Créer de la musique intemporelle

Récemment, ma page Facebook a été submergée de façon fantastique. Ce fil est devenu débordé par des commentaires que j’étais heureux de lire parce qu’ils me rappelaient combien la musique peut stimuler et affecter nos émotions. On parle de musique intemporelle.

J’ai demandé à mes followers Facebook de nommer une musique qui n’avait pas quitté leur sac de DJ depuis des années. Ce sont ces disques qui ont passé l’épreuve du temps, et qui se sont vraiment démarqués en tant que musique « intemporelle ». Ce qui soulève la question, qu’est-ce qui rend une musique intemporelle ? Dans de nombreux cas, la musique dont le contenu touche à des thèmes plus profonds peut être plus facile à intégrer, car elle semble d’emblée plus personnelle. La musique peut avoir une manière de suggérer et d’exprimer des émotions que les mots parfois ne peuvent pas exprimer, c’est pourquoi la musique est souvent un moyen d’expression aussi puissant.

Un de mes amis a mentionné que la musique avec un son ou une ambiance particulière semble avoir sa propre personnalité, ce qui est un commentaire similaire que mon amie Vera m’a dit au sujet des disques qu’elle emporte toujours avec elle — que certains disques étaient comme des amis ou des compagnons pour elle. Certains disques fonctionnent mieux avec d’autres et certains fonctionnent vraiment bien dans un contexte très particulier. Certaines personnes ont parlé de conserver certains enregistrements pour fermer leurs sets, et d’autres parfaits pour un lever de soleil.

Dans un article précédent, j’ai expliqué comment développer beaucoup d’idées rapidement, mais aussi démontré que c’est un peu la loterie d’en trouver une bonne. Il peut s’agir d’un sujet assez compliqué et, à certains égards, impossible à cerner en tant que science. Malgré le fait que tant de chansons populaires l’ont fait, et ont été écrites très rapidement, il n’y a toujours pas de science exacte pour écrire de la grande musique. Néanmoins, cela vaut la peine de prendre quelques minutes pour examiner quelques dénominateurs communs entre ces exemples.

EXPLORONS QUELQUES THÉORIES QUE VOUS POUVEZ METTRE EN PLACE, POUR QU’AVEC UN PEU DE CHANCE, VOUS PUISSIEZ UN JOUR CRÉER VOTRE PROPRE MUSIQUE INTEMPORELLE.

Tout d’abord, certains diront qu’il faut atteindre un état de grâce, qui en psychologie, est souvent étiqueté comme étant un état de flow. Beaucoup d’artistes ont ressenti ce sentiment et peuvent le ressentir, mais malheureusement ils comptent fréquemment sur les substances pour le retrouver, ce qui est souvent contre-productif. Qu’est-ce que le flow ?

 

En psychologie positive, le flow, aussi connu sous le nom de zone, est l’état mental dans lequel une personne qui exécute une activité est totalement immergée dans un sentiment de concentration énergique, d’implication totale et de plaisir dans le processus de l’activité. Essentiellement, le flux peut être caractérisé par une absorption complète de ce que l’on fait et une perte de la sensation d’espace et de temps.

Vous pourriez aussi voir cet état de « flux » comme une activité où le temps passe si vite, et vous êtes tellement absorbé par ce que vous faites que vous pouvez sentir qu’il est fait presque tout seul, de la manière la plus naturelle. Je dirais que ce n’est pas quelque chose d’essentiel, mais habituellement, comme vous faites de la musique et que vous avez expérimenté cet état, vous conviendrez que certains de vos meilleurs morceaux seront écrits pendant cette période.

Une autre façon d’aborder l’écriture de musique intemporelle est d’être au courant des tendances actuelles de la musique et de comprendre ce qui définit vraiment ce qui est populaire. On ne manque pas d’études qui ont examiné les progressions d’accords communs à travers différentes époques, et ont identifié une formule gagnante. L’utilisation de la bonne progression d’accords mélangée à des techniques innovantes d’une époque fera ressortir une chanson musicale et bien écrite. David Bowie est un artiste qui a toujours eu le flair de trouver et de collaborer avec des gens créatifs pour repousser les limites de la créativité.

Faites-le, et faites-en beaucoup.
Être productif aide si vous évitez de vous censurer, et de ne pas trop réfléchir au processus. En d’autres termes, si vous avez fait 50 titres sur une période de temps et que 5 d’entre eux étaient vraiment excellents, ce sera toujours plus prolifique que de passer des années à n’en faire que cinq.

Ci-dessous vous trouverez quelques pistes qui ont suscité des suggestions pour définir ce qui a rendu les morceaux intemporels.

Mélodies : Plus que souvent, une mélodie envoûtante ou quelque chose de très accrocheur vous rappellera un titre.

Innovation : Utilisation de nouvelles technologies ou personnalisation d’une technique. Parfois, ce que vous pouvez faire, c’est prendre un procédé utilisé dans un autre genre et l’appliquer à ce que vous faites.

Arrangements : Il n’y a pas de secret ici pour dire que les humains aiment les surprises et les arrangements sont l’art de jouer avec les attentes, les moments inattendus, les indices et les idées trompeuses. L’équilibre de ces éléments, le rapport des événements dans votre piste, répartis dans la bonne perspective, rendront votre chronologie intemporelle.

L’humeur et les émotions : Quand vous entendez un accordéon jouer dans un restaurant parisien, même si la chanson date d’il y a probablement 100 ans, vous vous connectez automatiquement à l’humeur, à l’émotion et comprenez pourquoi cette musicalité appartient aux rues de Paris. Tu sais que ça sera encore joué dans 100 ans. Ça correspond. L’utilisation d’éléments déclencheurs comme ceux-ci peut vraiment aider votre musique à se connecter à un contexte.

Pour finir mon point de vue, je vais partager quelques pistes que les gens ont suggérées et qui ont retenu l’attention, et je vais essayer d’expliquer pourquoi la piste peut être considérée comme intemporelle.

Ce titre de Maurizio (Moritz Von Oswald) correspond à la période où j’ai vraiment eu un déclic sur le mouvement minimal (vers 1996). C’était l’un des premiers morceaux low-key, complètement hypnotisant et qui pouvait être joué à n’importe quel moment, mixé avec (presque) n’importe quoi et jusqu’à présent, il a été copié et a influencé tout le mouvement dub techno. C’est un classique bien connu de tous les DJs qui cherchent du son depuis un moment. Excellent à intégrer dans n’importe quel set, c’est un de ces morceaux avec lesquels vous ne pouvez pas vous tromper. Ce disque aurait-il le même intérêt s’il était publié aujourd’hui ? C’est encore fort !

Intemporel pour : L’innovation, l’utilisation de pads, le groove et le côté infini.

Isolé a pris de l’ampleur avec la sortie de son titre « Beau Mot Plage » qui, une fois sorti, est passé automatiquement dans la plupart des DJ bags, écoutant techno, house, etc.. C’est juste un beau disque bien produit qui apporte un sourire quand on le joue. Il ne fait aucun doute que ce sera aussi un classique pour les 20 prochaines années.

