Jouer de la musique électronique live – Comment préparer votre Live Set ? (Partie 6, Fin)

J’ai récemment joué un set live au StereoBar à Montréal pour le lancement de mon album Returning Home et il était très intéressant de créer un set live à partir de zéro, en suivant les conseils de cette série sur la musique électronique en live. J’aimerais partager avec vous comment ça s’est passé, ainsi que quelques notes personnelles pour les performances futures.

NOTES SUR LA PRÉPARATION DE MON SET

Returning Home a beaucoup de pistes et je n’étais pas sûr de la façon dont je les approcherais dans un contexte live étant donné qu’elles sont toutes assez complexes, pleines de détails et pratiquement impossibles à exécuter en tant que version(s) enregistrée(s). J’ai décidé de passer en revue toutes les chansons et d’exporter les stems pour chaque groupe de sons — en plus de m’assurer que le kick et la basse seraient isolés — afin de pouvoir contrôler la manière de les faire intervenir dans le set.

L’exportation des stems m’a pris du temps. J’ai aussi exporté des stems de certaines chansons qui n’étaient pas incluses dans l’album, mais que je voulais jouer. J’avais un bon 17 tracks prêtes, avec environ 8 pistes exportées par track. J’ai tout importé dans mon nouveau live set, et j’ai tout ajusté dans les bonnes colonnes et avec les couleurs dont j’avais besoin. J’ai aussi commencé à découper les stems en sections pour pouvoir lancer certaines parties spontanément.

Après quelques jours passés en ermite, j’ai commencé à jouer les morceaux pour évaluer le flow et voir si les transitions se déroulaient bien. J’ai joué avec les effets, en essayant de pimenter les idées principales pour surprendre les gens. Comme je répétais et essayais de voir comment jouer les chansons, je me suis retrouvé très ennuyé par ce que j’entendais. Quand on passe des mois à faire un album, on arrive à un point où on ne peut plus écouter sa propre musique — et j’ai trouvé un peu trop facile de le jouer tel quel.

Live à MUTEK Chili 2006

Live à Zurich 2005

J’ai tout mis à la poubelle. Je me souviens même d’avoir douté de toute cette série d’articles, mais j’ai réalisé après qu’elle avait encore beaucoup de valeur. Le truc, c’est que j’avais mal préparé les choses. Je me suis souvenu comment j’aimais jouer en live, il y a 15 ans et j’ai eu un flash-back qui m’a excité : l’improvisation pure. J’ai réalisé que l’utilisation des stems ne laissait pas assez de place à l’improvisation et que ma musique est en elle-même, un pur chaos.

Je suis retourné à ma banque de sons que je n’avais pas sélectionnés à l’origine et j’ai commencé à découper les sons, à déconstruire les stems et à réexporter de nouvelles parties. Puis j’ai commencé à créer un espace où je pouvais remixer tout l’album sur le coup, en plus d’ajouter des sons inattendus et inutilisés. Fondamentalement, il s’agissait de combiner la basse de la piste 2 avec la mélodie de la piste 7, puis la percussion de la piste 4… du remix pur. J’ai trouvé une idée centrale pour chaque moment de mon set, et j’ai laissé beaucoup d’espace pour la réinterprétation. Ça a marché et je me suis beaucoup amusé!

MON SET-UP POUR CE LIVE

J’ai utilisé le Ableton Push et deux Novation Launch XLs comme mixeurs pour toutes les pistes (j’ai fini par en utiliser 10). Pour une raison ou une autre, chaque fois que j’ai essayé d’utiliser le PUSH en live, cela n’a jamais vraiment aidé. Pourtant j’ai senti cette fois qu’il fallait que je l’utilise. J’adore les Novations donc en utiliser deux a été vraiment incroyable.

Limitations : Mon MacBook pro n’a que 2 ports USB, donc j’avais besoin d’un hub USB pour connecter le tout.

Soundcheck au Stereobar

SOUNDCHECK

En arrivant sur place, je me sentais vraiment confiant, peut-être trop confiant. Le soundcheck s’est tellement bien déroulé que — d’après mon expérience — lorsque cela se produit, on a l’impression que quelque chose va mal tourner plus tard.

J’avais passé du temps en studio à ajuster soigneusement chaque piste avec des égaliseurs pour m’assurer que le son n’était pas trop agressif ou perçant. J’ai également décidé d’utiliser une compression Manley de l’UAD sur le master, ce qui a rendu le tout vraiment smooth. Il était important d’utiliser une piste de référence comme courbe d’égalisation. Cela a vraiment payé pendant le soundcheck, donc je n’ai pas eu à faire grand-chose : tout s’est très bien passé.

