Checklist pour savoir si ma track est terminée
Alors que je travaillais activement sur mon live, je me suis rendu compte que j’utilisais une checklist personnelle pour savoir si ma track était terminée. Des petits détails aux gros morceaux, il est parfois facile d’oublier certaines choses. De la même manière que pour partir en voyage, vous voulez vous assurer d’avoir tout préparé avant de sortir du projet.
Cette liste de contrôle est ce que j’utilise personnellement avant de passer au mixdown. Vous verrez qu’il y a encore des points que j’aborde comme étant du pré-mixing, mais je ne passerai pas trop de temps là-dessus. Dans un article précédent, j’ai expliqué l’importance d’exporter les stems hors de votre projet une fois la production terminée. Cela libère l’utilisation du CPU, donne une sensation de légèreté, donne la possibilité de sauvegarder ou de collaborer et éventuellement de faire un peu de mix dans un autre DAW pour obtenir des textures différentes. Mais surtout, c’est une façon de se dire : « Ok, il est temps de passer à autre chose. »
Avez-vous besoin de tout contre-vérifier pour déclarer que c’est fini ? Non, pas du tout. Il ne s’agit que d’une aide pour vous aider à mieux voir tout ce qui pourrait être couvert (et je suis sûr qu’il me manque encore une ou deux choses là-dedans !)
Catégories de la checklist, par ordre d’importance :
1. L’accroche (idée principale, Hook)
C’est ici que tout commence et se termine. Commençons donc par nous poser ces simples questions :
- Quel est le hook principal de votre chanson ? Rappelez-vous, l’accroche est ce que quelqu’un chanterait à quelqu’un d’autre pour expliquer de quoi à l’air la chanson. Votre chanson n’en a peut-être pas (et c’est très bien aussi), mais l’accroche est l’un des principaux facteurs pour rendre une chanson mémorable et intemporelle.
- Quels éléments soutiennent le hook ? Une bonne accroche n’est souvent pas suffisante. Il est utile de la soutenir avec des sons en écho ou des petites bribes de mélodies secondaires.
- Est-ce que vous visez une structure pop ou un mantra répétitif ? Il peut aussi y avoir une zone grise qui combine les deux. Mais quel que soit votre choix, assurez-vous d’avoir une réponse claire.
2. Design sonore (Sound design)
C’est la section la plus importante pour moi et c’est habituellement là que je passe le plus de temps. J’ai ici des sous-catégories que je vais aborder.
- Quels sont la direction et le but de cette chanson ? Est-ce surtout pour destiné à être mixé (DJ) ou plus pour l’écoute ? Vinyle ou Spotify ? Chill, dancefloor ou expérimental ? C’est quelque chose qui peut parfois être bon de garder à l’esprit jusqu’à la toute fin où vous pourrez alors supprimer ou ajouter des détails qui changeront le tout.
- Quelle chanson ou quel artiste serait une référence ? Cela peut être ajouté directement dans une piste. Voir mon article précédent sur comment utiliser une piste de référence.
- Quel est le rapport entre éléments organiques et éléments synthétiques ? C’est un point auquel je pense en général au début, mais je serai également disposé à le réviser à la fin.
- Quelle est la tonalité principale de ma chanson ? Pas toujours indispensable si vous faites de la musique inharmonique. Mais il peut être intéressant de décider de la note fondamentale de la basse, du kick et des mélodies.
- Kick : le kick est-il en accord avec la mélodie ? Est-il compressé en sidechain avec d’autres sons qui rentrent en conflit ? Personnellement, j’essaye aussi d’avoir un kick différent de celui de ma track précédente. Le kick est le dernier élément à concevoir, car il est là pour soutenir et compléter l’ensemble du projet.
- Snare/clap : souvent aussi important que le kick, j’utilise habituellement un clap si ma dernière track avait un snare, pour alterner. Je vais aussi essayer de les superposer (layering). D’une chanson à l’autre, le son des percussions qui se produira sur les 2e et 4e temps devra varier selon mes goûts. Je veux essayer d’offrir différentes options pour quand je joue mes chansons en live ou en DJ set.
- Bass : est-elle en tonalité ? Est-elle en sidechain ?
- Melodie : c’est un peu difficile mais comme expliqué dans ma technique de production non linéaire, j’aime aller et venir dans la track pour voir si la mélodie a un impact, et si celui-ci est positif dans la durée. Trouver une mélodie est déjà assez difficile, mais la rendre agréable au fil du temps est un art en soi.
- Atmosphère : y a-t-il un arrière-plan dans ce titre ? Qu’y a-t-il en arrière-plan par rapport au premier plan ? J’aime utiliser des bus pour ça.
- Enregistrement : est-ce que j’utilise des enregistrements de terrain pour cela ?
- Textures : les textures sont-elles claires et audibles ? Ou est-ce plus subtil ?
