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Comment peut-on commencer une chanson en étant stressé(e)?

Remarque : cet article est basé sur des réflexions résultant de la pandémie de la COVID.

J’échange quotidiennement quelques mots avec des artistes que je connais : des amis, des partenaires de label, des personnes que j’aime ou toute personne qui souhaite établir un lien. Je crois qu’en ces temps, il est important de garder des contacts sociaux pour détourner notre attention de la folie, de la misère ou d’autres préoccupations qui ne cessent d’émerger.

« Comment pouvez-vous encore faire de la musique avec tout ce qui se passe? » m’a demandé quelqu’un aujourd’hui (et la semaine dernière). J’ai fait un atelier pour MUTEK et la question principale était similaire, quelque chose comme « d’où proviennent les idées (musicales)? »

Les deux réponses se recoupent, d’une certaine manière. Si vous réfléchissez à la provenance des idées (ou « l’inspiration » si vous voulez), cela peut survenir à des moments aléatoires. Pour certaines personnes, c’est sous la douche, pour d’autres c’est en déplacement, ou en faisant du yoga, etc. En gros, 90 % du temps, cela se passe ailleurs, plutôt que lorsque vous faites de la musique. D’où l’importance de faire de longues pauses lorsque vous faites de la musique, et par pauses, j’entends quitter le studio, sortir et faire autre chose. Votre esprit continue à faire de la musique, mais l’espace que vous vous créez pour penser vous permettra de résoudre des problèmes.

Je ne sais pas pour vous, mais mon esprit est presque toujours en train de faire de la musique, d’une certaine manière. Je fais la vaisselle ou je promène mon chien, et mon cerveau travaille à créer des motifs, à imaginer la structure de chansons, à prêter attention aux bruits ambiants et à trouver comment traduire cela avec un synthétiseur. Donc, quand on me demande d’où viennent mes idées, il est un peu délicat de donner une réponse catégorique, parce que la source de certaines idées émerge bien avant que je ne sois assis devant l’ordinateur. Le fait est qu’une fois devant mon écran, c’est comme si tout ce à quoi j’ai pensé disparaissait… J’ai tout oublié et je suis là, à penser à quoi maintenant?

La bonne habitude de s’asseoir pour faire de la musique commence par l’engagement d’une séance de 5 minutes.

Là où les questions existentialistes « pourquoi faire de la musique » me frappent parfois pendant cette pandémie, et fort. Pourquoi est-ce que je fais cela? À qui vais-je m’adresser? Pourquoi, pourquoi, pourquoi?

La réponse à tout peut être trouvée dans l’engagement de 5 minutes. Si vous êtes quelqu’un qui s’intéresse à la méditation, nous disons que l’étape la plus difficile pour méditer est de s’asseoir et de commencer. C’est la même chose pour la musique.

Une autre partie de ce défi que nous devons relever est l’isolement. La plupart des artistes se nourrissent d’événements pour s’inspirer. Aujourd’hui, les tournées sont difficiles, et cette coupure qui se produit d’un seul coup est un défi mental. Avoir la force de continuer à faire de la musique après des mois est un autre obstacle en soi, car c’est quelque chose qui est non seulement exigeant, mais aussi inhabituellement frustrant.

Si vous prenez le film sur The Doors, ils vont dans le désert et essaient de prendre du peyotl pour une expérience spirituelle. Dans les années 60 et 70, beaucoup d’artistes ont connu un moment décisif où ils ont voulu dépasser le style de vie rock-and-roll pour chercher des réponses à leur vie, à leur art, et pour ouvrir de nouvelles voies de création. Il y a quelque chose qui me fait me demander, quand je vois des artistes appeler leur art « méditation » ou autre, s’il y a un certain sens de l’intégrité envers l’engagement de ce qu’ils veulent traduire. La chanson est-elle juste une nouvelle prise de vue de quelque chose qu’ils ont fait auparavant ou y a-t-il un réel intérêt à faire quelque chose de significatif?