Facteur intemporel : Mélodies et arrangements.

Nous avons eu la chance de voir Ric pour la première fois lors de son concert à MUTEK en 2002. Il l’a fait presser et l’a joué au festival. C’est un de ces disques qui, lorsqu’ils sont joués, incitent souvent les gens à demander de quelle chanson il s’agit. Principalement parce qu’il y a une basse super accrocheuse au début puis la guitare tombe et ça crée automatiquement une atmosphère où les choses semblent suspendues. La sensation nostalgique, mais profonde, et le ton de celui-ci vous donnent envie de l’écouter en boucle. Il ne fait aucun doute que l’utilisation de la guitare est ce qui rend ce morceau mémorable.

Je suis flatté que ce titre soit venu comme suggestion à avoir dans son sac. Quand Hubble et moi avons fait ce titre, on ne s’attendait pas à ce qu’il attire l’attention (il était en vente sur Discogs pour 150 euros à un moment avant la represse). Bientôt, nous avons vu des vidéos de DJ la jouant et nous en avons eu la chair de poule. Il semble que ce morceau soit un morceau que vous pouvez glisser dans n’importe quel set, mixé avec d’autres morceaux ou par lui-même et il vous embarque. Je suis subjectif parce que j’ai été impliquée dans sa création, mais je comprends l’intérêt des DJs pour le jouer.

Laurent Garnier est l’homme derrière ce titre, et même s’il date de 1993, il est toujours jouable aujourd’hui. C’est romantique de penser qu’à l’époque nous faisions de la musique du futur, mais celle-ci a vraiment réussi. Cette basse et cette mélodie acide font que les choses fonctionnent si bien, et il ne fait aucun doute que c’est un classique maintenant, faisant lever les bras à chaque fois qu’elle est jouée. Je pense qu’il a fait du bon travail en saisissant un instantané de ce qu’était la musique rave du début des années 90.

Très joliment faite, mélodie accrocheuse et globalement, c’est le genre de chanson qui peut séduire à peu près tout le monde. Tu ressentiras de l’amour et la vibe de Paris. Ce n’est certainement pas quelque chose que vous pouvez jouer quand vous le souhaitez dans votre set, mais je peux imaginer que quelqu’un joue cela pour clore un événement et ça aurait un effet très approprié.

Voir aussi : The Art of Keeping People on Their Toes (Traduction bientôt disponible) 

S’imposer des règles pour l’arrangement

Lorsqu’on se heurte à un mur, il peut être pénible d’avancer et de passer au-dessus. C’est un jeu mental de volonté et de force contre l’effort créatif. Ce qu’il faut savoir : attendre un bref moment d’inspiration et de créativité perdra toujours le bénéfice d’un travail acharné et constant. Ça doit être aussi dur que ça tout le temps ? Y a-t-il un moyen de surpasser les tâches plus difficiles et plus longues ? Je suis la voix que vous entendez dire oui. Et c’est plus facile que vous ne le pensez.

Au fil des ans, en tant que producteur, je n’ai jamais cessé d’apprendre des autres et de trouver des moyens d’améliorer mes compétences et ma technique dans tous les domaines de la production musicale. Je vais partager avec vous une chose que j’aurais aimé avoir apprise plus tôt : créer et s’imposer des règles pour les arrangements. Des règles ? Quoi ? Je vais vous expliquer.

Pour beaucoup de producteurs, le moment où vous arrangez vos morceaux semble être quelque chose que vous n’attendez pas avec impatience. Je comprends, je suis passé par là. J’entends toujours dire que la vibe et l’âme du morceau semblent changer de manière moins excitante quand vous vous asseyez et que vous commencez à l’étaler. On m’a souvent dit : quand j’arrive à ce coin de rue, la fête est finie. Mais n’arrêtez pas la musique tout de suite.

JE RÉUSSIS ET JE SUIS PROLIFIQUE EN TANT QU’ARTISTE PARCE QUE J’ACCOMPLIS LES TÂCHES DIFFICILES. JE NE ME CACHE PAS DES TÂCHES QUE J’ÉVITAIS DE FAIRE. J’Y VAIS TOUT DE SUITE ET JE COMMENCE PAR LES TRAVAUX LES PLUS DIFFICILES. JE LES AI AFFRONTÉS D’UNE MANIÈRE QUI N’EST PLUS DOULOUREUSE OU ENNUYEUSE. L’UTILISATION DES RÈGLES N’EST PAS COMME VOLER EN PILOTE AUTOMATIQUE, BEAUCOUP DE DÉCISIONS DIFFICILES SONT PRÉ-DÉCIDÉES POUR MOI.

 

Cela peut sembler trop facile, ou de pur brio, mais les gens du monde entier utilisent ce processus pour décharger le dur labeur mental de prendre des décisions pour arriver à la ligne d’arrivée plus rapidement. Si vous voulez obtenir des résultats plus cohérents et plus impressionnants, lisez la suite.

(vous savez qu’il s’agit d’une priorité clé dans tout mon blogue, trouver des moyens de maximiser votre créativité et votre efficacité, en organisant notre flux de travail pour passer moins de temps sur le quotidien prenant, et plus de temps sur les parties enrichissantes et excitantes de notre travail)

Parlons de vous imposer des règles internes. Ma définition des règles serait la suivante : utiliser certaines techniques pour créer une structure de chanson engageante. Et n’oubliez pas — les règles peuvent être enfreintes plus tard, mais vous trouverez qu’il est beaucoup plus utile de commencer rapidement et de faire des progrès rapides plutôt que de commencer lentement à partir de zéro.


Il y a plusieurs raisons pour lesquelles un auditeur peut être attiré par votre chanson — la qualité du mix, une superbe loop, l’accroche du hook, etc. La plupart des gens admettront qu’ils sont attirés par une chanson (ou avoir une chanson dans la tête) par la structure narrative de l’arrangement. La création d’un arrangement serré et bien séquencé est l’un des domaines où de nombreuses personnes ont du mal à réussir. Leurs chansons manquent de corrélation, c’est-à-dire la combinaison de la répétition contre le changement. C’est un domaine de l’écriture de chansons où les règles peuvent aider énormément en prédéfinissant comment chaque son peut être utilisé.

