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Changer de genre musical : passer à la musique électronique

Depuis que l’intérêt pour la musique électronique s’est réellement épanoui en matière de popularité, des musiciens de différentes sphères ont essayé d’en tirer profit. Il y a 20 ans, de grands musiciens de rock, de pop, s’en sont emparés. Nous avons vu Madonna et quelques autres grands noms s’aventurer dans les sons électroniques, mais ils avaient surtout l’air de touristes en visite dans un pays étranger. Prenons la récente victoire de Billy Eillish aux Grammy’s pour son album, non seulement celui-ci est essentiellement électronique, mais il a également été enregistré dans leur modeste maison (précisément, dans une chambre) à Los Angeles. Étant actuellement dans quelques groupes d’ingénieurs de mix sur Facebook, beaucoup riaient de l’album, mais certaines personnes s’y sont vraiment intéressées : parfois, on peut arriver à de meilleurs résultats avec moins de matériel ; on n’a pas besoin des derniers gadgets pour arriver à quelque chose d’intéressant.

Cependant, la plupart des nouveaux venus sur la scène n’ont pas la compréhension de la culture musicale électronique, ni la connaissance de ce qu’est ou de ce à quoi ressemble la musique électronique. Pour les gens comme moi qui écoutent ce genre depuis des décennies, quand j’entends quelqu’un avec un passé rock prendre des synthés et essayer de faire de la techno, il y a toujours quelque chose qui sonne un peu faux : cela ne ressemble pas à ce qu’est l’électronique en général, ou cela sonne comme quelque chose de rock, mais pas de la bonne manière. Dans les années 50, certains ont essayé de faire de la musique classique au synthétiseur — la plupart du temps, c’était tout simplement horrible. Il en va de même pour les premières tentatives de synthétiseurs imitant des instruments très colorés comme la trompette. Les presets de « Trompette » font grimacer les musiciens de jazz, et pour cause.

Un musicien expérimenté doit-il se retenir de s’aventurer dans un nouveau genre? Bien sûr que non. Mais connaître quelques astuces pour préparer la transition est probablement pertinent.

Références et découverte de ce qui marche

La plus grande erreur de ceux qui débarquent dans la musique électronique d’une autre scène, c’est de ne pas comprendre pour qui ils font de la musique. Je ne peux pas parler de la façon dont cela fonctionne dans l’industrie du rock, mais je pense qu’il y a moins de domaines fragmentés que dans la musique électronique. La musique électronique a des DJ, des admirateurs, des labels, des médias, Internet, etc. qui ont tous des sous-scènes différentes. La connaissance de votre public cible peut influencer la façon dont vous faites votre propre musique. Pour les « musiciens », c’est une chose que beaucoup ont du mal à comprendre. Par exemple, si votre morceau est destiné aux DJ, vous ne l’aborderez pas de la même manière que si vous faites de la musique pour vous-même ou pour le grand public.

« Pourquoi ferais-je de la musique pour les DJ? », m’a demandé un jour un rocker.

Eh bien, ils exposent votre musique à un public qui pourrait souhaiter l’écouter dans un contexte spécifique. Votre but n’est pas le même que si vous faites de la musique pour, disons, la maison ou même, les after-parties.

« Oh, il y a différents types de DJ? », a-t-il répondu.

Oui, ai-je dit, et c’est un autre niveau de complexité dans la musique électronique. Vous ne faites pas de musique pour les ouvertures ou les after-parties, comme vous le feriez pour le peak time (apogée de la soirée) — et même dans ce cas, chaque genre a ses propres normes de ce qui constitue la « peak music ». La house, l’EDM (musique de Vegas), la minimale, la techno, etc. ont tous des styles différents. Même l’ambient et le drone ont leur propre version de la musique « peak time », ce qui peut paraître bizarre si vous ne connaissez pas ces genres. Mais allez faire un tour dans un festival d’ambient ou de drone et vous comprendrez ce que je veux dire.

« Mais je veux juste faire de la musique cool », dit-il alors.

Oui, je sais, moi aussi. Mais encore une fois, si c’est pour toi et tes amis, tu sais alors pour qui tu la fais et c’est très cool. En revanche, si vous visez un marché plus large et que vous voulez commercialiser votre musique, cette approche ne fonctionnera probablement pas très bien. La musique électronique est un genre où vous êtes libre de faire ce que vous voulez et où vous disposez de ressources illimitées pour concrétiser de nombreuses idées de rêve, mais tout l’aspect de la commercialisation est vraiment désordonné, compliqué, frustrant, paradoxal et parfois contre-productif. Je suis conscient que c’est aussi le cas dans d’autres genres, mais le marché « à succès » axé sur la musique dance est assez délicat.