Je partage cela parce que si vous vous heurtez à un mur en faisant de la musique, cela peut être directement lié à une partie de vous-même qui a soit faim de quelque chose de plus, soit éprouve de la répulsion envers les schémas répétitifs qui n’apportent pas de réponses à vos besoins actuels. On n’a pas besoin de changement, mais si votre envie de créer s’est heurtée à un mur, il est peut-être temps d’essayer autre chose. Parce que nous sommes artistes et que nous créons comme nous respirons.

Comment se réinventer artistiquement a été abordé sur ce blogue dans le passé, ainsi que la façon de commencer une nouvelle chanson. Je ne vais pas tout reprendre, mais je peux partager comment aborder la musique en ces temps difficiles, quand on est confronté au stress ou à un sentiment d’abandon.

QU’EST-CE QUE VOUS ÉCOUTEZ? ÉTABLISSEZ UN LIEN AVEC LE NOUVEAU PUBLIC.

Beaucoup d’artistes trouvent leur inspiration dans les clubs et les tournées. Sans ce genre d’énergie dans le contexte, cela ne veut pas dire que la musique est morte, elle est juste transposée. Il a été très difficile d’expliquer à des gens qui n’ont jamais été en club de se mettre en rapport avec l’expérience de la musique forte parce que cette même musique, hors contexte, est souvent très bizarre et parfois inutile. Mais il y a d’autres options. Vous pouvez faire le même genre de musique pour le moment où ces événements reviendront, mais vous pourriez aussi prendre le temps de faire de la musique qui n’est pas destinée à ces contextes. Ce qui fait la maturité d’un artiste, c’est la profondeur dont il dispose. Si votre musique est unidimensionnelle, vous vous tirez une balle dans le pied. Les meilleurs artistes auront des pseudonymes différents pour explorer d’autres voies et je dirais qu’il est fortement encouragé de travailler sur des genres différents. Commencez par écouter beaucoup de musique, peut-être plus que vous ne le faites habituellement.

CONCENTREZ-VOUS SUR LA FACILITÉ.

L’absence d’effort semble mettre certaines personnes mal à l’aise. On a l’impression que la bonne musique est le fruit d’innombrables heures de travail. Eh bien, oui et non. Si vous pensez que vous devez travailler beaucoup pour aiguiser vos compétences, oui, cela demande de la résistance, de la motivation, de la curiosité et beaucoup de discipline. C’est là que se trouve le travail difficile. Mais pour enregistrer une chanson… c’est là que vous mettez en pratique les compétences acquises et lorsque vous composez, cela devrait se faire sans effort. Tout l’aspect de la postproduction, du montage, de l’arrangement sans fin et du clic clic clic de votre musique à la perfection n’est pas, à mon avis, le vrai problème. C’est l’interminable tentative de saisie de la perfection qui tue l’idée originale, pure et brute. Je suis plus intéressé par les idées que par la production parfaite. Dans de nombreux cas, la musique surproduite vieillit très mal.

 

Pour se mettre à « faire de la musique sans effort », il faut se préparer à de futurs projets en esquissant beaucoup d’idées, mais surtout des idées musicales sans grand soutien. Commencez beaucoup de projets, faites des boucles et des motifs, construisez des présélections, des macros, rassemblez-en aussi. Une partie de cela signifie également de mettre de côté la productivité et de se concentrer sur le temps passé à faire de la musique et à ne rien finir. Pensez aux guitaristes qui se contentent de jouer avec leur guitare sans faire de chanson. Ils jouent juste ce qu’ils sentent venir.

COLLABOREZ, DISCUTEZ ET ÉTABLISSEZ DES LIENS.

Combien de temps passez-vous à parler de votre musique? Je ne parle pas de plug-ins et de techniques, mais d’idées, d’émotions et de ce que vous essayez de partager. Est-ce que vous allez vers d’autres artistes et partagez ce que vous ressentez à propos de leur musique ou ce qu’elle vous donne comme image?

