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Comment filtrer vos meilleures idées ?

Je suis toujours à la recherche de façons d’améliorer ce que je fais et de mieux servir mes clients. Je continue de m’améliorer jour après jour. J’ai lu beaucoup de choses et j’aime particulièrement lire des articles d’entrepreneurs qui m’aident à tirer des leçons de la réussite des autres et à m’inspirer de leurs succès. Quand je tombe sur un article qui me fait tilter, je veux le partager. Un de ces moments est venu d’un article que j’ai lu sur la façon de transformer une idée géniale en entreprise. À travers de nombreux domaines différents, la musique, la technologie, etc. un seul schéma est vrai dans tous les domaines : les meilleures idées vous viennent de façon que vous ne pouvez pas toujours prédire.

Autre chose qui est vrai, pour générer des idées, il faut commencez par un brainstorming.

Dans le monde de la musique, je traduirais cela par un jam. N’ayant aucune direction particulière en tête, vous commencez par bidouiller et essayer tout et n’importe quoi. Faites des sons, appuyez sur les boutons, tournez les boutons, écoutez l’effet de ceci et cela, essayez de nouvelles techniques pour la première fois. Dans un article précédent, je vous avais invité à utiliser YouTube pour découvrir quelque chose de nouveau ou utiliser une nouvelle démo de synthétiseur et enregistrer le résultat.

Jammer librement. On sait que Prince passait du temps dans son studio tous les jours à faire beaucoup de bruit, simplement pour essayer de nouvelles choses, essayer de nouveaux jams, et enregistrer ces expériences qui ont abouti à un monument de musique que personne n’entendait, sauf lui. Je vous encourage à ajouter ceci à votre routine quotidienne, soit très tôt le matin ou en fin d’après-midi.

Pour en revenir à l’article qui m’a fait tilter, le processus de génération d’idées devrait impliquer les deux étapes suivantes :

  1. Séance créative.
  2. Période d’analyse.

L’article indique que le cerveau a beaucoup de difficulté à créer et à analyser en même temps. Au moment de la création et de la découverte, notre cerveau utilise beaucoup d’énergie pour se concentrer sur l’écoute active. Dans cet environnement désordonné et incontrôlé, nos cerveaux sont orientés dans une direction, nous sommes dans la zone. La pièce manquante du puzzle pour moi était de lire que nos cerveaux ont un moment très difficile quand on leur demande de créer et d’analyser en même temps. Ça ne marchera pas dans les deux sens.

C’est pourquoi il est recommandé de séparer les deux tâches, de créer librement un jour, puis d’analyser le matériel le lendemain. Cela expliquerait aussi pourquoi, le plus souvent, quand nous écoutons ce que nous avons fait à notre première session, nous trouvons que finalement c’est tout nul.
Le mot-clé ici est — le plus souvent.

Cela confirmerait aussi ma théorie selon laquelle passer trop de temps en studio est contre-productif parce que sans un changement de perspective, vous n’avez pas assez de recul pour évaluer objectivement vos efforts.

Au fil du temps, j’ai expliqué inlassablement ce processus à d’autres personnes qui avaient du mal. J’ai aussi appris qu’il est parfois préférable de les laisser apprendre par eux-mêmes, à leur propre rythme. Cela confirme l’idée que le processus créatif est très personnel et qu’aucune personne n’apprendra ou ne se développera pas au même rythme.

Session 1 : jammez, amusez-vous, explorez, échouez, réussissez, recommencez.
Session 2 : passez en revue tout ce qui a été enregistré et isolez les idées potentielles qui se démarquent et sont utilisables.
Session 3 : parcourrez les idées isolées. Travaillez autour d’une.
Alternez.

En d’autres termes, essayez d’alterner entre flux créatif et analyse, autocritique et travail plus technique.

Votre cerveau ne peut faire qu’une chose à la fois, pourquoi faire de l’analyse quand vous êtes créatif et pourquoi être créatif quand il est temps d’être autocritique. La principale chose à laquelle vous vous référerez en tant que partie analytique est d’écouter ce qui sonne bien pour vous.

CONSTRUIRE. APPRENDRE. RECOMMENCER. CONSTRUIRE. APPRENDRE. RECOMMENCER.

