chimiquement induites, qu’il a suivies. Si Ricardo n’est pas présent dans les médias sociaux, les memes de son visage en sueur et en manque de sommeil le sont certainement. 

a photo of Ricardo Villaobos not using social media for minimal house producers

Frahm a eu une présence dans les médias sociaux jusqu’en 2017/2018, date à laquelle il a décidé de la désactiver avant de travailler sur All Melody. À ce moment-là, il était déjà mondialement reconnu, dont le label et le publiciste lui ont valu toute la promotion dont il avait besoin pour soutenir sa carrière. Il a également étudié sous la direction de Nahum Brodsky, un protégé de Tchaïkovski, il était donc évidemment connecté.

Burial avait quelques atouts pour lui. Le premier, c’est que sa valeur marchande se trouvait dans son énigme et son mystère. Le fait d’être présent dans les médias sociaux aurait joué contre lui à bien des égards. Il a également commencé à envoyer des démos à Hyperdub en 2002, des années avant que les médias sociaux ne soient une nécessité. Une chose que l’on ne peut pas non plus ignorer, c’est l’endroit où Burial a grandi. Il a fréquenté la même école que Four Tet, Hot Chip, The XX, et des dizaines d’autres. En d’autres termes, ce type était connecté, que son profil vous amène à le croire ou non.

Que pouvez-vous donc faire si vous n’avez pas eu la chance d’aller dans une école privée, d’étudier sous la direction d’un mentor de renommée mondiale, ou si vous n’êtes pas prêt à sacrifier votre santé en passant de longues nuits à consommer?

  1. Découvrez comment vous pouvez aider la scène et établir des liens. Faites du bénévolat lors d’événements, devenez journaliste, organisez des événements, devenez DJ à la radio, faites un stage et pourquoi pas, travaillez dans un studio. Toutes ces options sont possibles. 
  2. Faites les choses à l’ancienne : distribuez des tracts après les spectacles, sollicitez des journalistes avec un dossier de presse solide et une histoire convaincante. Il n’est pas nécessaire que toutes les histoires portent sur votre musique. Si vous étiez un réfugié, ou si vous aviez un parent meurtrier, ou encore si vous avez survécu à un cancer, ce sont toutes des histoires. Pensez aussi aux publications alternatives. Si vous aimez vraiment l’alimentation saine, vous pouvez faire publier une histoire sur votre alimentation en tournée sur des blogues de santé.
  3. Réduisez votre réseau de personnes compétentes à cinq, comme dans la vie réelle, vous n’avez pas une tonne d’amis très proches. Concentrez-vous sur les personnes qui s’intéressent vraiment à ce que vous faites, pas sur celles qui s’intéressent à moitié. Ne vous intéressez qu’aux personnes qui vous donneront un avis honnête et qui vous aideront à établir des contacts.
  4. Trouvez un mentor. Tout comme Frahm a eu un professeur, vous le pouvez aussi. Tous ne seront pas les protégés de légendaires compositeurs russes, mais ils auront leurs propres relations, dont vous pourrez tirer parti le moment venu. Cependant, il est parfois plus facile de se connecter avec ces personnes sur les médias sociaux.

LES MÉDIAS SOCIAUX ALTERNATIFS POUR LES PRODUCTEURS DE MINIMAL HOUSE :

1. TELEGRAM

Un excellent média social pour les producteurs Minimal House. Par exemple, il y a 640 membres dans la chaîne minimal techno. Telegram ne gagne pas d’argent avec la publicité, car c’est un réseau crypté. Ce cryptage signifie également plus de vie privée.

2. DISCORD

Tout comme Telegram, il y a des réseaux de musique ici. Voici une liste de chaînes.

3. TWITCH

Bien que ce ne soit pas nécessairement un forum, c’est un endroit où des producteurs établis ont ouvert une communauté pour les regarder faire des choses comme des DJ sets, et produire de la musique. Des artistes comme Kyle Geiger y font presque tous les jours des tutoriels sur la production musicale et répondent aux questions. Si quelqu’un a quelque chose d’intéressant à dire dans le chat, vous pouvez lui envoyer un message privé et établir ainsi une connexion. Vous pouvez également poser des questions à Kyle et lui envoyer des morceaux. Il l’encourage.