ASTUCE : Écoutez votre piste de référence avant le soundcheck, puis jouez-la pour régler un égaliseur sur le master.

LE SHOW/PERFORMANCE

Après un bon départ, tout a commencé à déraper. Pendant la lecture d’une piste, j’ai remarqué que mon mixeur ne répondait pas et j’ai réalisé qu’il avait redémarré. En redémarrant, il a fait planter la deuxième table de mixage et le PUSH. Je n’étais même pas à 5 minutes et le sablier de la mort tournait déjà sur mon Mac. J’ai attendu patiemment et heureusement, tout est redevenu normal. Mais après cette erreur, j’ai déconnecté l’une des Novations pour la brancher directement sur mon ordinateur au lieu du Hub USB que j’avais acheté le jour même (les connecteurs bon marché sont toujours une grosse erreur !). Le PUSH était gelé et ne faisait rien, je devais activer les clips avec ma souris. Heureusement, grâce à mon expérience sur scène pendant tant d’années, j’ai pu le faire sans que les gens s’en aperçoivent. Les Novations continuaient à crash l’une après l’autre. Chaque fois je devais les débrancher patiemment pour les redémarrer, puis le sablier s’éteignait sur mon ordinateur. Pour une raison ou une autre, ils fonctionnaient pendant une bonne vingtaine de minutes, puis crashaient à nouveau.

Heureusement, personne n’a rien remarqué ! J’aurais vraiment pu jouer un super show ce soir-là si tout avait fonctionné correctement parce que le Stereobar a la configuration parfaite pour moi. C’était un peu décevant, mais j’ai quand même reçu beaucoup de bons retours.

MUTEK Montreal 2006

Live à Londres 2005

APRÈS LE SHOW

Malgré les problèmes techniques, c’était néanmoins une superbe gig.

Pour résumer, voici quelques conseils basés sur cette expérience de live :

  • N’achetez pas d’équipement le même jour sans l’avoir testé. Les soundchecks ne sont jamais à 100 % de ce que sera le show et ne peuvent jamais être un véritable test.
  • Désactivez la fonction de mise à jour automatique d’Ableton Live. En fait, il a été mis à jour la veille avec un bug — un assez gros bug. J’ai dû réinstaller le logiciel et c’était stressant. Merci pour la réponse rapide de l’assistance technique d’Ableton à ce sujet.
  • Ne paniquez jamais lorsque des problèmes surviennent. La plupart du temps, les gens ne le remarquent pas.
  • Essayez d’éviter les hubs USB de m**** ! Je cherche encore une meilleure alternative.

J’espère que cette série a été utile !

Voir les templates comme des graines.

En tant que producteur, vous essayez probablement d’équilibrer plusieurs tâches à la fois en travaillant sur votre musique. Si vous prenez du temps à passer en revue quatre ou cinq réverbérations à la recherche du son parfait, à configurer des bus et des groupes pour pré-mixer vos morceaux pendant que vous les arrangez, ou si vous vous sentez juste figé en regardant un écran de projet vierge et en ayant du mal à démarrer, il n’est pas étonnant que vous ne soyez pas aussi productif que vous aimeriez l’être.

Bonne nouvelle, ce post a pour but de vous préparer à partir gagnant avant même de démarrer. Commencez à voir vos templates comme des graines.

De nombreux DAWs peuvent être configurées pour charger un template (modèle) comme point de départ initial. Reason vous proposera un environnement prédéfini, et Studio One vous demandera si vous souhaitez mettre en place un projet de mix pour accélérer le démarrage. Ableton Live n’a pas cette fonctionnalité par défaut, mais vous pouvez facilement changer cela pour ouvrir un projet de démarrage personnalisé.
Même si la plupart des DAW ont cette fonction, ce n’était pas suffisant pour moi, j’avais l’impression que je pouvais faire mieux.

D’une certaine manière, il s’agit d’un article de suivi de la Technique du Bonsaï. Il a été très bien reçu, et beaucoup de gens ont commenté sur la façon dont cela les a aidés à développer des tracks à partir de petites idées. Maintenant, j’aimerais poursuivre avec cette idée, car je me suis rendu compte que beaucoup de gens passent à côté du plaisir d’utiliser un template pour démarrer leurs projets. De plus, il y a quelques choses que nous pouvons ajouter et qui seront également précieuses pour vos prochaines productions. Jetons un coup d’œil aux techniques qui permettent de gagner du temps.

JE VAIS SUGGÉRER QUELQUE CHOSE DE SIMPLE EN SOI, MAIS DE TRÈS EFFICACE POUR QUE LES NOUVEAUX PROJETS SONNENT BIEN DÈS LE DÉBUT.