Parler de la musique en général est un pur carburant pour l’imagination. L’idée de mettre des mots dans l’abstraction des sons est une façon de se rapprocher de la compréhension des techniques et de vous aider à avoir plus de précision sur ce que vous voulez faire. Si vous pouvez l’expliquer, vous le comprendrez mieux. De plus, l’idée de partager avec un autre artiste est une façon d’obtenir également un retour technique sur des parties qui restent obscures et confuses.

Une des choses que j’avais l’habitude de faire, et que j’aime toujours, c’est d’inviter quelques personnes à partager leur musique préférée du moment, pour l’écouter activement, la commenter, en nous perdre dedans. C’est pour les musiciens une activité assez cruciale, car l’idée de comment les autres perçoivent la musique est une compréhension essentielle de ce que les gens recherchent dans la musique, tout autant que ce que représente la musique qu’ils sont prêts à écouter et à partager. Cela devrait permettre de remplir vos références et d’étudier pour de futurs projets.

Faire une playlist collaborative sur des sites de streaming vous permet également d’être plus connecté. C’est la beauté du streaming, même s’il suscite beaucoup de réactions. De plus, avec la Covid, c’est possible même à distance.

Ma méthodologie de production musicale : le vaisseau mère (Pt. II)

Je ne sais pas si vous êtes fan de films de science-fiction, mais je le suis. Une chose que j’aime beaucoup dans ce genre de films, ce sont les invasions d’extraterrestres, où ils tombent du ciel après avoir sauté d’un énorme vaisseau spatial ; où tous les méchants sont rassemblés et ensuite déployés. Dans la création musicale, j’applique un concept similaire à mes propres méthodes de production musicale et à ma méthodologie globale. Depuis que j’ai transmis cette idée aux gens que j’entraîne, je les vois faire des choses vraiment cool en utilisant le concept du « vaisseau mère ». Ils adaptent cette méthode à leur propre façon de faire de la musique, et quand ils me la montrent, j’apprends une chose ou deux sur la façon d’améliorer mes méthodes de production musicale.

Cet article porte sur le concept de vaisseau mère, et je partagerai un template Ableton Live vide que vous pouvez réutiliser pour votre propre travail. Je couvrirai également quelques fonctionnalités d’Ableton qui peuvent vous aider à concrétiser vos idées.

LE VAISSEAU MÈRE : PAR OÙ COMMENCER ?


Connaissez d’abord votre musique. Quels que soient les genres que vous écoutez, apprenez connaitre leurs éléments et ce dont vous avez besoin. Si vous lisez régulièrement ce blog, vous savez que j’insiste toujours sur connaître et utiliser des références. Eh bien, la méthode du vaisseau mère commence aussi par l’utilisation de références. Il y a quelques questions essentielles que vous devez vous poser lorsque vous écoutez vos références :

  • Quels sont les sons prédominants ? Par exemple, en techno, le kick, les hats et la snare sont presque toujours là et pendant la majeure partie de la chanson. Il y a souvent des percussions et des effets, mais ce ne sont pas les acteurs principaux.
  • En quoi consiste la mélodie ? La mélodie a-t-elle un seul son (ex. synthétiseur) ou deux ou trois sons différents qui se parlent entre eux ?
  • Y a-t-il autre chose ? Parfois, nous pouvons nous perdre un peu dans une piste de référence, car il semble y avoir beaucoup de choses qui se passent, peut-être de petits sons en arrière-plan ou des tourbillons de grooves. C’est ce que j’appelle des distractions. Si vous voulez vraiment analyser une chanson, faites une boucle de 2 mesures juste au milieu ou quand la chanson est la plus complète, puis commencez à compter chaque son et donnez un sens à ce que vous entendez.

Une fois que votre chanson a été analysée, vous êtes prêt à construire un template.

LA CONSTRUCTION D’UN VAISSEAU MÈRE VIDE

Si vous avez envie de voir à quoi pourrait ressembler un template Ableton Live « Vaisseau mère vide », vous pouvez le télécharger ici :

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Il ne répond peut-être pas à vos besoins en tout temps, mais c’est quand même une excellente entrée en matière.