- Quel est le rapport entre les sons répétitifs et les sons changeants ? Certaines personnes aiment toujours avoir le même clap à travers la chanson tandis que dans le Hip Hop, ils aiment souvent en changer. Y a-t-il une règle que vous voulez suivre ? Si oui, à propos de quoi ?
3. Le groove
C’est une section un peu moins condensée mais très importante si la chanson est plus percussive et pour le dancefloor.
- Le groove est-il emprunté à une chanson ou à un template de groove ? Est-il personnalisé ?
- Quelle est la signature du morceau ? Est-elle globale ou différente selon les parties ?
- Est-ce qu’il y a un groove global appliqué ou est-ce que ce morceau utilise plusieurs grooves selon les parties ?
- Exportez toutes les boucles de percussions en MIDI pour ajuster le groove.
- Qu’est-ce qui est répétitif et ce qui ne l’est pas ? Trouvez un équilibre sain entre les sons répétés à travers la chanson et d’autres sons qui changent sur 1-2-3-4 mesures.
- Y a-t-il un sidechain entre les pistes pour créer un effet de pompe subtil ou au contraire très présent ? Cela peut faire une différence.
- Quels sont les sons modulés ? C’est une des choses les plus importantes à faire si vous voulez que votre chanson soit plus organique que synthétique. C’est une chose de sélectionner les bons samples organiques, mais la façon dont vous les programmez sera cruciale pour l’impression générale. Souvent, l’oreille humaine est très sensible au mouvement, même si la musique est jouée en arrière-plan. Vous seriez surpris de ce que les gens remarquent et de ce qu’ils ne remarquent pas.
4. FX/RETOURS
L’utilisation des retours (sends) est cruciale pour donner une impression d’unité à la piste. L’une des erreurs les plus fréquentes que je vois de la part des nouveaux producteurs est d’utiliser plusieurs reverbs partout dans le projet au lieu d’en utiliser une seule comme send. J’utilise habituellement des sends multiples pour créer des effets 3D élaborés et sophistiqués pour les percussions et les mélodies. L’un des points les plus importants est de les utiliser avec soin, jusqu’à la fin.
- Cette chanson est-elle sèche ou plus chaleureuse ? Quelle place attribuer au reverb ?
- Quel type de réverbération est-ce que je veux pour cette piste ? Petite ou grande ? Les options sont le hall, room, plates, convolution et quelques autres.
- Qu’est-ce qui va avoir un effet 3D ? Vous ne voudrez peut-être pas mettre toute la chanson en 3D, car cela va à l’encontre de l’idée. Ce qui rend la chanson 3D, c’est la quantité de sons que vous mettez en plein dans la figure, par rapport à ceux que vous mettez en arrière-plan. Une combinaison saine des deux aura un meilleur effet.
- Un seul delay pour le projet ! Sur quelle signature ?
5. Structure/arrangements
J’ai fait référence à la structure comme des Legos dans un article précédent. Ils ont souvent la même façon d’être construits pour plusieurs raisons. C’est pourquoi une track de référence peut nous aider à briser nos idées narratives. Je recommande toujours de déposer des marqueurs dans les arrangements de cette façon : un au début, un à la fin et un au milieu. Cela établira ce que j’appelle des perspectives et vous aidera à voir si votre narration générale est équilibrée et si les choses sont bien organisées.
À partir du milieu, je poserais encore une fois un marqueur entre le début et le milieu, puis un dans la dernière partie. Votre chanson doit comporter 4 parties distinctes. Les sections 1-2 sont intro et outro. La partie du milieu est l’endroit où votre chanson se développe et existe.
- Est-ce que votre chanson a une intro/outro ? Commencez-vous immédiatement dans l’action ou développez-vous ?
- Combien d’espace avez-vous pour que le mix DJ ?
- Vos éléments mélodiques évoluent-ils correctement à travers chaque section ?
- Votre chanson a-t-elle au moins un développement, centre d’intérêt par section ?
- Est-ce que la chanson a une surprise importante environ aux 2/3 de sa longueur ? Je recommande toujours d’y réfléchir.
J’ai donc abordé les principaux points que je couvre habituellement. Je pourrais aller plus loin, mais c’est ce que vous verrez dans la production. Au-delà, nous tomberions dans le mix et c’est un tout nouvel article à venir.