Commencez votre prochain projet en utilisant la dernière chanson utilisée. J’ai entendu parler de cette technique dans le manifeste de Matthew Herbert, et cela m’a inspiré. Herbert reprenait la table de mixage là où il l’avait laissée lors de la dernière session. Pourquoi est-ce une bonne idée ?
Partir du dernier mix permettrait un workflow plus rapide, mais aussi, les EQs aléatoires, la compression, les effets, seraient réglés sur quelque chose qu’il n’aurait jamais mis en place auparavant. J’ai trouvé ce concept brillant et j’ai commencé à le faire moi-même. Très souvent, je commençais avec le dernier projet chargé, mais je faisais la chanson suivante juste après la fin de la précédente. La même configuration et les mêmes réglages pour le kick, les percussions, etc.. étaient les mêmes, ce qui m’a souvent conduit dans des directions auxquelles je ne m’attendais pas du tout. C’est un gros avantage.

Envisagez de garder les effets sur chaque piste tels quels, mais déposez vos nouveaux clips dans les pistes existantes au hasard. Dans certaines situations, je copiais aussi l’arrangement d’une chanson et je le collais dans la vue d’arrangement d’une autre chanson. Des résultats très étranges se produisaient, conduisant souvent à des résultats de conception sonore inattendus, mais très utilisables. J’ai souvent un projet « mère » qui sera pour moi un lieu sûr pour développer et faire grandir ces idées. Ensuite, je copierai quelques boucles dans la vue d’arrangement d’un autre projet, et parfois je déplacerai les clips d’un canal à l’autre pour voir lequel convient le mieux. J’ai même fait l’exercice de drop un arrangement complet dans un autre projet en le gardant aussi intact que possible. De là, je ne l’écouterais même pas avant de l’exporter. Je l’écoutais des semaines plus tard et j’étais incroyablement surpris. J’ai fait une poignée de morceaux de mes albums Intra et White Raven de cette façon.
Ensuite, mettez-vous au défi de garder vos routing de bus et de groupes intacts. C’est génial d’avoir des pistes ou des bus que vous pouvez réutiliser rapidement. Bien sûr, un moyen facile serait d’assembler une macro de la chaîne d’effets que vous avez utilisée, mais j’aime l’idée d’ouvrir un template où je n’ai aucune idée des effets qui m’attendent. Je vais parfois échanger mes effets les plus utilisés avec d’autres que j’ai récemment acquis ou que j’ai oubliés. Il est souvent agréable de déterrer les anciens plug-ins qui peuvent apporter un grain particulier à votre son.

Enlevez les clips de votre projet abouti et enregistrez-le comme template.

Un exercice que vous pouvez commencer à appliquer dès aujourd’hui serait :

  1. Créez un dossier pour vos templates.
  2. Chaque fois que vous terminez une chanson, vous faites un « enregistrer sous… » dans ce dossier. Vous nettoierez ensuite les clips dans la vue arrangement. Je laisserai souvent ce que j’appelle des sons « non utilisés » dans le projet. Je vais mettre ces clips en vue de session dans une piste nommée « leftovers » (restes). Cela vous permet de réorienter ces sons, ce qui peut s’intégrer parfaitement dans votre nouveau projet.
  3. Les clips midi pourraient être laissés aussi parce qu’il est généralement intéressant d’avoir en main du matériel midi sur lequel vous pouvez rapidement lancer de nouveaux sons et voir à quoi cela ressemble.

Maintenant, une astuce supplémentaire est de faire un template pour la conception d’un EP/LP. Comme vous le savez, c’est toujours génial d’avoir un sentiment commun pour une release complète, et l’une des choses que je recommanderais serait la façon dont vous appliquez vos effets.

  • Reverb. Soit vous choisissez une réverbération d’une compagnie spécifique (ex. Altiverb) et utilisez quelques presets pour commencer, soit vous essayez de rester dans la même famille comme « plates » par exemple.
  • Delay. En utilisant le même plug-in, mais en changeant la vitesse du délai.
  • Saturation. Essayez de choisir un type et de vous y tenir. Je recommande de l’appliquer à travers un send où vous avez plus de contrôle sur la façon dont chaque son est coloré.
  • Compression/EQ. Certains appliquent une couleur distincte et sont plus ou moins transparents. Il peut être une bonne idée de garder le même type de combinaison à travers vos pistes.

Comme toujours, je veux entendre vos commentaires sur tout ce qui est mentionné dans cet article. N’hésitez pas à partager ce message ou à laisser un commentaire ci-dessous et à me dire comment ces techniques créatives fonctionnent pour vous.  