Quand j’étais petit, aller au restaurant avec mes parents était souvent synonyme d’utiliser des crayons et du papier pour dessiner des trucs et gribouiller pendant que nous attendions notre repas. Pour moi, un bout de papier vierge est fait pour être sali. Tout est possible, et j’ai toujours trouvé facile de commencer. Notre jeu préféré était celui où l’on dessinait un truc méconnaissable et où l’on passait le papier à l’autre.

Le deuxième joueur avait la tâche difficile de transformer ce désordre de lignes, de formes et de cercles en quelque chose de reconnaissable comme une voiture, un oiseau ou quelque chose qui demande un peu de temps et d’imagination. Jusqu’à ce jour, j’ai toujours pensé que cet exercice était l’une des tâches les plus créatives que j’aie jamais faites.

Voici donc une autre façon d’aborder la question : prenez quelque chose de totalement aléatoire, même si vous ne voulez vraiment pas travailler avec, quoi que ce soit, et essayez d’en faire quelque chose d’utilisable. Faites une boucle, faites un son jouable, prenez quelque chose de terrible et poussez-vous à y trouver quelque chose d’utilisable. J’ai fait un EP complet il y a quelque temps, où je me forçais à travailler avec des sons et des enregistrements qui n’avaient aucun sens. Il s’avère que c’est un bon exercice, mais aussi très utile, car vous ne dépendez pas seulement d’un bon matériel pour être efficace avec ce que vous avez.

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L’intuition pour faire des choix en production

Dans un sens, l’intuition musicale se définit avec celui qui peut apporter de la magie créatrice dans sa musique, par rapport à celui qui s’en tient à une véritable application technique du logiciel. J’ai souvent eu l’occasion de voir des producteurs expérimentés faire de la musique, que ce soit en studio ou en plein jam. Par exemple, au début des années 2000, nous avons eu le fameux Narod Niki au MUTEK de Montréal où Zip, Villalobos, Dan Bell, Akufen, Cabanne, Dandy Jack, Monolake (même Cassy a chanté pendant quelques minutes) ont tous synchronisé leur ordinateur portable et leur équipement pour improviser un live pour nous. Notre festival local nous a donné de nombreuses occasions de regarder, ce que j’appellerais, des maîtres dans ce qu’ils font, jouer devant une foule pour montrer comment créer et jouer live. L’acte live lui-même, lorsqu’il est fait correctement, doit représenter ce que l’artiste fait dans son studio, mais de manière à faire voyager la foule.

Quand je parle d’un live fait correctement, je fais référence à quelque chose qui est en partie préparé et en partie improvisé : un set qui repose donc sur l’intuition musicale. L’intuition musicale est le combo parfait qui permet à des « accidents créatifs » de survenir et crée un sentiment de prise de risque. Il y a beaucoup de performances préenregistrées dont je ne comprends pas l’intérêt. Ce qui m’intéresse ici, c’est le sujet de l’intuition musicale. Depuis que j’ai commencé à enseigner, cette question est souvent soulevée :

Comment enseigner l’intuition musicale, ou l’intuition en général ?

Il y a 3 points sur l’intuition qu’il nous faut aborder. L’intuition peut être :

  1. Une appréhension ou une connaissance immédiate sans raisonnement ni déduction.
  2. Une connaissance ou conviction acquises uniquement par l’intuition.
  3. Le pouvoir ou la faculté d’acquérir une connaissance directe ou une cognition, sans pensée et déduction rationnelles évidentes.

Ce à quoi je fais référence en utilisant le mot intuition est un peu différent de ces trois points. Pour moi, l’intuition en musique, c’est la manière de faire quelque chose qui semble aléatoire, mais qui se fait de façon très efficace. Partiellement imprévisible, en partie guidé par l’expérience, mais entièrement guidé par une vision personnelle pour arriver à un résultat spécifique. C’est l’intuition musicale.

Un exemple notable serait celui d’un artiste, lors d’un set live, qui drop des sons ou une idée musicale inattendue, mais qui fonctionne avec ce qui se passe au moment présent. Un autre exemple pourrait être celui d’un musicien proposant une idée aléatoire et la faisant prendre tout son sens après 2-3 minutes de développement.

Peut-on apprendre ou développer l’intuition musicale dans la production ?