Alors quel est le vrai problème si vous ne suivez pas une certaine esthétique?

Eh bien, le scénario le plus courant est celui de gens enthousiastes qui suivent leurs goûts actuels (souvent basés sur une musique qui était cool il y a 5-10 ans) et sans aucune autocritique ou rétroaction ; ils sortent de la musique et, des années plus tard, ils se sentent gênés par leur manque de goût ou par le vieillissement des morceaux. Ce n’est pas un gros problème, mais il est facile de ne pas tomber dans ce piège.

Si vous connaissez un peu ce blogue, je discute fréquemment de l’importance des références.

  • Une chose qui pourrait vous surprendre est que je recommande souvent Spotify comme outil d’exploration. Disons que vous aimez les Chemical Brothers… Spotify peut vous proposer des artistes au son similaire. Vous pouvez également voir les dernières sorties d’un artiste et son évolution. Personnellement, j’adore ça.
  • Autre chose que je vous suggère est de passer du temps à écouter beaucoup d’artistes différents. Cela inclut également de consulter des magazines en ligne (j’adore XLR8R), de se familiariser avec les DJ charts, de voir quels festivals les engagent, et de prendre connaissance des autres artistes qui y jouent.
  • Il est également important d’aller à des événements. Écouter de la musique dans son contexte donne vraiment un énorme aperçu à un musicien. En tant qu’ingénieur et coach, je me rends de temps en temps à des événements locaux pour voir ce qui se passe.

Collaboration, mentorat et réseautage

Je pense qu’une autre chose primordiale quand on s’aventure dans d’autres genres est de trouver rapidement quelqu’un de référence ou de réputation à qui l’on peut faire confiance. Développez une relation sans filtre sur vos discussions ou vos commentaires — cela peut prendre beaucoup de temps à trouver ou à bâtir.

Travailler avec des amis qui ont bon goût ou engager des professionnels vous permet aussi, pour la plupart, d’exercer un certain contrôle de qualité.

  • Essayez de vous renseigner sur les plug-ins utilisés quotidiennement par les professionnels.
  • Ayez une idée des endroits où vous pouvez acheter des presets de qualité pour des synthétiseurs virtuels afin d’apprendre comment certains sons sont créés.
  • Ayez une bonne idée des artistes influents à l’origine des tendances actuelles. Pour chaque grande tendance commerciale, il y a un artiste moins connu qui a lancé un mouvement, une idée ou une direction musicale qui « inspire » souvent de grands noms qui la commercialisent.
  • Familiarisez-vous avec les festivals qui sont amusants et qui pourraient être de bonnes plaques tournantes pour la création de réseaux.
  • Construisez un réseau avec les médias, les promoteurs et les DJ. Ce type de réseau peut apporter de nombreux avantages et opportunités.

Cependant, la collaboration consiste à faire de la musique, et à apprendre les trucs et astuces tout en travaillant en réseau. Ce sont, en mon humble avis, parmi les meilleures choses à savoir si vous aspirez à faire votre chemin dans un nouveau genre!

À lire également : Making and breaking genres in your music (Traduction à venir)

Lancer un label pour les bonnes raisons (Partie 1)

De temps en temps, quelqu’un vient me voir pour le mix ou le mastering et me demande si je peux leur présenter un label. Dans certains cas, oui, mais je ne peux pas garantir que cela mènera à quoi que ce soit à la fin ; parfois ça marche et d’autre fois non. J’entends souvent dire qu’en réaction à ce genre de rejet, les gens veulent lancer un label. Bien que je sois tout à fait pour les nouveaux labels, dans ce cas particulier, démarrer un label n’est peut-être pas la bonne à faire. Permettez-moi d’expliquer un peu plus en détail.

Avant de commencer, clarifions deux choses :

  1. Le but principal d’un label est de commercialiser votre musique parce qu’il y a une demande.
  2. L’objectif d’un label actif est de fournir une esthétique qui a une corrélation avec la direction du label, et d’atteindre un marché cible.

Maintenant, la principale idée que les gens se font des labels, ce qui est renforcé par le fait qu’ils sont si faciles à mettre en place de nos jours, c’est que si vous travaillez avec un label, vous aurez enfin l’exposition que vous espériez. Cependant, il arrive souvent que ce ne soit pas ce qui se passe. « Oui, mais c’est de la bonne musique ! », j’entends dire. Bien sûr, c’est possible, mais comment les gens sauront que vous existez ?

