Rendre les sons vivants : le mouvement dans la musique électronique
CRÉER DU MOUVEMENT DANS LA MUSIQUE ÉLECTRONIQUE
L’un des concepts les plus méconnus de la musique électronique est le mouvement. Par mouvement, je fais référence à la façon dont chaque son évolue constamment tout au long d’une chanson. Je discutais une fois avec un passionné de synthétiseurs modulaires et il disait ne pas supporter les sons enregistrés comme les samples parce que, selon lui, ces sons sont « morts ». Avec les synthés modulaires, un son peut être répété pendant des minutes et il ne sera jamais exactement le même parce que les composants matériels donnent constamment de légères variations au son. Un son enregistré est figé comme une image. Puisque nous n’avons pas tous le luxe de posséder un synthé modulaire, permettez-moi d’expliquer comment nous pouvons utiliser des outils logiciels pour rendre les sons « vivants » et développer du mouvement dans notre propre musique électronique.
Tout d’abord, convenons que le mouvement dans la musique électronique provient de certains éléments qui « bougent ». Il existe différentes façons de créer cette sensation :
1. CHANGEMENTS DE VOLUME (AMPLITUDE)
Le changement de volume des percussions est souvent associé au groove et au swing. Les deux peuvent modifier le volume des sons. Cela dit, vous pouvez appliquer un modèle de groove non seulement aux percussions, mais aussi aux mélodies et aux lignes de basse. Si cela ne suffit pas, vous pouvez aussi utiliser l’effet midi velocity qui peut non seulement altérer la vélocité de chaque note, mais dans Ableton Live il y a aussi un randomizer qui peut être utilisé pour créer un effet plus humain. Une autre façon d’ajouter de la dynamique est d’utiliser un effet de trémolo sur un son et de le garder synchronisé ou non. L’effet trémolo affecte également le volume, et c’est une autre façon de créer des grooves sur mesure. Personnellement, j’aime aussi créer des changements d’arrangement très subtils sur l’enveloppe ou le gain de volume, ce qui maintient le son toujours en mouvement.
En général, les LFOs — comme ceux présents dans le patch Max for Live — peuvent être utilisés pour moduler n’importe quoi, et ils créeront automatiquement du mouvement. Associé à chaque LFO, j’utilise souvent un autre LFO pour moduler sa vitesse afin d’obtenir une véritable sensation de non-redondance.
Astuce : Combinez LFOs et modifications manuelles, puis copiez les séquences jusqu’à la fin de la chanson. Je vous suggère d’essayer de sortir de la structure 4/4 et des blocs réguliers pour sortir d’un « template feel ».
2. FILTRE
Une autre excellente façon de créer du mouvement est de faire en sorte que le son change toujours de tonalité. L’utilisation d’un filtre en mode parallèle est un moyen très efficace de créer de la couleur. L’important est de s’assurer que la fréquence et la résonance sont constamment en mouvement en utilisant des LFOs ou des enveloppes. En étant en parallèle, le son semble toujours être le même, mais il y aura un peu plus de corps à cause du filtre. Ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est qu’il y a différents types de filtres, donc vous pouvez essayer différents types de filtres dans différents Sends et votre chanson sera plus en mouvement. Alors que les filtres sont parfaits pour les changements subtils, vous pouvez aussi faire la même chose avec un égaliseur, mais toujours en parallèle. L’ajout d’une enveloppe sur le filtre pour qu’il détecte le signal entrant et change la fréquence est aussi une très belle façon de garder le son organique.
Astuce : Essayez de comparer comment un filtre Moog peut différer d’un filtre ordinaire.
3. TEXTURES
Les textures ou le bruit de fond sont une autre excellente façon d’émuler les appareils analogiques. Il y a plusieurs façons de le faire, mais celle que je recommande est d’obtenir un microphone pour votre iPhone et d’enregistrer un moment de votre prochaine visite au café ou au restaurant, ou même dans votre maison où nous ne nous rendons pas compte qu’il y a encore un très faible niveau de bruit. L’ajout de cet enregistrement à faible volume dans votre chanson ajoute automatiquement un layer de chaque son en évolution. Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi convertir certains bruits en patterns de groove qui créent une forme de randomisation sur vos sons. Certains effets de haute qualité tels que la saturation utilisée sur certains sons ajouteront une forme de texture qui empêche vos samples de sonner creux.
Astuce : La modulation FM sur un filtre ou une oscillation peut créer des textures granuleuses.
4. STÉRÉO ET PANORAMIQUE
Pour ce point, il y a différents effets qui jouent avec l’image stéréo et — bien que vous devriez être prudent — il est bon d’avoir au moins un ou deux sons qui ont ce genre d’effets. Parmi ces effets le phaser, le chorus, le flanger, le delay, la reverb et l’auto-pan. Ils peuvent tous donner du mouvement aux sons si la modulation n’est pas synchronisée et si le dry/wet est constamment modifié légèrement.
Astuce : Faites attention aux effets que vous utilisez, car une utilisation excessive peut créer des problèmes de déphasage.
5. TIMING
Un point que les gens négligent souvent : la position d’un son dans un pattern peut changer légèrement tout au long d’une chanson pour créer un sentiment de mouvement. Cet effet est plus facile à créer si vous convertissez tous vos clips audio en midi. En mode midi, vous pouvez utiliser le plug-in Humanizer (Max) pour modifier constamment le timing de chaque note. Vous pouvez aussi le faire manuellement si vous êtes un peu plus dans l’édition de détails, mais à la fin, un Humanizer peut faire la même chose tout en créant des idées inattendues qui pourraient être intéressantes. Une autre astuce est d’utiliser un effet de glitch en mode parallèle pour ajouter quelques courbes dans le timing d’un son de temps en temps.
Astuce : Désactivez le verrouillage de la grille (grid lock) dans la section arrangement pour être intentionnellement imprécis.