Je pense que mes meilleurs lives étaient surtout bons parce qu’ils avaient un noyau autour duquel il y avait une certaine préparation, mais ils avaient aussi beaucoup de place pour improviser, dépendamment de la façon dont l’événement se déroulait. Ces sets étaient polyvalents ; je pouvais ouvrir une soirée avec eux ou jouer au peak time, surtout à cause de leur flexibilité. Ces sets étaient plus ou moins composés des mêmes morceaux, mais les variations seraient si faciles à interpréter à la volée que je pourrais vraiment suivre ce que je sens bien dans le moment. Je n’ai jamais vraiment compris l’intérêt d’avoir un set trop bien préparé. J’ai déjà essayé l’approche préparée auparavant et cela a rendu toute l’expérience ennuyeuse, parce qu’il n’y aurait pas eu de prise de risque. Elle semblait aussi déconnecter le public de l’écoute. Par exemple, imaginez que votre piste a été construite pour avoir une drop, un breakdown à un point précis et un moment de tension après, mais si la piste de danse commence juste à s’échauffer au drop, vous risquez de perdre l’attention des gens ou cela pourrait sembler déplacé.
Prévoyez deux variations de l’accroche avec des percussions complémentaires. Si vous écoutez un DJ set, surtout de la musique techno ou basée sur des loops, vous verrez que c’est surtout une boucle avec des variations. Essayez d’avoir des variations dans vos percussions, mélodies ou basses. De cette façon, vous pouvez basculer entre l’accroche et cette partie. Je vous encourage vraiment à écouter des DJ sets pour avoir des idées.
Je me suis récemment demandé quel sera l’avenir des labels. Les services de streaming remplacent-ils les labels ? Ou d’autres communautés ? Je dirige mon label
Ce qui est formidable dans cette initiative, c’est que les gens ont commencé à vraiment participer et à interagir, encore plus que je ne le pensais. C’était assez incroyable de voir certaines personnes unir leurs forces et collaborer, et de voir d’autres aider en donnant des conseils sur l’endroit où envoyer de la musique pour se faire signer. Cette communauté est devenue autonome ; elle fait ce que je faisais auparavant, par courriel. J’en ai été ravi !
Visuellement, c’est plus esthétique et plus facile à gérer, et en outre, vous pouvez également mettre des effets sur le groupe pour coller tous les sons ensemble — généralement, vous aurez besoin d’un compresseur et d’un ou deux égaliseurs pour un groupe relativement uniforme. Une fois que j’ai fait cela, j’ai l’habitude d’avoir un bus supplémentaire pour tous les sons (par exemple les groupes) qui collera tout le reste ensemble.
Si vous travaillez en mode arrangement, vous déposez des sons dans la piste et c’est un moyen facile de voir les layers. J’aime bien désactiver la grille pour faire cela, pour avoir un côté plus naturel.










Mixer visuel : C’est de la bombe dans Neutron 2, et pour cette seule fonctionnalité, j’achèterais toute la suite. Le mixer visuel vous permet de placer et de positionner vos pistes visuellement sur le spectre (volume, panning et width). C’est un bon processus, et la fenêtre d’édition est moderne et sci-fi. Si vous travaillez avec plusieurs pistes et que vous avez souvent des pistes mono, c’est tout simplement un ajout incroyable. Une des choses qui m’a époustouflée, c’est que vous pouvez automatiser le panning, ce qui ouvre les portes à de magnifiques options en matière de design sonore.
Gourmand pour le CPU : J’ai un MacBook récent, entièrement équipé pour la performance, et en exécutant plusieurs instances d’Ozone, mon écran entier a commencé à scintiller et à faire des glitchs étranges. Le support d’Izotope a prétendu que c’était probablement ma surcharge CPU, mais je n’utilisais que 5 instances Neutron et 1 Ozone 8, plus un mixer visuel. Si mon ordinateur sur mesure est durement touché par l’utilisation du CPU, imaginez comment l’utilisateur lambda va faire face à de telles demandes sur le processeur.
Il ne faut pas écarter les obstacles de notre chemin. Les obstacles sont le chemin. (Proverbe bouddhiste)
À bien des égards, la quantité écrasante de contenu à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui peut nous faire perdre de vue ce qui se passe. Les musiciens peuvent afficher une track la seconde après l’avoir terminée, et le monde entier peut potentiellement l’entendre en quelques minutes. Pourtant, le raz-de-marée de musique autoproduite est si grand qu’il est aussi plus difficile que jamais de se faire remarquer. Si vous êtes attentif et curieux, vous pouvez remarquer les nouvelles idées des gens, mais la question est maintenant : comment peut-on réellement suivre ?
Un jour, un de mes amis est venu chez moi et m’a fait écouter un album époustouflant de son cru. Nous avons rapidement commencé à parler de production et il m’a expliqué qu’il utilisait Cool Edit (un éditeur de son très simple qui au début des années 2000 n’était même pas considéré comme un DAW !) etaucun équipement. Aucun. Tout a été fait à partir de rien et avec beaucoup de patience. Honnêtement, il a changé ma perspective sur l’équipement pour toujours. Chaque fois que quelqu’un me dit qu’il a « besoin de ci » ou « besoin de ça » pour commencer à travailler sur sa musique, j’hurle « n’importe quoi ! » parce que je le sais et que j’ai entendu le contraire.