Voici quelques exemples de règles que j’utiliserai :

  1. Direction : ce projet est-il pour le club, pour le casque, pour un projet de cinéma ? Sachant cela, chaque choix qui s’ensuivra sera dicté.
  2. Définition des sections : c’est une partie cruciale, que je vais définir comme une partie de la piste où une idée est utilisée d’une certaine manière, et vous passerez d’une section à l’autre, en entendant une différence claire et perceptible. Selon le genre, certains arrangements sont serrés, couplet, refrain, couplet, refrain, refrain, pont, couplet, etc. Beaucoup d’arrangements s’en tiennent à une formule répétitive, ce qui dans ce cas-ci est une bonne chose, car nous écoutons et savons rapidement à quoi nous attendre. C’est ici que vous pouvez ajouter et créer des variations aux sons qui peuvent augmenter l’intensité de manière puissante pour l’auditeur.
  3. La séquence de percussions : Cette séquence est-elle la même sur 8 ou 16 mesures ? Comme précédemment, vous voulez créer un motif stable qui se répète et qui peut supporter les autres éléments de votre piste. L’avantage d’utiliser des structures répétitives est qu’il suffit d’un petit changement pour introduire un grand changement, qui saura captiver l’oreille de l’auditeur tout de suite, et créer une anticipation pour la partie suivante. Des hats ou des claps sont souvent utilisés pour créer cette variation.
  4. Séquence de blocs et couleur : S’il y a une variation dans la même piste pour un son, je recommande fortement de changer les couleurs des blocs pour indiquer cette différence. C’est amusant et efficace de placer vos blocs dans un motif visuel, bleu-rouge-bleu-rouge-rouge-rouge-bleu-orange.
  5. Blocs superposés : C’est le prolongement naturel de la règle précédente. Imaginez que vous avez deux pistes, chacune ayant ses propres séquences de couleurs, votre motif visuel peut être créé en combinant les deux. C’est très utile lorsque vous voulez que deux sons différents s’appellent ou se répondent l’un l’autre. Vous les verrez l’un au-dessus de l’autre, comme une paire.
  6. Taille des blocs : J’aime faire une séquence pour mes kicks et ensuite les consolider (Cmd + J). Cela va créer un bloc plus grand que je vais dupliquer jusqu’à la fin. Maintenant, je peux exiger que ces blocs ne changent pas du tout, ce qui me permet de concentrer mon énergie sur la création de variations pour mes blocs de percussion plus courts. Imposer des tailles de blocs est l’un des moyens les plus libérateurs pour accélérer le processus d’arrangement !
  7. Blocks statiques vs blocks lives : Vous constaterez que chaque piste que j’ai inclura des éléments individuels qui sont un enregistrement audio de quelques manipulations live. Pour moi, ces blocs sont « Live » (vivants) tandis que ceux qui n’ont pas de manipulation sont « sleepy » (statiques). Vous pouvez décider d’avoir un certain rapport entre les vivants et les statiques.
  8. Rapport de perspective : Peut-être mon préféré. Alors qu’un ratio en tiers est habituel (ex. intro, milieu, fin), vous pouvez aussi en avoir plus, mais chaque ratio doit être de la même longueur plus ou moins. Le nombre de sections qui convient dépend vraiment de vous.
  9. Pourcentage de surprises : simple n’est-ce pas ? Combien de surprises donnerez-vous à l’auditeur ? Un trop grand nombre diminuera l’impact alors qu’un trop petit nombre pourrait ne pas engager suffisamment et ils trouveront votre morceau ennuyeux.
  10. Silences : élément très important. Les silences dans la musique peuvent donner une grande puissance aux notes jouées. Vous aurez besoin d’au moins un petit moment où vous donnerez de l’air à votre mix en ajoutant des silences à une pièce. Pensez de façon créative à la manière dont vous voulez créer de l’espace dans votre séquence.

 

Comme vous pouvez le voir, les règles que vous pouvez créer et appliquer à votre piste peuvent être tout ce que vous souhaitez. La meilleure partie sur l’utilisation des règles dans votre flow de travail est que vous allez considérablement accélérer les choses en déchargeant une grande partie du travail de devinette mentale à un processus qui a déjà été prédécidé. Tout cela signifie plus de plaisir en studio, plus de musique finie, ce qui est une situation gagnant-gagnant sous tous les angles.

VOIR ÉGALEMENT : The Science Behind Tracky Music

L’épuisement créatif dont personne ne parle

Autour de 2008, alors que je revenais de chez le médecin, je me suis senti complètement perdu. Il m’a dit que je devais changer ce que je faisais parce que je me dirigeais tout droit vers l’épuisement créatif. À cette époque, dans ma carrière, j’avais pourtant l’impression d’être à mon apogée : je tournais, je sortais de la musique, je faisais des remixes, j’étais invité à de grands festivals et j’avais un emploi occasionnel à temps partiel comme professeur. Je n’avais pas à me plaindre : j’avais l’impression de vivre mon rêve.

Que se passait-il exactement ?

Avant de m’expliquer, je tiens à dire que cet article concerne ce que j’ai appris à la dure. Je parle d’une chose importante que personne ne vous dira :

Ce n’est pas parce que vous faites ce que vous aimez que vous êtes à l’abri de vos limites. C’est surtout parce qu’en faisant ce que vous aimez, vous pouvez oublier qu’il reste une forme de travail.

Quand tu fais ce que tu aimes, tu te sens invincible. Cela pourrait être lié à la sensation de flow, expliquée par Mihály Csíkszentmihályi, qui est un état dans lequel vous entrez lorsque vous créez ou devenez vraiment concentré. La musique, c’est de l’inspiration, et l’inspiration ne vient pas « quand on en a besoin », elle est simplement là ou non.

Comment reconnaissez-vous les signes annonciateurs d’un burnout ?

  • Négativité dans les discussions. Vous voyez-vous en train de parler négativement à vos amis ou sur les médias sociaux ? Il est intéressant de regarder une semaine de publications sur Facebook et de voir si vous avez été plus positif ou négatif.
  • Perte d’intérêt pour la musique ou tout ce que vous aimiez.
  • Désir d’annoncer que vous vous retirez (du DJing ou autre), que vous vendez tout votre matos, que vous supprimez des projets, que vous abandonnez.
  • Cynisme envers le monde de la musique, ce que vous faites, les autres qui font de la musique.
  • Jalousie, envie, découragement lorsqu’on fréquente d’autres artistes qui se débrouillent bien.

Notez si l’un de ces symptômes persiste.

Ces obstacles peuvent mener à l’épuisement professionnel :

SURMENAGE

Passer d’un emploi « normal » à temps plein à la transformation d’un passe-temps que vous aimez en emploi exige une courbe d’apprentissage assez abrupte. Il y a plusieurs choses à prendre en considération. L’argent dans la vie de l’artiste est la source d’un énorme stress. Non seulement vous ne pouvez pas prédire quand les choses vont fonctionner, mais lorsqu’elles fonctionnent, vous ne savez pas combien de temps ça va durer. Comme il n’y a pas de relation évidente entre le travail créatif que vous faites et ce que vous récoltez, il devient très facile de se surmener. Jumelez cela avec le plaisir de faire de la musique, et au début vous aurez l’impression d’avoir trop de temps sur les bras pour savoir quoi faire. Comme je l’ai décrit dans un article précédent sur le fait que passer beaucoup de temps en studio est contre-productif : vous pouvez facilement ruiner beaucoup de votre propre musique. Pendant les premières années où je faisais de la musique à temps plein, j’ai senti que je ne créais pas de la musique qui avait autant de sens que lorsque je travaillais et faisais de la musique sur le côté ; cette prise de conscience a changé ma façon de faire de la musique pour le mieux.