 

 

VOIR AUSSI : Conseils pour définir votre son

Arrière-plan vs premier plan pour créer de la dimension.

Presque chaque semaine, j’ai une conversation similaire avec mes clients. En toute bonne foi, et pour faire gagner du temps à mes clients et à moi-même, j’écris cet article pour aider à répondre aux questions que beaucoup de producteurs continuent de se poser. La question de l’arrière-plan par rapport au premier plan pour créer de la dimension.

Mes clients m’envoient souvent des projets avec beaucoup de sons, ce qui, si vous me connaissez assez bien, est quelque chose dont je suis vraiment fan. Cela dit, il y a une façon de travailler avec une chanson faite de beaucoup de sons sans que les choses deviennent un peu trop lourdes.

Pendant la production de votre chanson, combien de fois l’avez-vous écoutée jusqu’au bout ? Vingt, trente fois ? Plus ? En tant qu’auteurs-compositeurs, nous devons tenir compte du point de vue de notre auditoire, qui n’entendra probablement jamais toutes les nuances et tous les détails que nous faisons. Peut-être que s’ils sont de grands fans, ils écouteront notre morceau dix fois. Avec ce nombre d’écoutes, l’impression que vous obtenez d’une chanson très chargée est similaire à celle d’une image très détaillée — vous découvrirez des idées différentes à chaque fois, mais l’image entière sera prise pour ce qu’elle est. Ce qui vous semblera être une erreur sera probablement perçu autrement par l’auditeur occasionnel.

Lorsque nous utilisons plusieurs sons différents ensemble dans un arrangement, il est impossible de les entendre tous de la même façon. En tant que producteurs, nous prenons soin du travail que nous avons mis dans notre sound design et nous commettons souvent l’erreur (moi y compris) d’essayer de donner à chaque son (grand et petit) la même importance dans l’espoir de ne rien manquer.

MÊME PENDANT L’ÉCOUTE ACTIVE D’UNE MUSIQUE SIMPLE OU COMPLEXE, IL Y A SOUVENT DES DÉTAILS SUBTILS QUE NOUS N’ENTENDONS PAS AU DÉBUT.

Ce qu’il est important de comprendre, c’est que de nombreux sons travaillant ensemble forment et créent une expérience. Certains sons ne fonctionnent que lorsqu’ils sont combinés avec d’autres pour former une couche unique, beaucoup plus forte que la somme de ses parties.

La conception sonore est une science complexe qui demande souvent des années avant d’être pleinement comprise. Pour beaucoup de producteurs, ce moment « Eurêka » vient de la compréhension que beaucoup de sons ne sont pas massifs par eux-mêmes, mais plutôt une combinaison de plusieurs sons soigneusement superposés.

Par exemple, un kick percutant peut avoir trois couches (basse, mid, hi-mid pour la mise en forme des transients). Un pad chaud et riche peut avoir des harmoniques créées à partir d’une couche d’oscillation plus forte dans les hi-mids (à l’aide d’un oscillateur carré). C’est la partie technique, mais pour quelqu’un qui n’est pas intéressé par la conception sonore et qui est purement un auditeur, il/elle expérimentera ces sons dans une langue complètement différente, mais le comprendra tout de même.

À ESSAYER : lorsque vous écoutez de la musique, forcez-vous à identifier les différentes couches de sons.

Avec la crainte que certains sons ne soient pas entendus de la même manière au repos, nous pouvons commencer à examiner comment créer des détails avec dimension et subtilité.
Ces détails sont aussi importants que chacun des sons en relief et sont nécessaires pour soutenir le ou les éléments principaux de la chanson elle-même. Voyons comment aborder cette question :

  1. Décidez de ce qu’est le noyau ou le squelette de votre chanson. Si quelqu’un doit chanter votre chanson à quelqu’un d’autre ou tenter d’expliquer de quoi il s’agit, que dirait cette personne ? En d’autres termes, la partie la plus mémorable de votre chanson est l’idée principale. Si vous enlevez cela, la chanson n’est pas vraiment là puisque la plupart des sons sont là pour soutenir cette idée principale.
  2. Dans les percussions, identifiez quels sont les principaux éléments qui soutiennent le groove et l’idée principale. D’habitude, il y a le kick, une snare/clap et un hat. Certains morceaux ont des claps multiples ou des percussions supplémentaires ici et là, mais il est important de décider quels sont les principaux sons de percussions.
  3. Les autres sons seront égalisés pour créer une dimension. Seule l’utilisation de l’EQ combinée à des changements de volume sera suffisante dans ce cas.