« OK alors, et si je release sur un label respecté ? »

Oui, vous pouvez essayer de le faire, mais vous devez comprendre l’effort requis de la part du label pour travailler sur votre promotion afin de vendre. Les labels réputés ne sautent pas si facilement sur des artistes inconnus. Ce n’est pas une coïncidence si vous voyez des labels payer une fortune en relations publiques pour s’assurer que le titre est joué par des DJs, comme on dit : « Soutenu par… ».

Souvent, les artistes ressentent le droit d’être reconnu, et que leur musique devrait être popularisée parce qu’ils ont fait une grande chanson. Malheureusement, quand il s’agit de « marketing musical », le fait d’avoir une grande chanson ne sert à rien. Vous pouvez le comparer à un gars ou une fille qui fait de la bonne nourriture à la maison, puis décide d’ouvrir un restaurant. Dans les deux cas, l’artiste est confronté à la réalité.

Cela dit, je sais que j’ai peut-être l’air négatif, mais c’est le genre de discussion que j’ai chaque semaine avec des gens qui démarrent des labels qui finissent par entraîner une perte d’argent substantielle, ou des artistes qui se concentrent sur la construction d’un tel label sans avoir le moindre réseau.

Revoyons la situation sous un angle différent. Disons que vous produisez de la musique, que vous avez un réseau de personnes qui l’aiment, que vous la jouez (par exemple en podcast, DJ sets) et que vous en parlez. Si vous avez un peu de capital à investir, vous pourriez souhaiter vous commercialiser vous-même. Mais avant de lancer un label, je recommanderais fortement de faire quelque chose que beaucoup de start-ups font, ce qu’elles appellent le « guerilla marketing ».

guerilla marketing, musicLe Guerilla Marketing peut être défini comme une « stratégie marketing peu coûteuse et parfois déstabilisante pour évaluer la viabilité d’une idée ». Mais surtout, il s’agit de faire quelque chose d’inhabituel pour attirer l’attention. Le meilleur exemple que je puisse partager à partir de ma propre expérience serait un coup de marketing auquel j’ai participé au début des années 2000 lorsque les netlabels (ou elabels) sont apparus, donnant de la musique en ligne gratuitement et par tous les autres moyens possibles. Donner de la musique de qualité était perturbant, mais aussi en phase avec les gens qui, à l’époque, étaient également intéressés à obtenir de la musique gratuitement (note : c’était l’âge d’or du piratage de la musique et des téléchargements illégaux). À Montréal, en 2017, lorsqu’on a dit que le cannabis allait être légalisé, il y avait un type qui a ouvert illégalement quatre magasins pour le vendre. Il savait que c’était illégal et une fois qu’il a été fermé, tout le monde a compris qu’il s’agissait d’un coup de pub pour le moment où ce serait légal.

Alors, comment devriez-vous agir ?

Pensez à faire de votre musique un projet personnel.

Ne pensez pas à lancer un label tant que vous n’êtes pas sûr à 100 % que vous pouvez obtenir des ventes. En attendant, ce que vous pouvez faire, c’est faire un projet personnel que vous pouvez ensuite promouvoir avec la technique que j’ai expliquée. Une chose que les gens font souvent est de produire eux-mêmes 100 copies, donner la plupart d’entre eux à tous les DJs avec lesquels ils peuvent entrer en contact et en vendre une partie via Bandcamp. Je connais des gens qui utilisent aussi Discogs pour vendre.

Assurez-vous que :

  • Votre produit sonne bien avec un mixage et un mastering de qualité.
  • Votre projet a l’air attrayant. Certaines personnes aiment rester discrètes, utilisent des disques « white labels » pour des coûts minimes et les tamponnent manuellement. Vous pouvez demander à un groupe d’amis de vous aider avec des pochoirs par exemple.

Trouver un mode de diffusion.

Où essaierez-vous d’attirer l’attention ? Il y a quelques options sur la table :