Dans mon cas, avec mon label (Archipel), le mastering, les tournées et tout le reste, je travaillais jusqu’à 60 heures par semaine. J’ai oublié de prendre soin de ma santé. Pas étonnant que je n’aie pas pu suivre le rythme après quelques années. Quand tu fais ce que tu aimes, ça n’a jamais l’air d’un travail… mais ça l’est.

ATTENTES

La gestion de vos attentes est extrêmement délicate dans le domaine des arts. Le but ultime est d’obtenir la reconnaissance, parce que beaucoup de choses se déroulent après cela. Vraiment ?

C’est très difficile à dire, et ça perturbe votre zen. Par exemple, si vous pensez que cette sortie sur un label spécifique vous donnera certaines opportunités, ou si vous pensez que jouer pour une gig vous amènera à avoir de meilleures gigs, ou travailler avec un agent vous donnera plus de visibilité, etc., toutes ces choses — en théorie — pourraient être vraies. Vous admirez des modèles qui ont atteint un niveau que vous voulez atteindre, mais il se peut que vous n’y arriviez jamais, même en faisant les mêmes choses.

Pourquoi n’y a-t-il pas une recette que vous pourriez suivre pour garantir des résultats ?

Les arts sont un grand pari ; une loterie où le résultat n’est pas déterminé par quoi que ce soit d’autre rationnel que — très probablement — le timing et le réseautage. Et même si vous avez raison, cela ne mènera peut-être à rien du tout.

La seule chose que vous pouvez contrôler, c’est votre patience et votre résilience. C’est à peu près tout.

Certaines personnes vous diront qu’ils peuvent faire une différence, mais vous pourriez arriver à l’opposé de ce que vous voulez ; les gens n’aiment pas les artistes qui ne cessent de « se vendre ». Savoir quand ou quand ne pas avoir d’attentes est certainement incroyablement sain, surtout si vous pouvez les réduire pour qu’elles soient réalistes.

En conclusion, ce que je recommanderais en me basant sur mon expérience de l’épuisement créatif :

  • Si vous pouvez mener une vie saine de travail/musique, essayez de continuer à le faire le plus longtemps possible. Ce n’est pas seulement bon pour vous, mais vous aurez aussi de l’argent à investir dans votre métier. L’équilibre est central..
  • Si vous êtes assez courageux pour essayer de vivre de la musique, traitez-la comme un travail. Donnez-vous le temps de ne pas travailler — c’est tout aussi précieux.
  • Trouvez un nouveau passe-temps. Puisque la musique était autrefois la vôtre et qu’elle occupe tout votre temps, essayez de faire autre chose.
  • Dormez de longues nuits et faites la sieste. Évitez de faire la fête régulièrement.
  • Collaborez, déléguez, demandez de l’aide. Se connecter avec d’autres humains est toujours étonnant pour le rétablissement !

Jouer de la musique électronique live – Comment préparer votre Live Set ? (Partie 3)

Après les deux premiers articles sur jouer de la musique électronique live, nous arrivons à notre dernier sujet : l’arrangement des clips, l’organisation des chansons et la préparation du son.

PRÉPARATION DES CLIPS

J’espère que vous avez fait vos devoirs de la deuxième partie où je vous ai demandé de prendre vos arrangements et de les transformer en une session Ableton Live. Si vous avez fait cela, vous verrez que cette tâche est assez exigeante et peut être déroutante, parce que vous pourriez avoir l’impression que vos chansons ne sont plus les mêmes, ou peut-être qu’elles n’ont plus de sens. Mais croyez-moi, même si vous pensez que vous avez échoué dans l’organisation de vos séances, cela commencera à avoir plus de sens à mesure que nous continuerons. Ce qui importe vraiment, c’est que vous avez maintenant du matériel chargé dans la vue session.

« Et si mon titre est si simple que je n’ai que quelques clips en vue session ? »

Ce n’est pas un problème, l’idée est d’avoir quelque chose. Une partie de la beauté d’un set live est qu’une fois que vous avez tous vos morceaux dans la session, vous les façonnez en un set plus long. Un live set n’est pas comme un DJ set, où l’on se concentre sur les transitions et les sélections de pistes ; il est beaucoup plus flexible et implique une mise en forme constante pour créer un ensemble plus grand.

1ère CHOSE À FAIRE : IMPORTEZ TOUTES VOS PISTES DANS UN SEUL GRAND PROJET

Pour le bien de cet exercice, veuillez commencer par créer un nouveau live set que vous nommerez « My Live Set » où vous aurez 12 pistes pour commencer.

Ensuite, nous allons importer toutes les chansons dans ce projet. Il y a deux façons de le faire et c’est à vous de décider ce qui est le mieux pour vous. J’aime personnellement ouvrir un projet, récupérer tous les clips de la session, copier (Cmd + C), puis ouvrir le projet « My Live Set » et coller. Vous pouvez également copier à travers le navigateur et si vous êtes plus à l’aise avec cette méthode, faites-le de cette façon.

Une des grandes nouveautés d’Ableton 10 est que les groupes apparaissent maintenant dans le navigateur, ce qui pourrait être une bonne façon d’organiser votre travail pour réimporter plus tard.

Vous devriez également penser à copier les restes d’audio de chaque piste. Ces pièces inutilisées sont plus précieuses que vous ne le pensez dans un contexte live. Un reste, c’est tout ce qui a été créé dans votre piste, mais qui n’a pas passé la dernière sélection. Il pourrait s’agir d’une variante, d’un peu de FX bizarre, de voix, peu importe — en gros, n’importe quoi fera l’affaire. L’idée derrière les restes est de créer du matériel pour votre version live afin qu’elle diffère de la chanson originale : cela ajoutera une dimension.

Une fois toutes vos pistes importées, vous avez une meilleure idée de l’ensemble de votre session.

« De combien de morceaux ai-je besoin pour un set d’une heure ? »

La réponse ici est difficile à trouver tant que vous n’avez pas répété et déterminé votre flow naturel. Après des années de pratique et d’enregistrement, je me suis dit que chacune de mes pistes durait en moyenne 6 à 8 minutes dans un contexte live. Cela inclut également les transitions (c’est-à-dire deux chansons qui se chevauchent pendant 1-2 minutes, pour rendre les choses assez fluides comme dans un DJ set).

Le temps total des pistes n’est pas forcément important à déterminer. Si vous êtes créatif, vous pouvez même jouer les morceaux dans un ordre aléatoire.

2e CHOSE À FAIRE : NOMMEZ ET COLOREZ TOUS LES CLIPS CORRECTEMENT

Les gens oublient souvent cette partie, mais faites-moi confiance, meilleure est l’organisation, moins vous aurez de stress en live. N’écoutez pas quand votre esprit vous dit : « oh, je me souviendrai bien de ce clip. » C’est pourquoi les noms sont importants, mais aussi la couleur du clip. Tous les kicks devraient être de la même couleur, les basses et ainsi de suite. Mes couleurs de codage personnelles ont été :

Kicks : rouge (attire mon attention).

Basses fréquences, basse : marron.

Percussions : jaune.

Claps/snare : orange.