À ESSAYER : la prochaine fois que vous écouterez une chanson, essayez d’accorder de l’attention à tout ce qui est mixé bas dans le mix.

 

La technique de distanciation, à un niveau très simple, consiste à appliquer un filtre passe-bas/EQ sur le son. Plus votre filtre est élevé, plus le son sera fin et plus il sera repoussé. Il n’y a pas de bien ou de mal ici, mais vous devrez ajuster le volume selon vos goûts et vos sensations. Je suggérerais de compresser vos sons si vous souhaitez les rapprocher un peu.

Il s’agit d’une coupe régulière qui enlève habituellement beaucoup de mud (littéralement boue).

 

Cette coupe déplace les sons un peu plus loin que n’importe lequel des sons en avant.

 

Ce cut rend le son lointain.

 

Pour un positionnement subtil.

 

L’autre astuce serait d’utiliser la reverb mais celle-ci est à utiliser avec beaucoup de soin. Selon l’unité de réverbération, cette technique peut introduire du mud, ce que le filtre ne fera pas. Comme toujours, expérimentez et trouvez ce que vous aimez dans le processus. Vous pouvez également combiner l’astuce de l’égaliseur avec l’utilisation de la réverbération pour une meilleure sensation.

Tenez-moi au courant !

 

Voir aussi : Design et superposition dynamique du son

Raconter une histoire à travers les arrangements.

Quand il s’agit de mix et de mastering, mon travail consiste à écouter beaucoup, beaucoup de chansons. Certaines sont géniales, tandis que d’autres ont besoin de plus d’amour, mais d’après les nombreuses chansons que j’entends chaque jour, je peux identifier une chose importante qui fait qu’une chanson se démarque le plus : les arrangements. Je crois que vos arrangements et vos techniques d’arrangement de chansons sont ce qui montre vraiment votre maturité en tant qu’artiste.

Votre morceau peut avoir des sons étonnants, un kick de fou, et un très beau mix, mais si vous n’avez rien à dire, votre chanson ne sera pas mémorable. Bien que, paradoxalement, certaines chansons soient aussi mémorables parce qu’elles n’ont pas du tout d’arrangements ; aucun arrangement peut aussi être une forme de récit.

Dans ce post, j’aborderai les arrangements de deux manières : « technique » et « total », un point de vue philosophique. Alors que tant de gens ont des opinions différentes sur les arrangements, il y a une chose qu’il me semble important de souligner : vous inviter à sortir de la case de tout ce qui sonne « commercial ». Tant d’articles en ce moment soulignent comment chaque chanson sonne de la même façon et je vais aussi expliquer pourquoi.

Gardez à l’esprit : il n’y a pas de recette magique ou de solution toute faite pour les arrangements.

Alors, fondamentalement, comment expliquer la narration dans la musique électronique ? Il y a deux points critiques à garder à l’esprit :

  1. Les arrangements commencent avec une idée simple qui évolue. Plus l’idée est claire, plus elle devient compréhensible pour l’auditeur. Plus c’est accrocheur, plus c’est mémorable. L’attrait vient de la capacité de faire quelque chose avec lequel les gens peuvent avoir un lien émotionnel. On sait aussi que, si l’on examine les 50 dernières années de musique pop, il y a toujours des tendances de chansons à travers le temps. Ce qui fait d’une chanson « un succès », c’est généralement quand quelqu’un comprend la tendance actuelle (qui est « en demande ») et y ajoute sa touche personnelle pour lui donner un sentiment de « déjà vu, mais différent ».
  2. Les arrangements techniques visent à créer de la musique pour les DJs. L’une des choses les plus excitantes est d’être capable d’architecturer une musique qui trouvera un endroit logique pour se mixer dans une autre chanson, ou pour créer une nouvelle chanson (comme dans 1 +1=3, piste 1, piste 2 et le mélange des deux).

Ces deux types d’arrangements sont différents, mais peuvent aussi être combinés. Ils ont des objectifs différents. La raison pour laquelle je trouve important d’en parler, c’est qu’en tant qu’auditeur, vous ne les écoutez pas de la même façon. Le premier type, c’est ce qui fait qu’un titre est une chanson. En termes de vocabulaire, une track est une musique plus orientée pour les DJs, que l’on peut superposer tandis qu’une chanson est davantage une musique qui peut être écoutée seule et avoir sa propre histoire. Trop souvent, je trouve que les gens qui écoutent des tracks vont dire qu’il « manque quelque chose », mais en théorie, si cette musique est faite pour être superposée, c’est parce qu’il y a de la place pour qu’une autre chanson soit superposée. J’aime à dire que la track fait partie d’une histoire qui sera créée par d’autres et qu’il est important de laisser tomber l’ajout de plus en plus de couches. Si vous ne laissez pas d’espace, comment un autre DJ peut-il l’utiliser ?