Je crois dur comme fer que c’est possible. Voici quelques façons d’y parvenir :

  • Écoutez beaucoup de genres musicaux, soyez divers dans la sélection. La meilleure façon d’obtenir de nouvelles idées pour une chanson et d’apporter un vent de fraîcheur qui vient d’ailleurs. Le nombre d’idées que je tire du free jazz ou de la musique indienne est faramineux, je trouve beaucoup de profondeur dans ces genres ; ils existent depuis si longtemps qu’ils ont développé une grande maturité. Essayez de creuser dans des domaines qui semblent obscurs ou passez du temps à écouter de la musique folklorique comme point de départ.
  • Connaître vos outils. C’est frustrant, car il y a toujours quelque chose à apprendre. Je dis souvent aux gens, ce que vous avez besoin de savoir sur votre DAW devrait se limiter à faire des clips et construire des pistes. Le reste s’apprend au fur et à mesure. Mais le principal est que vous devriez être à l’aise avec votre DAW, et son utilisation devrait être une seconde nature pour vous. Le déplacement des blocs, les copier-coller, et les arrangements de base doivent se faire rapidement pour ne pas perdre votre workflow. C’est quand vous commencez à chercher comment faire quelque chose de très simple que vous perdez votre idée initiale. Imaginez que vous ne puissiez pas expliquer à un ami comment se rendre à l’épicerie la plus proche parce qu’il y a trop de détails à expliquer ; ce serait déroutant pour lui et pour vous.
  • Soyez attentif à vos habitudes et aux choses que vous n’aimez pas. Nous sommes pris dans ce qui a déjà fonctionné, et nous avons tendance à le répéter ad nauseam. Bien que ce soit une partie de ce qui attire les gens vers notre musique, même un son en particulier, si nous sommes esclaves de nous-mêmes et des attentes des gens, nous ne pourrons pas grandir en tant qu’artistes. L’intuition musicale progresse avec votre engagement personnel à évoluer et à sortir de votre zone de confort. Plus il vous sera facile d’explorer, plus vous pourrez vous exprimer facilement. Le sens de la maîtrise de la musique vous permettra de devenir plus spontané et de trouver de nouvelles idées.
  • Développer votre curiosité technique. Passez votre temps à lire sur la musique, mais aussi sur des sujets qui ne sont pas reliés à la musique. Beaucoup d’idées me sont venues en lisant des romans de science-fiction, en regardant des danseurs, en lisant des livres d’architecture, en dessinant avec mon fils, en courant dans les bois, etc. Votre cerveau doit faire autre chose que de passer du temps en studio. Vous ne pouvez apprendre que dans une certaine mesure en studio, les nouvelles idées viennent en faisant d’autres choses.
  • Pratiquez seul et avec les autres. Si vous pouvez jouer seul pour vous mettre à l’aise dans votre art, c’est une chose importante. Mais quand vous pouvez jouer avec un ami, cela devient très intéressant, car le dialogue vous force à interagir, proposer, écouter, ajuster. Cela améliorera vos aptitudes de communication musicale considérablement.
  • Jouez pour des amis. J’avais l’habitude de faire des concerts intimes dans le salon où je jouais pour trois ou quatre amis, assis sur le sol, sirotant du thé, dessinant, dansant, bavardant, mais surtout, écoutant attentivement. C’est à ces moments-là que j’ai le plus appris et c’est souvent sous-estimé, car les gens pensent que jouer devant beaucoup de gens est le moment où on s’amuse ; cela peut être le cas, mais ce n’est pas la seule option. L’avantage de jouer pour une poignée d’invités est d’obtenir un feedback intime et instantané, ce qui peut être une expérience enrichissante.

Expérimentez ces idées et vous devriez lentement développer votre intuition musicale. Faites-moi savoir si vous avez des questions ou faites appel à mon service de coaching pour explorer votre musique plus en profondeur.

Quand le DIY devient un obstacle

Je veux vous parler du DIY (bricolage), c’est-à-dire de l’approche do-it-yourself pour faire de la musique. Certaines personnes ont le désir de commencer des projets massifs où elles créent tout elles-mêmes, à partir de zéro. Ils sont à la recherche de samples, ils enregistrent des bouts de ceci et de cela, ils passent des jours à écrire et réécrire des mélodies. Ils font tout eux-mêmes, et cela prend une éternité s’ils ne se laissent pas submerger et ne finissent pas par abandonner le projet. C’est alors que le DIY devient un obstacle.