Ce modèle vide a été créé par ROOM323 que j’entraîne depuis presque 2 ans. Son modèle de départ est vraiment génial — peut-être même meilleur que le mien — alors je vais expliquer pourquoi je pense qu’il peut être vraiment utile.

  • Chaque son a sa propre piste.
  • Il y a juste assez de pistes pour tout couvrir et s’y limiter vous permet de rester concentré.
  • Les pistes d’arrière-plan et d’effets sont un bon rappel. Parfois nous oublions qu’un aspect de la chanson a été surutilisé, surtout pour des détails en arrière-plan. C’est aussi un rappel pour ne pas en faire trop.
  • Le stockage de vos boucles vous donne une vue extérieure de tout le potentiel que vous avez.
  • Il n’y a rien de mieux pour vous aider à prendre des décisions concernant vos différentes chansons.
  • Il peut être transformé en performance live !

COMMENT UTILISER LE TEMPLATE

La toute première partie de l’utilisation de ce template est de commencer par la collecte des « ingrédients principaux » (voir première partie de cette série). . Cela peut se faire en fouillant sur YouTube, en jammant avec un nouveau synthé VST de démo ou en traînant avec des amis tout en les enregistrant jouer au hasard avec des instruments. Tout peut être potentiellement bon, c’est la façon dont vous l’utilisez qui fera la différence.

« Ce n’est pas la note que vous jouez qui mauvaise — c’est la note que vous jouez après qui la rend bonne ou mauvaise » — Miles Davis

  1. Mettez chaque idée différente dans la piste appropriée du vaisseau mère.
  2. Vous aurez peut-être 5 idées fortes. Vous pouvez maintenant remplir les pistes qui manquent de contenu. Si vous avez une belle mélodie de guitare, alors vous aurez besoin de percussions, de kick, etc.
  3. Pour chaque idée, essayez d’avoir des variations différentes. Peut-être que votre première boucle était bonne, mais si vous retravaillez certains éléments, vous trouverez peut-être une autre option qui est assez cool également. Ces variations peuvent aussi être des scènes différentes de la première boucle.
  4. Il ne reste qu’à jammer !

C’est à peu près tout !

Quand je travaille avec ROOM323, j’aurai 20 idées différentes de lui, alors je pourrai sélectionner les 5 meilleures. De là, je vais choisir une rangée et la déposer dans la section d’arrangement pour commencer à construire une chanson. En termes de productivité, cette méthode est beaucoup plus efficace que de se limiter à une idée par projet qui est ensuite transformé en chanson. Une chose importante à garder à l’esprit, c’est que si pendant votre chanson, vous n’avez plus d’idées, alors vous pouvez simplement revenir dans vos 20 boucles originales pour choisir quelque chose de complémentaire.

Une chose étonnante à propos d’Ableton 10 est que vous pouvez déposer une chanson/sample depuis le navigateur et le déposer dans votre chanson. Il importera votre idée telle que vous l’avez laissée. Cela signifie que vous pouvez construire votre vaisseau mère dès aujourd’hui en ajoutant toutes vos boucles inachevées !

 

VOIR AUSSI :

MA MÉTHODOLOGIE DE PRODUCTION MUSICALE : PROFONDEUR ET ASTUCES DE MISE EN FORME SPATIALE (Pt. III)

Ma méthodologie de production de musique électronique (Pt. I)

J’ai réfléchi récemment à la façon de consolider les nombreuses valeurs, observations et principes que je partage régulièrement sur ce blog dans un résumé de méthodes et méthodologie de production musicale. Je donne régulièrement de la rétroaction dans notre groupe Facebook et je trouve que je me répète souvent en ce qui concerne certains détails et points qui me semblent fondamentaux. Il n’y a pas si longtemps, j’ai écrit un post avec une check-list pour voir si tout avait été couvert afin de savoir si votre chanson est terminée, mais que diriez-vous d’une liste de choses à faire pour commencer ? Et quels sont les points majeurs à considérer en amont pour ne pas se perdre ?