Hihats : gris.

Éléments mélodiques : Bleu, en différents tons, car certains sont différents.

Une chose pratique avec les couleurs est que si vous jouez une piste pendant une transition, vous pouvez voir la couleur de l’autre clip alors que vous ne pouvez pas le voir à l’écran.

Veuillez noter que je ne recommande pas nécessairement de mettre tous les mêmes sons dans les mêmes pistes. Vous pouvez mélanger, par exemple, les hihats de la piste A avec ceux de la piste B. Si les hihats des deux tracks sont dans la même piste, vous ne pourrez pas les mixer ensemble, mais l’un après l’autre (un seul clip peut être joué dans une piste à la fois).

ORGANISATION DES SCÈNES

L’organisation de vos scènes prend beaucoup de temps, et ce sera aussi ce que vous retravaillerez le plus. Cela vous permettra de donner à vos chansons une sensation plus vivante. Pour cette section, je vais utiliser un exemple d’un de mes derniers live sets pour expliquer ce que j’ai fait, et pourquoi.

Cette chanson commence à la deuxième ligne (scène).

En-têtes des pistes : Comme vous pouvez le voir, les couleurs d’en-tête ne sont pas si importantes pour moi, mais il y a une section tout en blanc. C’est parce que j’utilise deux contrôleurs MIDI pour contrôler les volumes et la deuxième section est dédiée au second contrôleur. C’est aussi pourquoi ils sont numérotés pour que je sache à quel curseur ils se réfèrent sur le contrôleur lui-même.

3e CHOSE À FAIRE : MAPPEZ VOS PISTES AUX ÉLÉMENTS APPROPRIÉS DE VOS CONTRÔLEURS

Pensez à la façon dont vous voulez contrôler votre set sur un niveau de base, qui correspond aux pistes dans la plupart des cas. C’est la partie la plus importante à déterminer, car lorsque vous préparez votre set, vous devrez contrôler les faders de volume. Affectez vos pistes aux éléments appropriés de vos contrôleurs. Si votre contrôleur a des boutons, je les mapperais aussi aux boutons mute. Les mutes sont très importantes.

Lignes de séparation : Comme vous pouvez le voir, les lignes avant et après chaque ligne remplies ont des scènes de clips vides. Vous pouvez aussi voir qu’ils disposent de la case « stop ». Je crée des « lignes de séparation » pour deux raisons : aider à savoir où la chanson commence, mais ils servent aussi de moyen rapide pour faire arrêter de jouer un clip si nécessaire.

4e CHOSE À FAIRE : AJOUTER 1-3 LIGNES DE SÉPARATION ENTRE CHAQUE MORCEAU

La première scène/ligne de chaque piste : La première rangée, pour moi, est la plus importante. Au fil des ans, j’ai opté pour une version super minimaliste de mon live où je joue surtout de la musique en boucle avec des variations qui renforcent vraiment l’importance de la première ligne du set.

La première ligne a différents rôles :

  • C’est l’introduction de votre chanson : elle sera utilisée dans la transition du morceau précédent.
  • C’est l’idée de base de votre chanson : tous les sons qui sont joués du début à la fin de votre chanson devraient être placés ici, avec rien en dessous. Dans mon cas, le kick sera le même du début à la fin. La longueur du kick sera de 4 mesures et inclura des variations. Certaines personnes aiment ajouter plusieurs clips en dessous comme variations à déclencher, c’est donc toujours une autre option, mais pensez que tout ce qui reste inchangé tout au long devrait être là..
  • Relâcher la tension : créez un breakdown improvisé ou commencez à enlever les sons. Vous pouvez utiliser le côté droit pour déclencher tous les sons en même temps pour revenir à l’intensité et à l’idée principale de la chanson. Ce point est très important si vous pensez explorer et improviser, car vous aurez besoin d’une ancre.

5e CHOSE À FAIRE : CRÉER UN NOYAU SOLIDE

Scènes supplémentaires/suivantes : Il y a plusieurs façons d’utiliser les scènes qui suivent votre introduction initiale. Pour « jouer en toute sécurité », vous pouvez simplement faire jouer chaque scène au fur et à mesure que la piste évolue. L’avantage de cette approche est qu’en ayant toutes les scènes à portée de main, vous pouvez déconstruire la ligne du temps de votre chanson en les jouant dans différents ordres. Ma façon préférée de le faire est d’avoir des variations d’une scène, comme une ligne avec des hihats, une sans, une avec deux hats et un clap, etc. et de même pour les mélodies. De cette façon, je peux jouer des variations, mais je peux aussi lancer une ligne entière et en avoir une nouvelle « prête à l’emploi ». Si vous regardez ma capture d’écran live set ci-dessus, vous verrez aussi que sous un échantillon « Tommydrum », j’ai le même clip trois fois en utilisant des variations de timing ou des réglages selon les versions. Je peux basculer entre eux quand j’en ai besoin.

DERNIÈRE CHOSE À FAIRE : PLANIFIEZ VOS LIGNES/SCÈNES SUIVANTES ET DÉCIDEZ CE QUE VOUS UTILISEZ.

Dans le prochain article, nous parlerons de la répétition, de l’étalonnage du son et des réglages avancés des clips !

Checklist pour savoir si ma track est terminée

Alors que je travaillais activement sur mon live, je me suis rendu compte que j’utilisais une checklist personnelle pour savoir si ma track était terminée. Des petits détails aux gros morceaux, il est parfois facile d’oublier certaines choses. De la même manière que pour partir en voyage, vous voulez vous assurer d’avoir tout préparé avant de sortir du projet.

Cette liste de contrôle est ce que j’utilise personnellement avant de passer au mixdown. Vous verrez qu’il y a encore des points que j’aborde comme étant du pré-mixing, mais je ne passerai pas trop de temps là-dessus. Dans un article précédent, j’ai expliqué l’importance d’exporter les stems hors de votre projet une fois la production terminée. Cela libère l’utilisation du CPU, donne une sensation de légèreté, donne la possibilité de sauvegarder ou de collaborer et éventuellement de faire un peu de mix dans un autre DAW pour obtenir des textures différentes. Mais surtout, c’est une façon de se dire : « Ok, il est temps de passer à autre chose. »

Avez-vous besoin de tout contre-vérifier pour déclarer que c’est fini ? Non, pas du tout. Il ne s’agit que d’une aide pour vous aider à mieux voir tout ce qui pourrait être couvert (et je suis sûr qu’il me manque encore une ou deux choses là-dedans !)

Catégories de la checklist, par ordre d’importance :

1. L’accroche (idée principale, Hook)

C’est ici que tout commence et se termine. Commençons donc par nous poser ces simples questions :

  • Quel est le hook principal de votre chanson ? Rappelez-vous, l’accroche est ce que quelqu’un chanterait à quelqu’un d’autre pour expliquer de quoi à l’air la chanson. Votre chanson n’en a peut-être pas (et c’est très bien aussi), mais l’accroche est l’un des principaux facteurs pour rendre une chanson mémorable et intemporelle.
  • Quels éléments soutiennent le hook ? Une bonne accroche n’est souvent pas suffisante. Il est utile de la soutenir avec des sons en écho ou des petites bribes de mélodies secondaires.
  • Est-ce que vous visez une structure pop ou un mantra répétitif ? Il peut aussi y avoir une zone grise qui combine les deux. Mais quel que soit votre choix, assurez-vous d’avoir une réponse claire.