4. REDDIT

Plus anonymes et plus ciblés, ces groupes, également appelés sous-reddits, peuvent être un excellent endroit pour trouver des personnes partageant les mêmes idées. Si vous pensez à un genre, il y a probablement un sous-reddit pour lui. Les gens demandent un feedback sur les morceaux, DM les personnes avec qui ils veulent se connecter, trouvent des playlists auxquelles participer, et font même la promotion de leurs propres morceaux sur ces forums. On trouve souvent des artistes majeurs sur reddit, qui font des sessions de questions-réponses, appelées IAMAs. C’est généralement une communauté utile, mais attention à ne pas faire trop de promotion personnelle.

 

LES MOYENS DE MODÉRER VOS MÉDIAS SOCIAUX

1. INSTALLER DES OUTILS POUR RESTREINDRE L’ACCÈS

Des outils comme OffTime peuvent limiter les applications que vous pouvez utiliser sur votre téléphone, entre certaines heures ou avec certaines autorisations. Il permet également de suivre le temps d’utilisation des applications, ce qui peut être une source de fierté.

Si vous utilisez Chrome, il existe une extension appelée Work Mode qui vous permet de bloquer toutes les URL de médias sociaux entre des heures déterminées. Stay Focused est une autre excellente extension.

Si vous utilisez quelque chose comme Mozilla, il existe une extension appelée LeechBlock, qui vous permet de bloquer certains sites web.

Si vous craignez qu’ils vous traquent, des plug-ins comme AdBlocker et UBlock restrict this. limitent cette possibilité. Cependant, gardez à l’esprit que si vous vous retrouvez à faire de la publicité sur leurs plateformes, vous devrez désactiver ces bloqueurs afin de pouvoir surveiller vos propres publicités.

2. N’INTERAGISSEZ QU’AVEC CERTAINES PERSONNES, DE SORTE QUE LES ALGORITHMES NE VOUS MONTRENT QUE CE CONTENU.

En fin de compte, les médias sociaux vous montreront les choses que vous voulez voir. Si vous ne voulez rien voir de la politique ou des ragots des célébrités, n’interagissez pas avec ce type de contenu. Cela indiquera aux algorithmes que vous n’êtes pas intéressé. À l’inverse, si quelque chose vous intéresse, interagissez avec ces choses, et l’algorithme vous récompensera en vous en disant plus.

3. AIDE-EXTERNE

Faites appel à quelqu’un d’autre pour gérer votre présence dans les médias sociaux. Vous pouvez utiliser des sites tels que Fiverr, et UpWork pour engager des assistants virtuels qui peuvent créer et publier en votre nom, pour un prix raisonnable. Vous aurez donc une présence, mais vous n’aurez pas à la gérer au jour le jour. Il existe également des applications et des robots qui permettent de rationaliser ce processus, comme HootSuite ou InstaZood

 

Nous espérons que cet article vous fournira des ressources que vous pourrez utiliser afin de prendre une décision éclairée sur la manière dont vous souhaitez que les médias sociaux influencent votre routine d’artiste. Il existe des moyens de sortir du jeu des médias sociaux, mais le faire prématurément aura des effets durables sur votre succès. C’est pourquoi il convient d’adopter une stratégie prudente et de voir ce que vous pouvez faire pour limiter votre accès à ces médias plutôt que de vous en déconnecter complètement. Si vous ressentez le besoin de vous retirer de l’algorithme, il existe des moyens, mais cela demandera beaucoup d’efforts et peut être moins rentable.

Les médias sociaux ne sont pas près de disparaître, nous pouvons donc soit nous lamenter sur leurs capacités destructrices, soit exploiter leur potentiel pour nous en faire bénéficier, tout en utilisant des outils pour réduire leur impact négatif sur notre santé et sur les perceptions de la société.