Laissez-moi vous décrire mon propre état d’esprit avant de commencer à travailler sur la musique ; cela m’aide beaucoup et je pense que je pourrais aussi vous donner un coup de pouce en termes de productivité.

L’INTENTION

Avez-vous déjà eu des séances magiques ou d’autres au cours desquelles vous avez eu l’impression d’avoir fait les mêmes choses, d’avoir commencé à douter de ce que vous faisiez ? Faire de la musique semble être aussi simple que de pratiquer un sport, mais on ne peut pas le prévoir ou le contrôler, ce qui peut être frustrant. J’ai commencé à noter un dénominateur commun dans toutes mes bonnes sessions : elles ont toutes été commencées avec une intention précise. Ce que j’entends par là, c’est qu’avant — avant même d’ouvrir la session de travail — je passais du temps à développer une idée précise de ce que je voulais faire dans cette session. Il peut s’agir d’une simple conception sonore, d’un mixage, d’un arrangement ou d’un travail sur la session d’un client.

Je résumais en me disant : « Aujourd’hui, à la fin de la journée, je devrais avoir fait X. » Le X étant une sorte d’objectif que je peux facilement quantifier, comme par exemple la finition d’une piste.

Cette habitude importante me met de bonne humeur, m’aide à me concentrer et me prépare à relever de plus grands défis.

Le mood board

Le terme « mood board » est souvent utilisé dans le design visuel. C’est essentiellement un tableau d’affichage avec toutes sortes d’images : l’ambiance, l’esthétique, les concepts. Parfois il peut s’agir d’une texture ou d’un dessin, mais il peut aussi s’agir de quelques images : cela devient une référence pour tous les membres de l’équipe.

Un exemple de mood board graphique (image utilisée avec l’aimable autorisation de https://www.sophierobinson.co.uk)

C’est à peu près la même chose en audio. J’ai un énorme dossier avec de la musique que j’aime pour servir de référence. J’ai aussi des playlists sur YouTube de chaque référence par client. J’en ai une autre sur Soundcloud pour trouver des idées, de l’inspiration et des arrangements. La qualité audio de Soundcloud n’étant pas si bonne, je l’utilise plus pour des idées que pour n’importe quel mix/mastering. Parfois c’est des chansons, parfois c’est juste des atmosphères simples ou un air bizarre juste pour sa réverbération (que je peux utiliser en convolution). Il y a de nouvelles chansons incroyables que je vois dans mon flux tous les jours et je veux vraiment marquer celles que je vois. Honnêtement, j’ai même un mood board sur Instagram/Pinterest. Certaines images m’aident aussi à générer des idées sonores. Ouais, je suis bizarre comme ça.

L’INGRÉDIENT PRINCIPAL

Dans le risotto par exemple, le riz est l’ingrédient principal mais ce plat peut être modifié de différentes manières. L’audio fonctionne de manière similaire.

Cet ingrédient principal est au cœur de votre prochain projet. Je compare souvent faire de la musique avec préparer un repas : je trouve que le fait de compter sur un premier ingrédient important aide à développer un thème pour une chanson. Plus vous travaillez sur quelque chose, plus vous voudrez en ajouter. Rappelez-vous que les chansons sont divisées en sections et ma règle est d’avoir soit un changement majeur, soit un son ajouté par section. Les chansons ont, en général, 3-4 sections. Certaines n’en ont que 2 !

Ainsi, cela signifie que votre ingrédient principal pourrait — en théorie — avoir des changements majeurs 2-3 fois maximum dans une chanson pour rester compréhensible. Bien sûr, c’est ma règle personnelle. Vous avez peut-être d’autres points de vue, et ce n’est pas grave. L’ingrédient principal aura aussi des frères et sœurs. Je forme généralement une famille de 3 sons par chanson. Les ingrédients principaux auront 1 frère et 1 sœur. Le frère sera semblable à l’ingrédient principal comme un moyen de le compléter. Par exemple, une note plus aiguë. Le son de la sœur sera en opposition avec l’ingrédient principal. Par exemple, si l’ingrédient principal a une attaque rapide, la sœur aura une attaque lente.