  • Soundcloud : Si vous êtes principalement numérique, testez le marché en partageant votre musique avec des DJs. J’ai régulièrement des gars qui m’envoient de la musique pour la jouer. Pas de questions, ils veulent juste que j’apprécie leur musique et j’aime ça. Personnellement, je pense que ça déchire. Ce type, Loxique est extrêmement prolifique et m’envoie de la musique ainsi qu’à d’autres DJs et poste ensuite des vidéos quand ils jouent ses morceaux. Il est en train d’établir sa présence sans même demander un release parce qu’il sait que cela viendra simplement en temps voulu. La logique est que, si les DJs le jouent et que les gens le voient, plus de gens demanderont à le jouer, créant ainsi une demande.
  • Les médias sociaux : L’approche « moi ! moi ! moi ! regardez-moi ! » est devenue tellement exagérée qu’elle ne fait qu’ennuyer tout le monde. Cela peut paraître bizarre, mais la meilleure façon de se faire connaître est de faire la promotion… des autres ! La création de vagues de soutien attire l’attention des gens sur ce que vous faites, sans que vous ayez à en parler. Laissez votre musique parler pour vous pendant que vous parlez des autres.
  • Festivals : Allez à un festival comme si vous alliez sur un terrain de golf pour une réunion d’affaires. Restez sobre et essayez de rencontrer des gens sans être lourd. Soyez vous-même, passionné et intéressé par les autres. Lorsque les gens posent des questions sur vous, montrez les disques que vous avez faits ou les clés USB que vous avez préparées. Regardez-les s’intéresser en retour. Cela permet d’établir des contacts.
  • Magasins : Un peu comme pour les festivals, vous pouvez emmener des disques au magasin. Certains accepteront de les prendre pour les vendre. Mais surtout, essayez d’y aller quand c’est occupé et de montrer que vous avez vos propres disques, vous serez entouré de DJs. Il y en a peut-être quelques-uns qui seront intéressés à écouter et qui sait, peut-être même à vous demander une copie.

Disposer d’un soutien solide.

Quand nous avions les netlabels, nous avions un label manager qui s’occupait du site web et des chaînes de promotion en ligne. Vous n’avez pas à tout faire vous-même. Certaines personnes sont vraiment enthousiastes à l’idée de participer à l’aventure et intéressées à faire quelque chose que vous ne voulez pas faire. Il peut s’agir d’une personne plus douée pour la communication, le marketing ou les médias sociaux. Faire équipe maintenant est en quelque sorte une répétition pour savoir quand vous pourriez transformer votre projet en un label (ce qui sera couvert dans la partie 2). Mais honnêtement, tout label à succès a toujours été l’œuvre de quelques esprits et pas seulement d’un seul.

La raison pour laquelle vous voulez qu’une deuxième personne vous aide est simple : il est plus facile de se vendre soi-même si quelqu’un d’autre le fait pour vous. Trouvez cette personne ou trouvez quelques personnes qui peuvent le faire pour vous. Ce sera vraiment utile pour votre projet.

Dans le prochain article, j’expliquerai les étapes pour transformer votre projet en label. J’expliquerai également comment j’ai créé un label dédié pour aider mes clients.

Objectifs musicaux : Se fixer des repères au lieu d’objectifs

Vous entendez souvent parler d’établir des objectifs musicaux pour maintenir votre motivation et vous diriger dans la bonne direction. J’ai déjà discuté des meilleures façons de se fixer des objectifs et de les atteindre, mais au fil du temps, je ne sais pas si l’établissement d’objectifs est encore la façon la plus efficace de progresser.

Cependant, certains objectifs de votre liste peuvent encore être pertinents, cela dépend de la façon dont vous les fixez. Par exemple, chaque fois que j’ai des gens en coaching, nous discutons du fait que l’établissement d’objectifs devrait se faire de manière à pouvoir quantifier le succès de votre travail. Par exemple, les gens essaient souvent de se fixer comme objectif de « devenir un artiste connu », ce qui, d’une certaine manière, n’a aucun sens par rapport à « finir un album ». Le problème avec le premier objectif implique deux choses importantes :

  • Vous ne pouvez pas contrôler votre cercle d’influence. Que signifie exactement « devenir un artiste connu » ? Est-ce apparaitre dans les charts ou plutôt que 1000 personnes aient vos morceaux sur leurs playlists Spotify ? Vous ne pouvez pas contrôler cela du tout et le fait d’être vague dans vos objectifs vous mènera à l’échec.
  • Devenir un artiste connu peut se produire ou non. Si c’est le cas, vous n’êtes peut-être même pas au courant de votre réputation et certaines personnes pensent qu’elles sont connues, alors que ce n’est pas le cas (par exemple, acheter des « likes » sur Facebook ne veut rien dire).

Dans le deuxième objectif « finir un album », vous avez le contrôle total de ce but — vous pouvez clairement « définir de ce qui est fait ». Si cette définition est atteinte, alors vous avez terminé, et le but a été atteint. Travailler de cette façon peut être utile, mais je vous recommande fortement de fixer une date limite à votre objectif.

Il y a maintenant une autre alternative à l’établissement d’objectifs, que, faute d’une meilleure terminologie, je définirai comme l’établissement de repères (signposts). Par exemple, les panneaux de signalisation sont des repères que vous voyez lorsque vous conduisez et qui vous aident à connaître la direction à suivre, à vous amener là où vous voulez, et aussi à vous guider de façon fiable lorsque vous êtes perdu. J’aime bien le terme en français de « repères » — mais « signpost » en anglais garde une dimension importante reliée aux lieux physiques.