2. Design sonore (Sound design)

C’est la section la plus importante pour moi et c’est habituellement là que je passe le plus de temps. J’ai ici des sous-catégories que je vais aborder.

  • Quels sont la direction et le but de cette chanson ? Est-ce surtout pour destiné à être mixé (DJ) ou plus pour l’écoute ? Vinyle ou Spotify ? Chill, dancefloor ou expérimental ? C’est quelque chose qui peut parfois être bon de garder à l’esprit jusqu’à la toute fin où vous pourrez alors supprimer ou ajouter des détails qui changeront le tout.
  • Quelle chanson ou quel artiste serait une référence ? Cela peut être ajouté directement dans une piste. Voir mon article précédent sur comment utiliser une piste de référence.
  • Quel est le rapport entre éléments organiques et éléments synthétiques ? C’est un point auquel je pense en général au début, mais je serai également disposé à le réviser à la fin.
  • Quelle est la tonalité principale de ma chanson ? Pas toujours indispensable si vous faites de la musique inharmonique. Mais il peut être intéressant de décider de la note fondamentale de la basse, du kick et des mélodies.
  • Kick : le kick est-il en accord avec la mélodie ? Est-il compressé en sidechain avec d’autres sons qui rentrent en conflit ? Personnellement, j’essaye aussi d’avoir un kick différent de celui de ma track précédente. Le kick est le dernier élément à concevoir, car il est là pour soutenir et compléter l’ensemble du projet.
  • Snare/clap : souvent aussi important que le kick, j’utilise habituellement un clap si ma dernière track avait un snare, pour alterner. Je vais aussi essayer de les superposer (layering). D’une chanson à l’autre, le son des percussions qui se produira sur les 2e et 4e temps devra varier selon mes goûts. Je veux essayer d’offrir différentes options pour quand je joue mes chansons en live ou en DJ set.
  • Bass : est-elle en tonalité ? Est-elle en sidechain ?
  • Melodie : c’est un peu difficile mais comme expliqué dans ma technique de production non linéaire, j’aime aller et venir dans la track pour voir si la mélodie a un impact, et si celui-ci est positif dans la durée. Trouver une mélodie est déjà assez difficile, mais la rendre agréable au fil du temps est un art en soi.
  • Atmosphère : y a-t-il un arrière-plan dans ce titre ? Qu’y a-t-il en arrière-plan par rapport au premier plan ? J’aime utiliser des bus pour ça.
  • Enregistrement : est-ce que j’utilise des enregistrements de terrain pour cela ?
  • Textures : les textures sont-elles claires et audibles ? Ou est-ce plus subtil ?
  • Quel est le rapport entre les sons répétitifs et les sons changeants ? Certaines personnes aiment toujours avoir le même clap à travers la chanson tandis que dans le Hip Hop, ils aiment souvent en changer. Y a-t-il une règle que vous voulez suivre ? Si oui, à propos de quoi ?

 

3. Le groove

C’est une section un peu moins condensée mais très importante si la chanson est plus percussive et pour le dancefloor.

  • Le groove est-il emprunté à une chanson ou à un template de groove ? Est-il personnalisé ?
  • Quelle est la signature du morceau ? Est-elle globale ou différente selon les parties ?
  • Est-ce qu’il y a un groove global appliqué ou est-ce que ce morceau utilise plusieurs grooves selon les parties ?
  • Exportez toutes les boucles de percussions en MIDI pour ajuster le groove.
  • Qu’est-ce qui est répétitif et ce qui ne l’est pas ? Trouvez un équilibre sain entre les sons répétés à travers la chanson et d’autres sons qui changent sur 1-2-3-4 mesures.
  • Y a-t-il un sidechain entre les pistes pour créer un effet de pompe subtil ou au contraire très présent ? Cela peut faire une différence.
  • Quels sont les sons modulés ? C’est une des choses les plus importantes à faire si vous voulez que votre chanson soit plus organique que synthétique. C’est une chose de sélectionner les bons samples organiques, mais la façon dont vous les programmez sera cruciale pour l’impression générale. Souvent, l’oreille humaine est très sensible au mouvement, même si la musique est jouée en arrière-plan. Vous seriez surpris de ce que les gens remarquent et de ce qu’ils ne remarquent pas.

 

4. FX/RETOURS

L’utilisation des retours (sends) est cruciale pour donner une impression d’unité à la piste. L’une des erreurs les plus fréquentes que je vois de la part des nouveaux producteurs est d’utiliser plusieurs reverbs partout dans le projet au lieu d’en utiliser une seule comme send. J’utilise habituellement des sends multiples pour créer des effets 3D élaborés et sophistiqués pour les percussions et les mélodies. L’un des points les plus importants est de les utiliser avec soin, jusqu’à la fin.

  • Cette chanson est-elle sèche ou plus chaleureuse ? Quelle place attribuer au reverb ?
  • Quel type de réverbération est-ce que je veux pour cette piste ? Petite ou grande ? Les options sont le hall, room, plates, convolution et quelques autres.
  • Qu’est-ce qui va avoir un effet 3D ? Vous ne voudrez peut-être pas mettre toute la chanson en 3D, car cela va à l’encontre de l’idée. Ce qui rend la chanson 3D, c’est la quantité de sons que vous mettez en plein dans la figure, par rapport à ceux que vous mettez en arrière-plan. Une combinaison saine des deux aura un meilleur effet.
  • Un seul delay pour le projet ! Sur quelle signature ?

 

5. Structure/arrangements

J’ai fait référence à la structure comme des Legos dans un article précédent. Ils ont souvent la même façon d’être construits pour plusieurs raisons. C’est pourquoi une track de référence peut nous aider à briser nos idées narratives. Je recommande toujours de déposer des marqueurs dans les arrangements de cette façon : un au début, un à la fin et un au milieu. Cela établira ce que j’appelle des perspectives et vous aidera à voir si votre narration générale est équilibrée et si les choses sont bien organisées.

À partir du milieu, je poserais encore une fois un marqueur entre le début et le milieu, puis un dans la dernière partie. Votre chanson doit comporter 4 parties distinctes. Les sections 1-2 sont intro et outro. La partie du milieu est l’endroit où votre chanson se développe et existe.

  • Est-ce que votre chanson a une intro/outro ? Commencez-vous immédiatement dans l’action ou développez-vous ?
  • Combien d’espace avez-vous pour que le mix DJ ?
  • Vos éléments mélodiques évoluent-ils correctement à travers chaque section ?
  • Votre chanson a-t-elle au moins un développement, centre d’intérêt par section ?
  • Est-ce que la chanson a une surprise importante environ aux 2/3 de sa longueur ? Je recommande toujours d’y réfléchir.