La mise en place de ces idées m’aide vraiment à voir rapidement ce dont j’ai besoin. Mais connaître cette méthode n’aide pas à trouver les sons réellement. Les sons me viennent à l’esprit de bien des façons : sampler quelque chose que vous aimez, utiliser les jams que vous avez faits sur une machine et enregistrés, recycler des idées plus anciennes, parcourir les possibilités infinies de YouTube, aller dans un magasin local et acheter le disque le plus bizarre que vous pouvez trouver, apprendre une nouvelle façon de concevoir un son à partir d’un tutoriel que vous avez vu, etc. L’idée est d’avoir du matériel à manipuler.

NOTE : Quand je rencontre un obstacle, je fais généralement un remix pour quelqu’un que je connais, pour le plaisir. Remixer est facile et amusant. Vous essayez de jongler avec les éléments et de garder certains d’entre eux fidèles à l’original pour rendre le remix reconnaissable d’une certaine manière. Dans les remixes, on vous donne déjà l’ingrédient principal, puis c’est à la créativité de faire le reste.

LES FONDATIONS DE LA MAISON

Je vous invite à voir votre chanson comme un plat, mais maintenant imaginons-la aussi comme une maison. Pour en construire une, vous avez besoin d’une base solide. Le solide, ce n’est pas pour la rendre forte ou grande. Il s’agit d’être clair. En termes musicaux, nous appelons la fondation sa note fondamentale, la partie la plus basse. Par conséquent, je trouve que mettre quelques notes dans la basse/sub donnera des idées, du support pour la mélodie à venir dans les médiums. Mais si c’est muddy dans les basses fréquences, toute la chanson en pâtira.

ASTICE : Essayez de garder seulement 1 ou 2 éléments en dessous de 80hz.

UNE ACCROCHE (HOOK)

Votre chanson sera mémorable pour les autres s’ils peuvent la chanter à quelqu’un qui ne l’a jamais entendue. Demandez à un ami pour voir si c’est possible. Sinon, votre chanson sera classée dans la catégorie « musique intentionnelle » (dans la même veine que la musique percussive africaine) où vous ne pouvez pas la chanter. Dans la techno, tout le mouvement de la musique roumaine est en partie construit autour d’une combinaison de chansons avec et sans accroches. Ce qui rend cela addictif, c’est qu’on a le sentiment de pouvoir chanter en retour, mais finalement non, et puis quand on mixe, l’interaction de 2 chansons révèle quelque chose à laquelle on ne s’attendait pas.

Avez-vous besoin d’une accroche ? Non. Mais si vous n’utilisez jamais d’accroches dans votre musique, essayez d’en faire une. Ou si vous ne faites de la musique qu’avec des accroches, essayez d’en faire une qui semble… vide. C’est un défi assez difficile de sortir de votre zone de confort, mais cela peut aussi vous faire découvrir des choses que vous ne pensiez pas pouvoir faire.

David Lynch a dit : « Les idées sont comme les poissons. Si vous voulez attraper de petits poissons, vous pouvez rester dans les eaux peu profondes. Mais si vous voulez attraper de gros poissons, vous devez aller plus loin. »

C’est tout pour la première partie sur les méthodes et la méthodologie de production musicale — je vous en dirai plus la semaine prochaine.

 

Voir aussi :

Ma méthodologie de production de musique électronique (Pt. II)

Raconter une histoire à travers les arrangements.

Quand il s’agit de mix et de mastering, mon travail consiste à écouter beaucoup, beaucoup de chansons. Certaines sont géniales, tandis que d’autres ont besoin de plus d’amour, mais d’après les nombreuses chansons que j’entends chaque jour, je peux identifier une chose importante qui fait qu’une chanson se démarque le plus : les arrangements. Je crois que vos arrangements et vos techniques d’arrangement de chansons sont ce qui montre vraiment votre maturité en tant qu’artiste.

Votre morceau peut avoir des sons étonnants, un kick de fou, et un très beau mix, mais si vous n’avez rien à dire, votre chanson ne sera pas mémorable. Bien que, paradoxalement, certaines chansons soient aussi mémorables parce qu’elles n’ont pas du tout d’arrangements ; aucun arrangement peut aussi être une forme de récit.