Parlons donc des arrangements pour les tracks et de ce qui est utile à faire/utiliser.

  • Utilisez un motif : Pour tout, utilisez toujours un motif qui peut être quelques notes ou une boucle. Parfois, les idées les plus simples sont les meilleures. Si par exemple, votre motif est une simple mélodie à deux notes qui se répète (note : le motif puissant de Batman n’était que deux notes simples !), alors gardez à l’esprit que ces deux notes sont simplement le noyau, puis ajoutez des variantes ou des notes de soutien, des idées.
  • Définissez votre logique et suivez-la : Habituellement, le premier tiers de votre chanson définira la logique du reste de votre chanson. Par exemple, si vous coupez le son après 4 mesures, gardez cette logique pour toute la chanson. Donc, quoi que vous définissiez en termes d’inhibition, ou d’ajout, tenez-vous-en à cela jusqu’à la fin de la chanson.
  • Divisez votre chanson en trois tiers (le premier tiers est l’intro, le deuxième est le noyau, le troisième est l’outro) : Gardez à l’esprit que chaque section a un but et exige un équilibre. Il devrait avoir une surprise, une certaine cohérence, un punch et une transition.
  • Laissez de l’espace : Miles Davis aimait le silence entre les notes et disait souvent que c’était ce qui donnait le vrai sens à n’importe quelle phrase. Si vous trouvez votre hook entier pour la partie centrale de votre chanson, assurez-vous d’avoir des variantes de cette idée, avec des espaces/silence.

L’importance de définir votre propre langue dans votre musique est importante pour créer votre personnalité. Nous savons tous que la musique est une forme de communication et, par conséquent, certains codes peuvent être utilisés pour créer des phrases dans votre musique. Tout le monde a un point de vue différent, mais j’aimerais partager mon lexique personnel. Mais considérons ceci : la techno est de la musique 4/4, ce qui signifie qu’un « cycle » est fondamentalement de 4 mesures ; c’est aussi là où les DJs essaient de mixer in/out. Chacune de vos chansons basées sur cette prémisse aura une meilleure cohérence si vous vous en tenez à une logique similaire, et la musique sera comprise plus rapidement par les DJs.

  • Une phrase est fondamentalement longue d’une mesure (4 temps). Un paragraphe a une longueur de 4 ou 8 mesures.
  • Faire répéter les sons, c’est un point (« . »). Vous voulez généralement le faire à la fin d’une mesure si vous faites une longue phrase, mais vous pouvez aussi avoir un point pour souligner un son qui a besoin d’exprimer quelque chose. Les sons qui roulent aident à passer à la mesure suivante, car ils créent de l’énergie.
  • Couper le kick ou plusieurs sons à la fois est une virgule («, »), cela peut également marquer la fin de la partie et préparer pour un autre. Le silence crée une mini tension et crée de l’anticipation.

Ce sont les bases avec lesquelles on peut jouer.

  • Vous pouvez découper toute votre structure de chanson pour voir clairement toutes vos 4 mesures dans des blocs distinctifs. Cette action cruciale aide vraiment à voir les grandes lignes de votre chanson et à voir l’organisation.
  • Je travaille généralement son par son (piste par piste) et décide que certains sons auront un changement à un moment donné, disons X nombre de mesures. Par exemple : les hats ont un changement minuscule (un point) toutes les 4 mesures, les toms en auront un toutes les 2 et les claps, toutes les mesures. Ensuite, vous découpez toutes les mesures en mesures plus courtes pour pouvoir éditer les détails.
  • Ajouter de la décoration si nécessaire dans la même logique. Si vous avez commencé à couper et à créer de l’espace ici et là, ces zones peuvent être de bons espaces pour insérer des effets comme de petits flous subtils.
  • Soyez très conscient de l’endroit où votre chanson a ses éléments principaux, et s’il respecte la logique que vous avez définie dans le premier tiers de votre chanson.

Une chanson qui a de l’équilibre et des événements répétitifs ne sonnera jamais vide, ennuyeuse ou inutile parce que les gens comprendront consciemment (ou non) le langage derrière elle.

Maintenant, regardez comment il se répète et essayez de garder des séquences de blocs qui se répètent. Par exemple, si j’ai 4 blocs qui se répètent et qu’il y a un silence de 2 mesures, je le répéterai à travers la chanson.

C’est un bon exemple de ce que j’appelle la logique d’arrangement. Vous décidez de la façon dont les choses se déroulent, puis vous suivez cette logique jusqu’au bout.

