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Les communautés en ligne remplacent-elles les labels ?

Je me suis récemment demandé quel sera l’avenir des labels. Les services de streaming remplacent-ils les labels ? Ou d’autres communautés ? Je dirige mon label Archipel depuis 2004 et je n’en ai jamais vraiment tiré de profit, sauf comme carte de visite pour des gigs et autres contacts. L’argent et le temps investis dans Archipel ont été considérables, il est donc difficile de dire si le retour sur investissement a été bon. Plus le monde de la musique numérique se développe, moins il est évident de deviner quels rôles les labels joueront pour les artistes. Les plateformes de streaming comme Spotify n’accordent que peu ou pas d’importance aux labels, et puisque n’importe qui peut en créer un, l’utiliser aujourd’hui n’a plus la même aura qu’autrefois.

Au cours de l’année 2016, j’ai offert un coaching gratuit à tous ceux qui se sont inscrits sur ma liste d’envoi, et bien que ce fut un succès auquel je ne m’attendais pas, j’ai dû le mettre en attente jusqu’à ce que je trouve quelqu’un pour m’aider à gérer le travail en question. Entre-temps, j’ai créé un groupe Facebook pour les personnes avec qui j’avais travaillé afin de leur fournir des commentaires et du soutien. Il y a beaucoup de groupes Facebook et de médias sociaux pour les producteurs et beaucoup ont des thèmes et des règles. Je fais partie de quelques-uns que j’aime bien ; je les ai utilisés pour apprendre des trucs et m’informer de certaines nouvelles liées à la musique. Pour moi, la création d’un groupe a donc été l’occasion de donner aux gens un endroit où ils se sentent libres de partager ce sur quoi ils travaillent, obtenir des commentaires et donner des mots d’encouragement à d’autres personnes.

Ce qui est formidable dans cette initiative, c’est que les gens ont commencé à vraiment participer et à interagir, encore plus que je ne le pensais. C’était assez incroyable de voir certaines personnes unir leurs forces et collaborer, et de voir d’autres aider en donnant des conseils sur l’endroit où envoyer de la musique pour se faire signer. Cette communauté est devenue autonome ; elle fait ce que je faisais auparavant, par courriel. J’en ai été ravi !
D’une certaine façon, quand je dirigeais mon label, j’espérais créer ce genre de synergie, mais pour une raison ou une autre, elle n’est jamais venue. Mon directeur de label et moi avons posté régulièrement sur Archipel, en essayant de trouver des idées, des propositions, des concepts… mais c’était toujours les mêmes qui étaient intéressés. C’était cool, mais ça m’a aussi déconcerté d’avoir un si grand nombre d’artistes (Archipel a presque 200 personnes qui ont collaboré pendant des années !), mais que seulement 5-6 personnes soient vraiment dedans.

Je crois fondamentalement que la plupart des gens veulent se joindre à un label en particulier pour faire partie de sa communauté et se rapprocher des artistes avec lesquels ils ont travaillé.

Bien sûr, l’exposition et le réseautage d’un label jouent aussi un rôle important dans la motivation d’un artiste à s’engager, mais la communauté est un autre élément important de cette motivation.

En l’état actuel des choses, je pense que ces types de groupes en ligne comme celui que j’ai décrit pourraient être aussi bénéfiques qu’un label, car :

  • Vous avez des personnes actives dans les groupes qui ont probablement les mêmes objectifs, motivations et goûts.
  • Il est beaucoup plus facile d’interagir avec des DJs qui peuvent jouer votre musique.
  • Les gens sont ouverts à la communication et aux feedbacks.

 

Votre musique a un impact. L’un des problèmes majeurs de l’industrie musicale actuelle est qu’il y a un énorme sentiment de désespoir dans l’air, qui peut puiser toute l’énergie que nous avons en tant qu’artistes et créateurs. La plupart des artistes ont l’énergie pour construire des projets ou de beaux produits, mais leur travail sera-t-il quelque chose qui restera caché sur les « étagères » de l’internet parce qu’il ne se vend pas ? Toutes les chansons valent-elles la peine d’être transformées en disques ? Y a-t-il une telle demande de continuer à travailler si fort pour créer ?

L’ego nous joue des tours. L’ego nous joue des tours. L’un des plus sournois est de croire que notre musique vaut plus d’attention qu’elle n’en vaut en réalité. Beaucoup d’artistes se sentent anxieux et déprimés à cause de ce constat. Nous voulons partager la musique, mais les petits succès nous dépriment. Cela dit, il est possible de s’attaquer à ce problème majeur en faisant partie d’une communauté : une de ces communautés qui semblent remplacer les labels.

Personnellement, après des années de sorties d’innombrables albums et EPs, je suis maintenant plus excité de savoir si mes cinq amis les plus proches et les plus fiables aiment ma nouvelle chanson. Je suis certain qu’ils l’écouteront et me feront part de leurs commentaires. J’ai décidé de partager mon travail avec un nombre sélectif de personnes qui peuvent faire écho à l’énergie que j’y ai mise. J’en ai marre de courir après les gens et de dire : « Écoute ma track bro ! Tu vas l’aimer ! Laisse-moi des commentaires ! »

Les labels ne seront pas remplacés tant que l’industrie musicale aura besoin de représentants pour les artistes. Tous les artistes rêvent de pouvoir vivre de la musique à plein temps, mais il devient clair que ce n’est pas les labels qui le feront..