Dans ce post, j’aborderai les arrangements de deux manières : « technique » et « total », un point de vue philosophique. Alors que tant de gens ont des opinions différentes sur les arrangements, il y a une chose qu’il me semble important de souligner : vous inviter à sortir de la case de tout ce qui sonne « commercial ». Tant d’articles en ce moment soulignent comment chaque chanson sonne de la même façon et je vais aussi expliquer pourquoi.

Gardez à l’esprit : il n’y a pas de recette magique ou de solution toute faite pour les arrangements.

Alors, fondamentalement, comment expliquer la narration dans la musique électronique ? Il y a deux points critiques à garder à l’esprit :

  1. Les arrangements commencent avec une idée simple qui évolue. Plus l’idée est claire, plus elle devient compréhensible pour l’auditeur. Plus c’est accrocheur, plus c’est mémorable. L’attrait vient de la capacité de faire quelque chose avec lequel les gens peuvent avoir un lien émotionnel. On sait aussi que, si l’on examine les 50 dernières années de musique pop, il y a toujours des tendances de chansons à travers le temps. Ce qui fait d’une chanson « un succès », c’est généralement quand quelqu’un comprend la tendance actuelle (qui est « en demande ») et y ajoute sa touche personnelle pour lui donner un sentiment de « déjà vu, mais différent ».
  2. Les arrangements techniques visent à créer de la musique pour les DJs. L’une des choses les plus excitantes est d’être capable d’architecturer une musique qui trouvera un endroit logique pour se mixer dans une autre chanson, ou pour créer une nouvelle chanson (comme dans 1 +1=3, piste 1, piste 2 et le mélange des deux).

Ces deux types d’arrangements sont différents, mais peuvent aussi être combinés. Ils ont des objectifs différents. La raison pour laquelle je trouve important d’en parler, c’est qu’en tant qu’auditeur, vous ne les écoutez pas de la même façon. Le premier type, c’est ce qui fait qu’un titre est une chanson. En termes de vocabulaire, une track est une musique plus orientée pour les DJs, que l’on peut superposer tandis qu’une chanson est davantage une musique qui peut être écoutée seule et avoir sa propre histoire. Trop souvent, je trouve que les gens qui écoutent des tracks vont dire qu’il « manque quelque chose », mais en théorie, si cette musique est faite pour être superposée, c’est parce qu’il y a de la place pour qu’une autre chanson soit superposée. J’aime à dire que la track fait partie d’une histoire qui sera créée par d’autres et qu’il est important de laisser tomber l’ajout de plus en plus de couches. Si vous ne laissez pas d’espace, comment un autre DJ peut-il l’utiliser ?

Parlons donc des arrangements pour les tracks et de ce qui est utile à faire/utiliser.

  • Utilisez un motif : Pour tout, utilisez toujours un motif qui peut être quelques notes ou une boucle. Parfois, les idées les plus simples sont les meilleures. Si par exemple, votre motif est une simple mélodie à deux notes qui se répète (note : le motif puissant de Batman n’était que deux notes simples !), alors gardez à l’esprit que ces deux notes sont simplement le noyau, puis ajoutez des variantes ou des notes de soutien, des idées.
  • Définissez votre logique et suivez-la : Habituellement, le premier tiers de votre chanson définira la logique du reste de votre chanson. Par exemple, si vous coupez le son après 4 mesures, gardez cette logique pour toute la chanson. Donc, quoi que vous définissiez en termes d’inhibition, ou d’ajout, tenez-vous-en à cela jusqu’à la fin de la chanson.
  • Divisez votre chanson en trois tiers (le premier tiers est l’intro, le deuxième est le noyau, le troisième est l’outro) : Gardez à l’esprit que chaque section a un but et exige un équilibre. Il devrait avoir une surprise, une certaine cohérence, un punch et une transition.
  • Laissez de l’espace : Miles Davis aimait le silence entre les notes et disait souvent que c’était ce qui donnait le vrai sens à n’importe quelle phrase. Si vous trouvez votre hook entier pour la partie centrale de votre chanson, assurez-vous d’avoir des variantes de cette idée, avec des espaces/silence.