 

J’ai donc abordé les principaux points que je couvre habituellement. Je pourrais aller plus loin, mais c’est ce que vous verrez dans la production. Au-delà, nous tomberions dans le mix et c’est un tout nouvel article à venir.

Sound Design : créer les sons que vous avez dans la tête

Il se peut que vous ne soyez pas vraiment capable de reproduire à 100% les sons que vous imaginez dans votre esprit en utilisant le sound design, mais je peux vous donner quelques conseils pour bâtir un bon point de départ et vous en rapprocher le plus possible. Tout comme dans la peinture et le cinéma, notre imagination nous joue souvent des tours, vous pouvez avoir « la meilleure idée de tous les temps », mais une fois que vous vous êtes mis à y travailler, vous vous rendez vite compte qu’il y a un monde de différence entre votre imagination et le résultat final.

Alors, y a-t-il un moyen d’utiliser le sound design pour transposer ces idées en quelque chose de concret ?

Oui, absolument.

Les sons ont une structure, une forme et une couleur, et quand vous « entendez » quelque chose dans votre esprit, vous devez traduire cette idée en une description précise qui vous permettra de commencer à la créer réellement.

Pour bien démarrer dans le processus de conception sonore, posez-vous la question suivante :

Pouvez-vous expliquer votre idée verbalement ?

La première étape consiste à analyser les caractéristiques physiques du son. Gardez à l’esprit que le son a plusieurs axes et caractéristiques :

  • Temps : Un son peut être court, long ou entre les deux. L’aspect temporel correspond essentiellement à sa durée.
  • Enveloppe : Le truc avec l’enveloppe ADSR (Attack, Decay, Sustain et Release) est ce à quoi je fais référence ici. Par exemple, votre son démarre-t-il fort et disparaît ensuite en fade out, ou peut-être fait-il le contraire ?
  • Spectre de fréquence : La hauteur du son est-elle haute ou basse ?
  • Harmonique ou inharmonique : Votre son a-t-il une tonalité ou est-il basé sur un bruit ?
  • Position : Votre son est-il statique ou panoramique ? Bouge-t-il ?

Deuxièmement, vous devez identifier un matériau source pour votre son et décider comment il sera façonné :

  • Dans un article précédent, j’ai parlé de superposition des sons. Une bonne façon de commencer est d’essayer de trouver des sons déjà existants, et de les superposer de façon à obtenir quelque chose de proche de ce que vous avez à l’esprit. Par exemple, la superposition d’un tom, d’un clap et d’un snap — quand ils sont assemblés — forme un son arrondi qui s’étend jusqu’aux aigus. Lorsque vous combinez vos sons et layers, je vous recommande d’utiliser un bon compresseur de type Opto ou Vari-MU : ils sont musicaux et créent une belle dimension sonore. Découvrez le Vari Comp de Native Instrument ou encore le Novatron de chez KUSH, arrivé en force en 2017 comme l’un des meilleurs outils sur le marché à un prix raisonnable.
  • Si vous êtes plus dans la synthèse, vous pouvez expérimenter une approche soustractive en utilisant plusieurs oscillateurs avec un bon filtre. J’utilise habituellement l’opérateur d’Ableton mais cette année, le Repro 5 de U-He a été vraiment utile pour moi en termes de design sonore avec des sons subtils et ronds. J’aime avoir mes basses fréquences et mediums réglés en sinewave pour ensuite façonner les harmoniques en square ou triangle. Expérimentez sans fin !
  • Une autre option intéressante serait d’utiliser des enregistrements sur le terrain. Vous pourriez penser que cette approche est un peu étrange, mais vous pouvez même essayer de faire le son avec votre bouche, ou d’essayer de trouver des objets à frapper : vous finirez toujours avec un son intéressant. Vous serez également surpris par tout ce que vous pouvez faire avec l’enregistrement de votre propre voix. Pour un bon enregistreur de terrain abordable, consultez n’importe lequel des enregistreurs de terrain de chez Zoom, ils en font même un qui peut se brancher à votre iPhone, ce qui est très pratique.
Sound design - Native Instruments' Vari Comp

Native Instruments’ Vari Comp

 

Et enfin, une fois que vous avez établi votre source, vous pouvez vous plonger dans la sculpture de votre son :

Temps : il y a différentes choses que vous pouvez faire pour manipuler le temps et la durée de vos sons. Modifier le pitch (la hauteur) d’un élément pour le ralentir ou l’accélérer est amusant. La synthèse granulaire est aussi une option, avec par exemple le Mangle VST. J’aime aussi avoir une reverb sombre avec une tail pour étirer la longueur d’un son. N’importe quelle réverbération peut faire du bon travail ici, mais vous pourrez facilement expérimenter avec les gratuites trouvées sur KVR.

Sound design - The Mangle granular synthesizer

The Mangle granular synthesizer

Enveloppe : Si vous avez un gros son brut que vous voulez modeler, il y a encore plusieurs options. Si vous utilisez Ableton, le moyen le plus simple serait d’utiliser les enveloppes de volume ou de gain à l’intérieur du clip. Il y a aussi d’autres outils d’enveloppe de volume ; un que j’aime bien est le Volume Shaper de Cable Guys; vraiment puissant et fun.

  • ASTUCE : Si vous voulez un transient vraiment rapide sur votre enveloppe, essayez d’utiliser une transient shaper. Les transient shapers peuvent également aider pour le sustain.
  • ASTUCE 2 : Un compresseur VCA avec une attaque lente peut également vous donner d’excellents résultats.

Spectre de fréquence : Comme j’ai pu le mentionner, j’aime personnellement expérimenter avec un pitch shifter, mais aussi avec un égaliseur à 3 bandes et un compresseur ; surtout un FET, un peu plus agressif (je recommande d’en apprendre un peu plus sur les différents types de compresseurs si vous ne les connaissez pas tous). De cette façon, vous pouvez contrôler des parties spécifiques de votre son et manipuler ces parties pour les mettre en valeur. Ce n’est pas la seule manière, il y a tellement d’autres façons créatives d’utiliser un EQ seul (comme l’UAD Cambridge), mais j’aime combiner des effets multiples et jouer entre eux jusqu’à obtenir le son adéquat.

Harmoniques : Les harmoniques peuvent souvent être manipulés avec de la saturation et/ou distorsion. Si vous êtes à la recherche d’un bon outil de distorsion, vous pouvez consulter le Scream VST de Citonic qui offre des tonnes d’options. Sinon, le Saturation Knob de Softubes est un excellent outil pour des changements allant de subtils à drastiques. Je suggère de jouer avec les filtres aussi ; ils peuvent améliorer certaines parties de vos sons, surtout si vous les utilisez en parallèle (via une piste send/bus).
Position : Essayez n’importe quel panner. Il y a plusieurs plug-ins de panning sur le marché, mais il faut faire attention à ce que vous ne fassiez pas trop voyager votre son dans la phase de conception ; vous ne savez pas encore quelle sera la position de vos autres sons et vous risquez de tout défaire plus tard de toute façon. Boostez le son avec un chorus ou un doubler pour manipuler encore plus la position du son, mais comme déjà mentionné, essayez de ne pas faire de folies avec le panning lorsque vous créez un seul son.