Lancer un label pour les bonnes raisons (Partie 1)

De temps en temps, quelqu’un vient me voir pour le mix ou le mastering et me demande si je peux leur présenter un label. Dans certains cas, oui, mais je ne peux pas garantir que cela mènera à quoi que ce soit à la fin ; parfois ça marche et d’autre fois non. J’entends souvent dire qu’en réaction à ce genre de rejet, les gens veulent lancer un label. Bien que je sois tout à fait pour les nouveaux labels, dans ce cas particulier, démarrer un label n’est peut-être pas la bonne à faire. Permettez-moi d’expliquer un peu plus en détail.

Avant de commencer, clarifions deux choses :

  1. Le but principal d’un label est de commercialiser votre musique parce qu’il y a une demande.
  2. L’objectif d’un label actif est de fournir une esthétique qui a une corrélation avec la direction du label, et d’atteindre un marché cible.

Maintenant, la principale idée que les gens se font des labels, ce qui est renforcé par le fait qu’ils sont si faciles à mettre en place de nos jours, c’est que si vous travaillez avec un label, vous aurez enfin l’exposition que vous espériez. Cependant, il arrive souvent que ce ne soit pas ce qui se passe. « Oui, mais c’est de la bonne musique ! », j’entends dire. Bien sûr, c’est possible, mais comment les gens sauront que vous existez ?

« OK alors, et si je release sur un label respecté ? »

Oui, vous pouvez essayer de le faire, mais vous devez comprendre l’effort requis de la part du label pour travailler sur votre promotion afin de vendre. Les labels réputés ne sautent pas si facilement sur des artistes inconnus. Ce n’est pas une coïncidence si vous voyez des labels payer une fortune en relations publiques pour s’assurer que le titre est joué par des DJs, comme on dit : « Soutenu par… ».

Souvent, les artistes ressentent le droit d’être reconnu, et que leur musique devrait être popularisée parce qu’ils ont fait une grande chanson. Malheureusement, quand il s’agit de « marketing musical », le fait d’avoir une grande chanson ne sert à rien. Vous pouvez le comparer à un gars ou une fille qui fait de la bonne nourriture à la maison, puis décide d’ouvrir un restaurant. Dans les deux cas, l’artiste est confronté à la réalité.

Cela dit, je sais que j’ai peut-être l’air négatif, mais c’est le genre de discussion que j’ai chaque semaine avec des gens qui démarrent des labels qui finissent par entraîner une perte d’argent substantielle, ou des artistes qui se concentrent sur la construction d’un tel label sans avoir le moindre réseau.

Revoyons la situation sous un angle différent. Disons que vous produisez de la musique, que vous avez un réseau de personnes qui l’aiment, que vous la jouez (par exemple en podcast, DJ sets) et que vous en parlez. Si vous avez un peu de capital à investir, vous pourriez souhaiter vous commercialiser vous-même. Mais avant de lancer un label, je recommanderais fortement de faire quelque chose que beaucoup de start-ups font, ce qu’elles appellent le « guerilla marketing ».

guerilla marketing, musicLe Guerilla Marketing peut être défini comme une « stratégie marketing peu coûteuse et parfois déstabilisante pour évaluer la viabilité d’une idée ». Mais surtout, il s’agit de faire quelque chose d’inhabituel pour attirer l’attention. Le meilleur exemple que je puisse partager à partir de ma propre expérience serait un coup de marketing auquel j’ai participé au début des années 2000 lorsque les netlabels (ou elabels) sont apparus, donnant de la musique en ligne gratuitement et par tous les autres moyens possibles. Donner de la musique de qualité était perturbant, mais aussi en phase avec les gens qui, à l’époque, étaient également intéressés à obtenir de la musique gratuitement (note : c’était l’âge d’or du piratage de la musique et des téléchargements illégaux). À Montréal, en 2017, lorsqu’on a dit que le cannabis allait être légalisé, il y avait un type qui a ouvert illégalement quatre magasins pour le vendre. Il savait que c’était illégal et une fois qu’il a été fermé, tout le monde a compris qu’il s’agissait d’un coup de pub pour le moment où ce serait légal.

Alors, comment devriez-vous agir ?

Pensez à faire de votre musique un projet personnel.