CONSEIL : Toujours varier la façon dont le son entre et sort. Vous avez 2 choix : le son commence à jouer ou apparait en fondu. Essayez d’avoir des variations entre les sons et dans la manière dont ils entrent et sortent.

Le plus important — et je terminerai avec ceci — est de garder à l’esprit que vous devriez toujours avoir une surprise pour l’auditeur, et si vous le surprenez, il/elle voudra réécouter votre chanson ; alors, soyez audacieux et parfois, imprévisible. J’aime la méthode 1-2 punch : faire quelque chose, le répéter pour que l’auditeur fasse « ah oui » puis quand l’auditeur l’attend à nouveau, lui donner un coup de poing avec quelque chose qu’il n’a pas vu venir.

J’espère que cela vous aidera !

Lancer un label pour les bonnes raisons (Partie 1)

De temps en temps, quelqu’un vient me voir pour le mix ou le mastering et me demande si je peux leur présenter un label. Dans certains cas, oui, mais je ne peux pas garantir que cela mènera à quoi que ce soit à la fin ; parfois ça marche et d’autre fois non. J’entends souvent dire qu’en réaction à ce genre de rejet, les gens veulent lancer un label. Bien que je sois tout à fait pour les nouveaux labels, dans ce cas particulier, démarrer un label n’est peut-être pas la bonne à faire. Permettez-moi d’expliquer un peu plus en détail.

Avant de commencer, clarifions deux choses :

  1. Le but principal d’un label est de commercialiser votre musique parce qu’il y a une demande.
  2. L’objectif d’un label actif est de fournir une esthétique qui a une corrélation avec la direction du label, et d’atteindre un marché cible.

Maintenant, la principale idée que les gens se font des labels, ce qui est renforcé par le fait qu’ils sont si faciles à mettre en place de nos jours, c’est que si vous travaillez avec un label, vous aurez enfin l’exposition que vous espériez. Cependant, il arrive souvent que ce ne soit pas ce qui se passe. « Oui, mais c’est de la bonne musique ! », j’entends dire. Bien sûr, c’est possible, mais comment les gens sauront que vous existez ?

« OK alors, et si je release sur un label respecté ? »

Oui, vous pouvez essayer de le faire, mais vous devez comprendre l’effort requis de la part du label pour travailler sur votre promotion afin de vendre. Les labels réputés ne sautent pas si facilement sur des artistes inconnus. Ce n’est pas une coïncidence si vous voyez des labels payer une fortune en relations publiques pour s’assurer que le titre est joué par des DJs, comme on dit : « Soutenu par… ».

Souvent, les artistes ressentent le droit d’être reconnu, et que leur musique devrait être popularisée parce qu’ils ont fait une grande chanson. Malheureusement, quand il s’agit de « marketing musical », le fait d’avoir une grande chanson ne sert à rien. Vous pouvez le comparer à un gars ou une fille qui fait de la bonne nourriture à la maison, puis décide d’ouvrir un restaurant. Dans les deux cas, l’artiste est confronté à la réalité.

Cela dit, je sais que j’ai peut-être l’air négatif, mais c’est le genre de discussion que j’ai chaque semaine avec des gens qui démarrent des labels qui finissent par entraîner une perte d’argent substantielle, ou des artistes qui se concentrent sur la construction d’un tel label sans avoir le moindre réseau.

Revoyons la situation sous un angle différent. Disons que vous produisez de la musique, que vous avez un réseau de personnes qui l’aiment, que vous la jouez (par exemple en podcast, DJ sets) et que vous en parlez. Si vous avez un peu de capital à investir, vous pourriez souhaiter vous commercialiser vous-même. Mais avant de lancer un label, je recommanderais fortement de faire quelque chose que beaucoup de start-ups font, ce qu’elles appellent le « guerilla marketing ».

guerilla marketing, musicLe Guerilla Marketing peut être défini comme une « stratégie marketing peu coûteuse et parfois déstabilisante pour évaluer la viabilité d’une idée ». Mais surtout, il s’agit de faire quelque chose d’inhabituel pour attirer l’attention. Le meilleur exemple que je puisse partager à partir de ma propre expérience serait un coup de marketing auquel j’ai participé au début des années 2000 lorsque les netlabels (ou elabels) sont apparus, donnant de la musique en ligne gratuitement et par tous les autres moyens possibles. Donner de la musique de qualité était perturbant, mais aussi en phase avec les gens qui, à l’époque, étaient également intéressés à obtenir de la musique gratuitement (note : c’était l’âge d’or du piratage de la musique et des téléchargements illégaux). À Montréal, en 2017, lorsqu’on a dit que le cannabis allait être légalisé, il y avait un type qui a ouvert illégalement quatre magasins pour le vendre. Il savait que c’était illégal et une fois qu’il a été fermé, tout le monde a compris qu’il s’agissait d’un coup de pub pour le moment où ce serait légal.