Qu’est-ce qu’un repère dans votre voyage musical ??

Il s’agit de quelque chose sur lequel vous pouvez compter, comme une communauté dont vous voulez faire partie, ou un son spécifique dans lequel vous voulez plonger à 100 %. Je vais vous donner les meilleurs exemples de la façon dont j’ai appliqué l’approche communautaire dans ma vie et pourquoi je m’en inspire parallèlement au type d’établissement d’objectifs que nous avons décrit ci-dessus.

À Montréal, à la fin des années 90, nous avons eu la chance d’avoir un noyau solide de gens et de producteurs qui se sont rassemblés autour du festival MUTEK, ce qui était notre communauté, mais aussi une sorte de repère : une direction. C’était un endroit où nous pouvions jouer la musique que nous apprécions tous (arrangés selon nos goûts personnels) et où nous pouvions aussi discuter de la production musicale. Donc, à l’époque, un de mes objectifs était de jouer à MUTEK, mais en même temps, c’est cette communauté qui nous dictait le son que nous devions avoir pour l’atteindre.

Un autre repère (ou signpost) était une sorte de « cible » musicale que j’ai fixée par l’intermédiaire de Ricardo Villalobos. J’étudiais sa musique, ses sets, et la question récurrente que je me posais était : « Est-ce qu’il va jouer un de mes morceaux ? » Il n’y avait pas vraiment d’autres objectifs derrière que de le voir jouer ma musique, mais c’était plutôt un point de référence sur la façon dont ma musique pouvait être faite ou adaptée.

Je fais souvent du mix/mastering pour des artistes/labels ou du coaching, et une chose que je vois souvent, c’est que les gens sont un peu perdus pour déterminer à qui s’adresse leur musique. Qui voulez-vous atteindre exactement ? Qui vous inspire ? Quelle communauté vous soutiendrait et vous encouragerait ? C’est le type de question à considérer sérieusement, car je travaille souvent avec des gens qui sont loin de la communauté physique dont ils aimeraient faire partie et qui dépendent fortement d’Internet pour être en contact. Par exemple, je pense à des gars d’Amérique du Sud qui aiment les artistes roumains — c’est une sacrée distance !

Dans plusieurs articles précédents, j’ai parlé de l’importance du réseautage. Voici quelques façons de vous aider à trouver vos propres repères :

  • Localement. Y a-t-il un club, une salle ou un promoteur qui book et joue la musique que vous aimez ? Où se trouve l’endroit le plus proche de vous qui pourrait être votre référence locale ? C’est très important, car vous pouvez rencontrer des gens qui ont les mêmes goûts que vous. C’est peut-être un festival auquel vous pouvez assister dans une autre ville, comme MUTEK (cela me rappelle une énorme communauté du Colorado qui avait l’habitude de venir à MUTEK par groupe de 20 personnes ! Ils ont forgé des liens lors de leurs voyages).
  • En ligne. Je trouve qu’il est important de trouver un crew qui fait de bons podcasts, des DJ sets, ou de la musique qui vous donne la chair de poule. Un piège serait cependant de viser trop haut, des artistes renommés ou des organisations (ex. Time Warp en Allemagne) si grandes qu’en devenir partie intégrante peut vite devenir un casse-tête. Il existe de nombreux festivals plus petits qui ont le même genre de musique, mais à plus petite échelle, vous pouvez grandir avec eux. Cela dit, essayez de réduire l’échelle, ou suivez les plus grands noms, mais essayez de connecter avec les autres, plus petits, qui aiment la même musique et qui sont aussi en train de percer.
  • Esthétique, genre, humeur, direction. . Essayez de trouver des artistes que vous aimez qui émergent et qui ont l’air stable et sérieux à propos de leur métier. Vous n’avez pas besoin de les contacter ; il s’agit plutôt de suivre leur production et de les soutenir. Soyez un fan, quelqu’un qui encourage et donne, sans rien attendre en retour. Nourrir les gens qui vous inspirent est aussi une bonne façon d’investir en vous-même. J’ai soutenu et encouragé des artistes qui ont commencé à bien marcher, mais qui ont ensuite disparu. C’est une déception, et parfois je me demande ce que j’aurais pu faire d’autre pour aider. Voir quelqu’un que vous aimez performer est une grande motivation pour votre propre art !

J’adorerais entendre ce que vous considérez comme étant vos propres repères !