Ne pensez pas à lancer un label tant que vous n’êtes pas sûr à 100 % que vous pouvez obtenir des ventes. En attendant, ce que vous pouvez faire, c’est faire un projet personnel que vous pouvez ensuite promouvoir avec la technique que j’ai expliquée. Une chose que les gens font souvent est de produire eux-mêmes 100 copies, donner la plupart d’entre eux à tous les DJs avec lesquels ils peuvent entrer en contact et en vendre une partie via Bandcamp. Je connais des gens qui utilisent aussi Discogs pour vendre.

Assurez-vous que :

  • Votre produit sonne bien avec un mixage et un mastering de qualité.
  • Votre projet a l’air attrayant. Certaines personnes aiment rester discrètes, utilisent des disques « white labels » pour des coûts minimes et les tamponnent manuellement. Vous pouvez demander à un groupe d’amis de vous aider avec des pochoirs par exemple.

Trouver un mode de diffusion.

Où essaierez-vous d’attirer l’attention ? Il y a quelques options sur la table :

  • Soundcloud : Si vous êtes principalement numérique, testez le marché en partageant votre musique avec des DJs. J’ai régulièrement des gars qui m’envoient de la musique pour la jouer. Pas de questions, ils veulent juste que j’apprécie leur musique et j’aime ça. Personnellement, je pense que ça déchire. Ce type, Loxique est extrêmement prolifique et m’envoie de la musique ainsi qu’à d’autres DJs et poste ensuite des vidéos quand ils jouent ses morceaux. Il est en train d’établir sa présence sans même demander un release parce qu’il sait que cela viendra simplement en temps voulu. La logique est que, si les DJs le jouent et que les gens le voient, plus de gens demanderont à le jouer, créant ainsi une demande.
  • Les médias sociaux : L’approche « moi ! moi ! moi ! regardez-moi ! » est devenue tellement exagérée qu’elle ne fait qu’ennuyer tout le monde. Cela peut paraître bizarre, mais la meilleure façon de se faire connaître est de faire la promotion… des autres ! La création de vagues de soutien attire l’attention des gens sur ce que vous faites, sans que vous ayez à en parler. Laissez votre musique parler pour vous pendant que vous parlez des autres.
  • Festivals : Allez à un festival comme si vous alliez sur un terrain de golf pour une réunion d’affaires. Restez sobre et essayez de rencontrer des gens sans être lourd. Soyez vous-même, passionné et intéressé par les autres. Lorsque les gens posent des questions sur vous, montrez les disques que vous avez faits ou les clés USB que vous avez préparées. Regardez-les s’intéresser en retour. Cela permet d’établir des contacts.
  • Magasins : Un peu comme pour les festivals, vous pouvez emmener des disques au magasin. Certains accepteront de les prendre pour les vendre. Mais surtout, essayez d’y aller quand c’est occupé et de montrer que vous avez vos propres disques, vous serez entouré de DJs. Il y en a peut-être quelques-uns qui seront intéressés à écouter et qui sait, peut-être même à vous demander une copie.

Disposer d’un soutien solide.

Quand nous avions les netlabels, nous avions un label manager qui s’occupait du site web et des chaînes de promotion en ligne. Vous n’avez pas à tout faire vous-même. Certaines personnes sont vraiment enthousiastes à l’idée de participer à l’aventure et intéressées à faire quelque chose que vous ne voulez pas faire. Il peut s’agir d’une personne plus douée pour la communication, le marketing ou les médias sociaux. Faire équipe maintenant est en quelque sorte une répétition pour savoir quand vous pourriez transformer votre projet en un label (ce qui sera couvert dans la partie 2). Mais honnêtement, tout label à succès a toujours été l’œuvre de quelques esprits et pas seulement d’un seul.

La raison pour laquelle vous voulez qu’une deuxième personne vous aide est simple : il est plus facile de se vendre soi-même si quelqu’un d’autre le fait pour vous. Trouvez cette personne ou trouvez quelques personnes qui peuvent le faire pour vous. Ce sera vraiment utile pour votre projet.

Dans le prochain article, j’expliquerai les étapes pour transformer votre projet en label. J’expliquerai également comment j’ai créé un label dédié pour aider mes clients.