Alors, comment devriez-vous agir ?

Pensez à faire de votre musique un projet personnel.

Ne pensez pas à lancer un label tant que vous n’êtes pas sûr à 100 % que vous pouvez obtenir des ventes. En attendant, ce que vous pouvez faire, c’est faire un projet personnel que vous pouvez ensuite promouvoir avec la technique que j’ai expliquée. Une chose que les gens font souvent est de produire eux-mêmes 100 copies, donner la plupart d’entre eux à tous les DJs avec lesquels ils peuvent entrer en contact et en vendre une partie via Bandcamp. Je connais des gens qui utilisent aussi Discogs pour vendre.

Assurez-vous que :

  • Votre produit sonne bien avec un mixage et un mastering de qualité.
  • Votre projet a l’air attrayant. Certaines personnes aiment rester discrètes, utilisent des disques « white labels » pour des coûts minimes et les tamponnent manuellement. Vous pouvez demander à un groupe d’amis de vous aider avec des pochoirs par exemple.

Trouver un mode de diffusion.

Où essaierez-vous d’attirer l’attention ? Il y a quelques options sur la table :

  • Soundcloud : Si vous êtes principalement numérique, testez le marché en partageant votre musique avec des DJs. J’ai régulièrement des gars qui m’envoient de la musique pour la jouer. Pas de questions, ils veulent juste que j’apprécie leur musique et j’aime ça. Personnellement, je pense que ça déchire. Ce type, Loxique est extrêmement prolifique et m’envoie de la musique ainsi qu’à d’autres DJs et poste ensuite des vidéos quand ils jouent ses morceaux. Il est en train d’établir sa présence sans même demander un release parce qu’il sait que cela viendra simplement en temps voulu. La logique est que, si les DJs le jouent et que les gens le voient, plus de gens demanderont à le jouer, créant ainsi une demande.
  • Les médias sociaux : L’approche « moi ! moi ! moi ! regardez-moi ! » est devenue tellement exagérée qu’elle ne fait qu’ennuyer tout le monde. Cela peut paraître bizarre, mais la meilleure façon de se faire connaître est de faire la promotion… des autres ! La création de vagues de soutien attire l’attention des gens sur ce que vous faites, sans que vous ayez à en parler. Laissez votre musique parler pour vous pendant que vous parlez des autres.
  • Festivals : Allez à un festival comme si vous alliez sur un terrain de golf pour une réunion d’affaires. Restez sobre et essayez de rencontrer des gens sans être lourd. Soyez vous-même, passionné et intéressé par les autres. Lorsque les gens posent des questions sur vous, montrez les disques que vous avez faits ou les clés USB que vous avez préparées. Regardez-les s’intéresser en retour. Cela permet d’établir des contacts.
  • Magasins : Un peu comme pour les festivals, vous pouvez emmener des disques au magasin. Certains accepteront de les prendre pour les vendre. Mais surtout, essayez d’y aller quand c’est occupé et de montrer que vous avez vos propres disques, vous serez entouré de DJs. Il y en a peut-être quelques-uns qui seront intéressés à écouter et qui sait, peut-être même à vous demander une copie.

Disposer d’un soutien solide.

Quand nous avions les netlabels, nous avions un label manager qui s’occupait du site web et des chaînes de promotion en ligne. Vous n’avez pas à tout faire vous-même. Certaines personnes sont vraiment enthousiastes à l’idée de participer à l’aventure et intéressées à faire quelque chose que vous ne voulez pas faire. Il peut s’agir d’une personne plus douée pour la communication, le marketing ou les médias sociaux. Faire équipe maintenant est en quelque sorte une répétition pour savoir quand vous pourriez transformer votre projet en un label (ce qui sera couvert dans la partie 2). Mais honnêtement, tout label à succès a toujours été l’œuvre de quelques esprits et pas seulement d’un seul.

La raison pour laquelle vous voulez qu’une deuxième personne vous aide est simple : il est plus facile de se vendre soi-même si quelqu’un d’autre le fait pour vous. Trouvez cette personne ou trouvez quelques personnes qui peuvent le faire pour vous. Ce sera vraiment utile pour votre projet.

Dans le prochain article, j’expliquerai les étapes pour transformer votre projet en label. J’expliquerai également comment j’ai créé un label dédié pour aider mes clients.