Cette approche « spam » ne fait rien avancer pour les parties concernées. Mais le fait de partager votre musique avec cinq personnes qui s’en soucient vaut plus qu’à 1500 qui ne sont pas vraiment dedans. Je crois vraiment que cette approche m’a empêché d’avoir des idées noires…

Le sentiment d’être derrière : musique et compétition

Photo de couverture par Emma Simpson

Il est intéressant de constater que la création musicale est devenue une compétition. Si vous pensez à la concurrence en musique et prenez le temps d’examiner ce point de vue objectivement, cette tendance semble assez ironique. Avant de démystifier ce syndrome musical fréquent chez les gens avec qui je travaille, j’aimerais expliquer d’où il vient selon moi.

L’un des pièges les plus courants dans la musique est de se comparer aux autres. C’est l’une des choses les plus autodestructrices qui peuvent arriver à un musicien, mais c’est tellement commun que j’ai parfois l’impression d’avoir besoin de l’expliquer aux gens quand ils s’assoient avec moi pour travailler sur la musique.

Pourquoi nous comparer est-il inutile ?

Les artistes avec lesquels vous vous comparez ne sont pas dans la même catégorie que vous. Je ne parle même pas ici de talent ni d’équipement ; je parle d’objectifs et de besoins. De même, les personnes qui vous servent habituellement de référence pour la comparaison ont autrefois été à votre place, mais elles ont évolué à partir de là et gagnent probablement maintenant leur vie grâce à la musique. Transformer votre passe-temps en travail exige d’énormes changements dans votre processus de création musicale parce que vous vous plongez alors dans le côté commercial de la musique, où vos décisions sont maintenant en partie basées sur la façon dont elles peuvent générer une sorte de « gain » pour votre carrière, que ce soit financièrement ou autrement. En d’autres termes, si vous étiez dans une course automobile, ce serait comme comparer votre Jetta à une Ferrari conduite par un pilote professionnel.

J’entends souvent ça :

« Je vois ce mec/fille faire un morceau que je peux facilement faire, mais je ne peux toujours pas avoir de bookings ou être signé sur des labels. »

La vérité, c’est que ça ne marche pas comme ça. Vous n’êtes pas moins bon ou moins qualifié que lui — vous n’avez tout simplement pas le réseau dont il dispose.
Vous vous comparez aux autres parce que vous avez des objectifs et des besoins spécifiques que vous voulez atteindre. C’est ce que vous devez savoir.

Vos objectifs.

Connaissez-vous vos objectifs ? Savoir ce que vous poursuivez sera très utile pour savoir exactement ce que vous devez faire pour les atteindre. Voici quelques exemples de buts en musique :

  • La reconnaissance: Vous voulez être considéré comme quelqu’un de talentueux pour ce que vous faites et vous pensez que si vous prouvez que vous avez des compétences, cela viendra de soi.
  • Gigs, bookings, argent : Certaines personnes croient que si elles n’ont pas de gigs, cela signifie que leur musique n’est pas bonne ou qu’il y a quelque chose qui ne va pas.
  • Faites partie d’une communauté : Si votre musique est assez bonne, vous serez accepté et considéré comme important.

Vos besoins peuvent être comblés de bien d’autres façons et être victime de la concurrence musicale en croyant que vous êtes à la traîne, ce n’est peut-être pas la bonne façon d’y penser. Êtes-vous vraiment derrière les autres ? ou êtes-vous dans une position différente ?

Comme je ne suis pas étranger à ce sentiment, j’ai souvent combattu mon dialogue intérieur sur les aspects compétitifs du métier de musicien. J’ai trouvé un moyen très solide de me calmer en me rappelant les points suivants :

  • Vos goûts > compétences techniques. Peu importe où vous vous situez en termes de connaissances, vos goûts seront toujours votre premier sens pour vous aider à trouver de bonnes idées. Les superbes chansons sont étonnantes grâce à leur contenu, elles sont rarement bonnes pour leur bravade technique. Parfois, je trouve que la musique excessivement produite sonne froide et sans âme. Si vous avez d’excellentes idées, vous pouvez toujours trouver des gens ou des ressources en ligne pour vous aider à les transformer en quelque chose de raffiné.
  • Les distractions sont perturbatrices. Si vos yeux et vos oreilles regardent ou écoutent autre chose que la musique que vous aimez, vous avez perdu votre concentration. Passer du temps sur les magazines et les médias sociaux vous fait perdre la trace de ce que vous faites. Je préfère être dans ma bulle jusqu’à ce qu’une chanson/album soit terminée plutôt que d’être distrait par le bruit et de perdre mon flow. Par exemple, voir vos amis signer sur un label ou jouer à un évènement alors que vous n’êtes pas là ne signifie rien du tout ; le bon côté de quelque chose comme ça, c’est que votre temps libre peut être utilisé pour créer davantage de musique.
  • Votre réseau est-il solide ? Avez-vous des amis qui vous soutiennent pour ce que vous faites ? Beaucoup de gens finissent par devoir changer leur « cercle d’écoute » et décider avec qui ils partagent leur musique. Si vous comprenez que chaque fois que vous envoyez votre musique à X, il vous rabaisse toujours, ce n’est certainement pas quelqu’un de fiable. Choisissez des gens qui veulent écouter votre musique, qui ont les mêmes goûts que vous et donnez leur vos feedbacks également.
  • Combien de projets avez-vous en cours ? Point crucial ici. J’encourage toujours les gens à essayer de faire de la musique tous les jours, à lancer beaucoup de nouveaux projets et à surfer entre eux pour trouver ceux qui fonctionnent le mieux pour aller de l’avant. Il est plus important de terminer un projet que de le rendre parfait.

L’ego qui aime se laisser aller à la compétition, une fois écarté, a beaucoup de place pour la créativité. Mais il faut apprendre à reconnaitre quand l’ego prend le dessus.

 

VOIR AUSSI :  Se fixer des objectifs