Cela me rappelle la vidéo qui a parcouru Internet à propos de ce gars qui décide de faire un sandwich à partir de zéro et de créer tous les éléments nécessaires tout seul. Il ramasse le sel de la mer, trait la vache lui-même, apprend à faire du pain, etc. Alerte spoiler — quand le gars mange enfin le sandwich (qui lui a coûté près de 1500 $ en dépenses) le résultat était quelque peu médiocre, et décevant.


Les gens qui se spécialisent font « leur truc » mieux, plus vite, avec de meilleurs éléments, des outils, de la finesse et de l’expérience qui font souvent la différence. Dans le studio, c’est la même chose. Je suis sûr qu’il y a des domaines de la production et de l’écriture musicale que vous n’appréciez pas plus que ça et d’autres que vous pourriez faire toute la journée. Si nous laissons les obstacles nous frustrer et détruire notre énergie mentale, l’effet peut être très néfaste.

Il ne faut pas écarter les obstacles de notre chemin. Les obstacles sont le chemin. (Proverbe bouddhiste)

Vous voyez peut-être où je veux en venir avec ça, car je suis un grand fan de la collaboration musicale et de la productivité en studio. C’est un grand sentiment que de pouvoir avancer rapidement dans vos productions lorsqu’une personne peut participer avec ses forces dans un domaine et vice versa, alors la question est : comment tirer le meilleur parti de vos compétences tout en profitant de l’aide ?

Trouvez ce que vous aimez faire. L’identification de vos forces fera une grande différence dans votre confiance et votre compréhension de vous-même en tant qu’artiste. C’est une tâche à laquelle beaucoup de gens que j’entraîne et avec qui je parle oublient. Est-ce que votre truc est la conception sonore, le mix, la recherche du set de samples parfait ? Les tâches axées sur la production où vous êtes le plus actif et le plus engagé sont là où vous trouverez votre force. D’un autre côté, il est important de comprendre les domaines dans lesquels vous êtes moins à l’aise et moins doué et de garder cela en tête lorsque vous collaborez avec les autres. Si vous pouvez vous spécialiser dans ce que vous faites le mieux, vous serez un atout précieux pour tous ceux qui ont de la difficulté dans ce domaine.

Investissez en vous-même. Quel que soit le domaine dans lequel vous êtes le plus à l’aise, envisagez d’acquérir le meilleur équipement et les meilleures connaissances de cette spécialité. Par exemple, si le mix est votre force, vous devriez absolument suivre Pensado sur YouTube pour en apprendre le plus possible sur le mixage, et vous renseigner sur les plug-ins kick-ass utilisés par les pros. Trouvez votre modèle dans ce domaine et étudiez ce qu’il/elle fait, quel équipement il/elle utilise, comment il/elle l’utilise et surpassez-le ! Découvrez qui sont ses mentors, et ainsi de suite. Si vous parvenez à savoir qui influence votre modèle, vous gagnez en influences critiques.

Surveillez votre ego. Vous êtes-vous déjà vu en train de dénigrer une technique ou un outil parce que vous pensez qu’il n’est pas fait pour vous ? Combien de fois avez-vous rejeté quelque chose sans même lui donner une chance ? Si vous le pouvez, pensez que si vous avez évité certains plug-ins comme les channel strips ou un compresseur spécifique, peut-être même un DAW sans aucun argument pour le faire. En outre, si quelque chose est considéré comme « mauvais », il est important de comprendre la différence avec ce qui est considéré comme bon et de faire votre propre opinion après avoir examiné les faits. J’ai été surpris de lire des choses que les gens ne devraient pas utiliser sur des outils comme la compression multibandes, qui est l’un de mes préférés pour le sound design en ce moment. Pour une raison ou une autre, les producteurs de rock semblent détester la compression multibandes, mais je ne comprends pas pourquoi quand vous voyez ce qu’il est possible de faire avec entre de bonnes mains.

Comme toujours, votre opinion est appréciée et la discussion reste ouverte.

JP