Ce ne sont là que quelques trucs et idées de sound design pour vous aider à commencer à créer les sons que vous imaginez dans de votre tête. Amusez-vous bien !

 

Bonus : Une bonne façon de trouver des idées de sound design inattendues est d’utiliser la randomisation. Voici un excellent tutoriel de mon pote offthesky.

 

 

L’équipement nécessaire pour faire de la musique – Matériel vs. Expérience vs. Monitoring

Ce post est la suite logique d’un article que j’ai fait précédemment sur le minimum d’équipement nécessaire pour faire de la musique. En raison de la popularité de ce post et du nombre de questions que j’ai eu par la suite, je voulais plonger plus profondément dans ce sujet.

On me demande souvent ce qui compte le plus entre l’équipement, l’expérience, et le monitoring, je donne alors les conseils suivants :

Le rôle de l’expérience

Il n’y a absolument aucun doute que l’expérience de quelqu’un, plus que toute autre chose, aura le plus grand impact sur la qualité de sa musique. Un producteur avec des années d’expérience sait ce qui marche et ce qui ne marche pas. Même sans l’équipement approprié, il ou elle trouvera les moyens de maximiser les outils auxquels il ou elle est limité afin de tirer le meilleur parti de son équipement, et peut même parfois transformer quelque chose de très insignifiant en œuvre d’art. Ce qu’il faut aussi comprendre, c’est que l’expérience vous aide aussi à prendre des décisions stratégiques fondées sur vos expériences passées. Par exemple, quelqu’un qui a élaboré des produits de haute qualité sait qu’il est important et essentiel de communiquer avec d’autres personnes qui peuvent aider. De plus, si vous êtes confronté à des limites, Internet est rempli d’informations sur la façon de tirer le meilleur parti de votre situation. Vous manquez de samples ? Trouvez un sample pack et achetez-le. Vous manquez d’idées ou de technique ? Cherchez sur YouTube. Il y a une abondance d’informations gratuites ou bon marché. Investir dans de petites choses comme les relations personnelles n’est pas seulement une excellente façon d’obtenir du soutien parmi les gens qui peuvent vous aider plus tard, mais c’est aussi une façon de rester au fait des nouveaux outils qui sortent, des gens qui les développent et qui travaillent avec.

Les enceintes de monitoring

La plus grande erreur que je vois chez les gens qui commencent à peine, c’est d’investir dans des enceintes de monitoring bon marché en raison de leur budget limité. Je sais que c’est délicat, car beaucoup de gens ont de petits budgets. Mais les moniteurs sont quelque chose que vous voulez avoir pour les 10 prochaines années minimum, et vous voulez qu’ils soient la meilleure paire que vous puissiez vous permettre. Bien que l’expérience est la chose la plus importante à considérer, vous ne pouvez pas commencer sans, le monitoring est pour moi ce sur quoi vous devez vous concentrer immédiatement en deuxième position. Les enceintes de monitoring sont vos « yeux » dans la production musicale : si vous ne pouvez pas « voir » ce que vous faites, votre musique ne sera pas précise et le résultat final pourrait être difficile à apprécier une fois qu’elle aura quitté votre studio. Disposer de haut-parleurs adéquats, c’est comme avoir accès à des lunettes lorsque vous ne pouvez pas voir : tout d’un coup, tout est clair et vous saurez exactement ce qui ne fonctionne pas.

  • Budget serré ? Je trouve que si vous ne pouvez pas investir dans de bons moniteurs, cela vaut la peine d’attendre. Il y a plusieurs façons d’amasser de l’argent, par exemple en obtenant un prêt ou en demandant aux membres de la famille. Mais investir dans des haut-parleurs bon marché ne vous sera bénéfique qu’à court terme et constituera un problème majeur à long terme. En attendant, essayez d’obtenir de bons écouteurs qui sont agréables lorsque vous écoutez vos chansons préférées. Allez dans un magasin et passez du temps à comparer des modèles. Le confort est également important.
  • Et si la production musicale n’est pas pour vous ? Si vous voulez produire, c’est probablement parce que vous aimez la musique. Si vous abandonnez la production après avoir acheté des moniteurs (note : contactez-moi avant de le faire !), vous aurez toujours d’excellents haut-parleurs pour mixer ou simplement pour écouter.
  • Disposer d’un caisson de basses (subwoofer) change la donne. Pour moi, c’est un fait indiscutable : vous verrez ce que je veux dire si vous en obtenez un ou si vous tombez sur un setup qui en dispose d’un. Murs fins ? Les voisins en colère vous aimeront si vous achetez un Subpac à la place.

Ce qu’il faut retenir : l’équipement dans la musique est un outil précieux, mais demeure un luxe.

Un jour, un de mes amis est venu chez moi et m’a fait écouter un album époustouflant de son cru. Nous avons rapidement commencé à parler de production et il m’a expliqué qu’il utilisait Cool Edit (un éditeur de son très simple qui au début des années 2000 n’était même pas considéré comme un DAW !) etaucun équipement. Aucun. Tout a été fait à partir de rien et avec beaucoup de patience. Honnêtement, il a changé ma perspective sur l’équipement pour toujours. Chaque fois que quelqu’un me dit qu’il a « besoin de ci » ou « besoin de ça » pour commencer à travailler sur sa musique, j’hurle « n’importe quoi ! » parce que je le sais et que j’ai entendu le contraire.

Le rôle du gear supplémentaire

« Oui, mais j’adore jouer avec des knobs quand je produis ! »

Par où commencer pour explorer la dimension tactile de la production ? Si vous ressentez toujours le besoin d’acheter de l’équipement au-delà d’une bonne paire de moniteurs, je recommanderais ce qui suit :

  • Explorez pour savoir ce que vous aimez faire et investissez en fonction de ça. Ne tombez pas dans le classique « si j’ai juste le [insérer le nom du gear à la mode ici], alors ça ira. » Essayez d’abord de comprendre la musique sur votre ordinateur : jouez avec les synthés, faites des beats, voyez ce que vous aimez, et après quelques chansons, vous remarquerez peut-être que vous aimez les synthés qui sonnent comme un Moog. Apprenez à comprendre le genre de sons que vous aimez, tout comme la façon dont vous découvrez les labels avec lesquels un artiste sort. Plus vous en saurez, plus vous serez en mesure d’investir adéquatement.
  • Achetez d’occasion, louez si possible. Ou allez traîner avec quelqu’un qui a du gear pour l’essayer. Faites une chanson avec son équipement pour voir si ça fonctionne pour vous.
  • Les contrôleurs MIDI sont toujours un bon investissement quoi qu’il en soit, mais ils ne sont pas essentiels..

Honnêtement, il n’y a pas d’équipement minimum pour faire de la musique, mais les choses que j’ai décrites ici vous aideront à démarrer. J’espère que ce sera le cas !