L’importance de définir votre propre langue dans votre musique est importante pour créer votre personnalité. Nous savons tous que la musique est une forme de communication et, par conséquent, certains codes peuvent être utilisés pour créer des phrases dans votre musique. Tout le monde a un point de vue différent, mais j’aimerais partager mon lexique personnel. Mais considérons ceci : la techno est de la musique 4/4, ce qui signifie qu’un « cycle » est fondamentalement de 4 mesures ; c’est aussi là où les DJs essaient de mixer in/out. Chacune de vos chansons basées sur cette prémisse aura une meilleure cohérence si vous vous en tenez à une logique similaire, et la musique sera comprise plus rapidement par les DJs.

  • Une phrase est fondamentalement longue d’une mesure (4 temps). Un paragraphe a une longueur de 4 ou 8 mesures.
  • Faire répéter les sons, c’est un point (« . »). Vous voulez généralement le faire à la fin d’une mesure si vous faites une longue phrase, mais vous pouvez aussi avoir un point pour souligner un son qui a besoin d’exprimer quelque chose. Les sons qui roulent aident à passer à la mesure suivante, car ils créent de l’énergie.
  • Couper le kick ou plusieurs sons à la fois est une virgule («, »), cela peut également marquer la fin de la partie et préparer pour un autre. Le silence crée une mini tension et crée de l’anticipation.

Ce sont les bases avec lesquelles on peut jouer.

  • Vous pouvez découper toute votre structure de chanson pour voir clairement toutes vos 4 mesures dans des blocs distinctifs. Cette action cruciale aide vraiment à voir les grandes lignes de votre chanson et à voir l’organisation.
  • Je travaille généralement son par son (piste par piste) et décide que certains sons auront un changement à un moment donné, disons X nombre de mesures. Par exemple : les hats ont un changement minuscule (un point) toutes les 4 mesures, les toms en auront un toutes les 2 et les claps, toutes les mesures. Ensuite, vous découpez toutes les mesures en mesures plus courtes pour pouvoir éditer les détails.
  • Ajouter de la décoration si nécessaire dans la même logique. Si vous avez commencé à couper et à créer de l’espace ici et là, ces zones peuvent être de bons espaces pour insérer des effets comme de petits flous subtils.
  • Soyez très conscient de l’endroit où votre chanson a ses éléments principaux, et s’il respecte la logique que vous avez définie dans le premier tiers de votre chanson.

Une chanson qui a de l’équilibre et des événements répétitifs ne sonnera jamais vide, ennuyeuse ou inutile parce que les gens comprendront consciemment (ou non) le langage derrière elle.

Maintenant, regardez comment il se répète et essayez de garder des séquences de blocs qui se répètent. Par exemple, si j’ai 4 blocs qui se répètent et qu’il y a un silence de 2 mesures, je le répéterai à travers la chanson.

C’est un bon exemple de ce que j’appelle la logique d’arrangement. Vous décidez de la façon dont les choses se déroulent, puis vous suivez cette logique jusqu’au bout.

CONSEIL : Toujours varier la façon dont le son entre et sort. Vous avez 2 choix : le son commence à jouer ou apparait en fondu. Essayez d’avoir des variations entre les sons et dans la manière dont ils entrent et sortent.

Le plus important — et je terminerai avec ceci — est de garder à l’esprit que vous devriez toujours avoir une surprise pour l’auditeur, et si vous le surprenez, il/elle voudra réécouter votre chanson ; alors, soyez audacieux et parfois, imprévisible. J’aime la méthode 1-2 punch : faire quelque chose, le répéter pour que l’auditeur fasse « ah oui » puis quand l’auditeur l’attend à nouveau, lui donner un coup de poing avec quelque chose qu’il n’a pas vu venir.

J’espère que cela vous aidera !